Publié le 30 mars 2017 à 21h25 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h30
A moins de quatre semaines du premier tour de l’élection présidentielle, arrivent en tête dans les sondages, l’indécision, le vote blanc. Cette échéance présentée comme majeure dans une République qui apparaît de plus en plus monarchique, risque de voir des taux d’abstention record.
Certes les sondages sont à prendre avec prudence, mais lors des rencontres quotidiennes avec les gens, on peut ressentir un désarroi important. La colère aussi et la tentation de choix conduisant à des impasses doit être évitée.
La crise de la politique est profonde. Le séisme de 2002 se transforme en abîme pour la démocratie. Le pire peut arriver de ce désintérêt pour les élections politiques. Mais dans le même temps le meilleur peut émerger si la politique retrouve ses lettres de noblesse. Le meilleur doit émerger, et le plus tôt sera le mieux, au risque de voir la domination de la finance entraîner des guerres dont les seules victimes seront les 99% de citoyennes et de citoyens qui possèdent une infime partie des richesses qu’elles et qu’ils ont contribué à créer.
Cette crise de représentation, qui d’ailleurs envahit toute la société, ne signifie pas un désintérêt pour la politique. L’exigence de transparence, de vertu, de cohérence, de participation s’accroît au rythme des affaires insolentes, indécentes qui nous écœurent.
Les citoyens ne veulent plus que leur pouvoir soit confisqué et que leur opinion ne soit pas respectée.
Le système des primaires, présenté comme le summum de la démocratie moderne, est mort-né par l’obstination d’un candidat élu dans ce cadre et mis en examen, par la multiplication des trahisons et autres retournements de veste y compris par ceux qui avaient juré devant la France, respecter le choix. On ne peut qu’être satisfaits d’enterrer cette parodie de démocratie. La France n’est pas les États-Unis. Même si, comme outre-Atlantique, la parole politique y est discréditée. Le présidentialisme a renforcé la crise de la politique. Le quinquennat de François Hollande a un peu plus creusé le fossé entre les citoyens et leurs représentants par le non-respect des engagements, la trahison des valeurs et des idéaux de gauche et par l’envoi d’un message dévastateur pour la démocratie : la politique serait impuissante devant l’économie et la finance. Or rien n’est plus faux.
Les plus grandes avancées sociales, démocratiques n’ont été obtenues que par la volonté politique, celle d’un peuple rassemblé, uni, pesant dans les rapports de forces.
Aussi faut-il bien identifier les causes d’une démocratie à l’agonie : la domination de l’argent et des intérêts particuliers portés par le libéralisme et ses relais. Nous sommes confrontés à une crise de confiance profonde à l’égard des institutions. C’est pourquoi nous devons engager un processus qui redonne du sens, de la confiance jusqu’à changer les institutions qui sont un carcan à déverrouiller.
La proposition d’une VIe République, portée par des forces politiques comme le PCF et par le candidat Jean-Luc Mélenchon, n’a pas pour but de changer de chiffre. L’ambition de cette nouvelle République est qu’elle soit pleinement assise sur une démocratie participative pour débarrasser notre pays et le monde de la domination des marchés financiers. Cette ambition appelle une véritable révolution citoyenne. Cette proposition vise une nouvelle Constitution avec un nouveau Pacte républicain fondé sur le respect effectif des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité. Un Pacte pour reprendre le pouvoir sur la finance et partager les richesses, pour un renouveau de la politique dans son contenu comme dans ses pratiques, pour sortir de l’austérité anesthésiante et investir pour l’avenir, pour l’égalité femmes hommes, pour une France solidaire qui protège et incite l’engagement, pour produire autrement en protégeant l’humain et l’environnement, pour changer l’Europe, pour contribuer à la paix sur l’ensemble de la planète.
La proposition mise en débat sur la place publique est que, parallèlement à l’élection de la future Assemblée nationale lors des législatives du mois de juin, soit lancé un processus Constituant pour élire une Assemblée constituante au suffrage universel, avec des élus distincts de l’Assemblée parlementaire, ayant pour mandat de rédiger un projet de Constitution nouvelle.
Dans ce débat souverain -qui va demander du temps, des moyens dans l’éducation populaire, pour créer les espaces de débats, de restitution des réflexions et propositions- les citoyens, les organisations sociales et politiques sont invités à inventer les bases d’une démocratie moderne renouvelée, une République qui soit un véritable Bien Commun, solidaire, qui respecte les citoyens, qui remette au cœur de la politique l’intérêt général et permette la mise en œuvre des décisions collectives.
Ce débat peut prendre des formes diverses à définir : assemblées populaires, états-généraux, forums citoyens…trouvant écho dans les médias. Ce processus n’est pas un énième club de pensée et de réflexions déconnecté des réalités et des exigences populaires, il doit permettre l’engagement, la participation, la mobilisation et les luttes populaires. A l’issue de ce débat national, première étape de réappropriation populaire de la politique, le projet de Constitution nouvelle serait voté par l’Assemblée constituante, puis soumis à référendum populaire.
Consacrons nos intelligences à cette construction stimulante et innovante, plutôt que de renoncer une nouvelle fois, en votant contre, ou par défaut. Notre responsabilité doit être à la hauteur du tournant de l’Histoire dans lequel nous sommes. Nos aînés de 1789 en ont eu la volonté, le courage et l’audace. Pourquoi pas nous ?
Jean-Marc Coppola est Conseiller municipal PCF – Front de gauche, de Marseille, ancien vice-président de la Région, membre du Collectif « Le train, un investissement d’avenir »