5e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence: Beatrice Rana varie avec souplesse les « Variations Goldberg » de Bach

Publié le 17 avril 2017 à  21h56 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  16h02

Beatrice Rana, impériale et poète du piano dans les
Beatrice Rana, impériale et poète du piano dans les

Tout d’abord une légende qui comme toutes les légendes sont faites pour durer et susciter l’imagination : le dédicataire des «Variations Goldberg» de Bach serait un certain Jonathan Gottlieb Goldberg (1727-1756), jeune claveciniste de talent censé jouer pour Hermann Karl von Keyserling (1696-1764), un conte souffrant d’insomnie. La vérité semble tout autre, puisque le titre original ne comporte pas le nom Goldberg, cette histoire ayant été inventée par le premier biographe de Bach, Nikolaus Furkel, qui l’a insérée dans un récit puissamment romanesque. Quoi qu’il en soit ce sont doc des « Variations Goldberg » que l’on joue et qui suscitent un enthousiasme toujours plus prenant depuis que Glenn Gould les a enregistrées en deux occasions. Aujourd’hui c’est Beatrice Rana qui s’est lancée dans l’aventure. Et de quelle manière ! Au disque et sur scène, les Aixois ayant pu l’applaudir au Jeu de Paume dans le cadre du 5e Festival de Pâques. Face à cet océan de notes, (32 variations qui s’enchaînent) il y a deux attitudes possibles : une qui propose une interprétation analytique de l’œuvre, avec le risque de vite se répéter dans une suite mécanique, et l’autre qui fidèle à la partition se garde de toute austérité ou rigidité excessive. C’est ce parti-pris suivi par Beatrice Rana, pianiste italienne spécialiste de Chopin, Tchaïkovski, Prokofiev qui se fond dans Bach avec aisance et fluidité. La grande réussite de son concert donné dans l’écrin du Jeu de Paume est d’avoir permis d’écouter les multiples changements de rythme imposés par la partition débarrassés de l’esprit mathématique sous-tendant trop souvent le jeu des pianistes «goldbergtiens». Couleurs, et refus de grandiloquence, on perçoit chaque rupture, enchaînement, ou rappel du contrepoint, comme si l’on avait un orchestre complet aux multiples familles d’instruments. Une performance saluée par des applaudissements nourris et des ressentis unanimement enthousiastes des spectateurs.
Jean-Rémi BARLAND

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