Publié le 26 avril 2017 à 22h59 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 16h03
Une exoplanète est une planète en orbite autour d’une étoile autre que le Soleil. La première exoplanète a été découverte en 1995 à l’Observatoire de Haute Provence, grâce au spectrographe Élodie conçu par André Baranne, astronome à l’Observatoire de Marseille. Les découvertes se sont multipliées depuis et on en connait aujourd’hui plus de 3000. La question que tout le monde se pose est : « Peut-il y avoir de la vie sur ces exoplanètes ? ».
Cette question prend un intérêt tout particulier avec la découverte récente d’une exoplanète en orbite autour d’une étoile de type naine rouge [[Une naine rouge est une étoile plus petite et moins chaude que le Soleil (sa température de surface est d’environ 3 500°C contre 5 500°C pour le Soleil).]] située à 40 années lumière de la Terre qui pourrait bien remporter le titre de «meilleure candidate pour la recherche de traces de vie au-delà du Système Solaire».
C’est une équipe internationale d’astronomes (parmi lesquels François Bouchy, du Laboratoire d’Astrophysique de Marseille affilié à Aix Marseille Université) qui l’a découverte, dans la constellation de la Baleine, au moyen de l’instrument HARPS de l’ESO (European Southern Observatory) à l’Observatoire La Silla [[L’ESO (European Southern Observatory) est un organisme européen créé en 1962 et dont les principaux partenaires sont la France et l’Allemagne. Son siège administratif est à Garching (près de Munich) et l’ESO gère plusieurs télescopes installés au Chili. L’observatoire de La Silla est le premier qui a été construit par l’ESO, en 1964, à 600 km au nord de Santiago, la capitale du Chili.]] et d’autres télescopes disséminés sur Terre. Cette exoplanète est d’autant plus intéressante que son orbite se situe au sein de la zone habitable de l’étoile LHS 1140 [[On appelle « zone habitable » la zone autour d’une étoile dans laquelle la vie pourrait se développer. Ni trop près de l’étoile, pour ne pas être grillé, ni trop loin, pour ne pas être gelé… Autour du Soleil par exemple, cette zone s’étend en gros de l’orbite de Vénus jusqu’à l’orbite de Mars et la Terre est pile au milieu.]]. Cette exoplanète (baptisée LHS 1140b) a un diamètre égal à 1,4 fois celui de la Terre et une masse 7 fois supérieure à celle de la Terre, elle est donc beaucoup plus dense et a probablement retenu une large part de son atmosphère. Ces éléments, ajoutés au fait qu’on la voit passer régulièrement devant son étoile, en font l’une des cibles les plus prometteuses pour les études atmosphériques à venir.
En effet, son orbite nous apparaît de profil depuis la Terre et, tous les 25 jours, cette exoplanète passe devant son étoile, bloquant alors une fraction de la lumière qui nous en parvient. Bien que la distance séparant LHS 1140b de son étoile soit dix fois inférieure à la distance Terre-Soleil, LHS 1140b ne reçoit que la moitié de l’ensoleillement terrestre et occupe le centre de la zone habitable. La vie telle que nous la connaissons exige la présence d’eau liquide en surface ainsi que l’existence d’une atmosphère planétaire. Dans le cas présent, la planète arbore des dimensions suffisamment vastes pour qu’un océan de magma ait pu couvrir sa surface, des millions d’années durant. Cet océan de lave en fusion a pu enrichir l’atmosphère en vapeur qui, après que l’étoile soit entrée dans son actuelle phase évolutive – calme, se serait condensée en eau liquide à la surface de la planète.
Michel MARCELIN, Directeur de recherche CNRS – Laboratoire d’Astrophysique de Marseille