Publié le 4 mai 2017 à 0h46 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h30
Que dire du débat du second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen? Long, poisseux, le pire que l’on ait connu sous la Ve République. Inspirée par Donald Trump Marine Le Pen a quasi totalement abandonné le terrain du programme pour ne s’en prendre qu’à celui de son adversaire. Et, lorsque cela ne suffisait pas, elle s’en est pris au bilan du quinquennat Hollande, de celui de Sarkozy si nécessaire, en poussant jusqu’à celui de Jacques Chirac. Le tout entrecoupé de mantras nocifs, répétés jusqu’à plus soif: attaques contre les étrangers, l’Europe, la mondialisation… Il ne manquait même pas la thèse du complot, du pilotage, par Hollande, par les « puissants ». Qualifiant tout au long du débat Emmanuel Macron de « soumis », comme autant de clins d’œil aux insoumis. Sans ignorer les cadeaux qu’elle dit vouloir faire aux travailleurs français: Baisse des impôts, défiscalisation sans expliquer comment elle entendait les financer. Trumpiste, elle n’a cessé d’être dans le dérapage contrôlé. Et, si la marche est trop grande pour jouer la victoire, elle veut que l’écart soit le plus réduit possible pour devenir le parti de l’opposition. En face, Emmanuel Macron n’a eu de cesse de mettre la priorité sur son programme, avant de lancer: «Je ne veux pas pour la France des profiteurs de l’échec, des exploitants de la colère…» Marine Le Pen a fait le pari d’un électorat français pouvant réagir comme celui des États-Unis. Mais, dans ce pays de la vieille Europe la culture politique reste toute autre.
Michel CAIRE