Cinéma – « Les hommes du feu » de Pierre Jolivet : « Les pompiers font partie de ma vie »

Publié le 27 juin 2017 à  17h25 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  16h56

Accompagné de l’acteur Michaël Abiteboul le cinéaste Pierre Jolivet est venu présenter, en avant-première, au Cézanne d’Aix son film « Les hommes du feu ». L’occasion pour lui de dévoiler: «Les pompiers font partie de ma vie»

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Accompagné de l’acteur Michaël Abiteboul le cinéaste Pierre Jolivet est venu présenter en avant-première au Cézanne d’Aix son film
Accompagné de l’acteur Michaël Abiteboul le cinéaste Pierre Jolivet est venu présenter en avant-première au Cézanne d’Aix son film

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. La télé à cette époque-là proposait tous les mardis soirs une émission intitulée «Les dossiers de l’écran» où l’on invitait les téléspectateurs à débattre sur sujet de société à l’issue d’un film projeté en guise d’illustration. Des soirées mémorables donc, même si le long métrage servant de support n’était pas toujours à la hauteur artistique souhaitée. D’une certaine manière nous avons revécu cela l’autre soir au cinéma Cézanne d’Aix avec l’avant-première du film «Les hommes du feu » réalisé par Pierre Jolivet. Accompagné de l’acteur Michaël Abiteboul le cinéaste, auteur entre autres de «Ma petite entreprise» s’est longuement entretenu avec le public présent de la Genèse du projet et de sa volonté de rendre ici un hommage aux combattants du feu. «Les pompiers font partie de ma vie , expliqua-t-il, ce sont des gens ordinaires qui font des choses extraordinaires ». Dont acte, et on confirmera l’humble loyauté avec laquelle Pierre Jolivet s’est emparé de la problématique soulevée par le scénario, (véritable plongée au cœur d’une société courageuse) et son aptitude à se croire plus grand que les héros mis en scène. Cela ne suffit pas hélas pour signer un grand film. Dans «Raymonde» une de ses chansons subtiles, Maxime Le Forestier expliquait que si on féminisait le mot «Monde» en l’appelant Raymonde, «ça ferait peut-être une rime mais ça ferait pas une solution». A l’exception d’une scène hallucinante de précision et d’intensité visuelle (celle de l’incendie en lui-même) on pourrait renvoyer Pierre Jolivet au texte de Maxime Le Forestier. C’est là que la comparaison avec les «Dossiers de l’écran» trouve tout son sens. Le film enchaîne, additionne, les clichés, et sorte d’hagiographie des pompiers en mouvements déçoit par son manque de surprises, et son aspect convenu. Pierre Jolivet n’a pourtant oublié aucun élément pour signifier sa connaissance du sujet : ni l’arrivée d’une femme dans la caserne provoquant des excès de machisme, (Émilie Dequenne dans le rôle de Béatrice se démène pourtant pour faire exister son personnage qui comme les autres n’est qu’un discours), ni la «traque» d’un petit pyromane, fils du maire du village, enfant adopté et maltraité, ni la scène où les pompiers se font caillasser dans une cité difficile, ni l’accouchement d’une femme en plein camion, sans oublier la scène de l’accident de voiture sous la pluie dont la gestion par les pompiers aura des retombées dramatiques. Les acteurs, Roschdy Zem en tête, font ce qu’ils peuvent et se débrouillent plutôt bien. Mais leurs dialogues sont à ce point des récitations de belles intentions humanistes qu’ils en deviennent plats. La réalisation guère brillante non plus, se situe au niveau d’un honnête téléfilm français comme on en voit à longueurs d’années sur le petit écran, Pierre Jolivet n’étant pas (et ce n’est pas lui faire ici injure) de la trempe de Milos Forman et de son « Au feu les pompiers». Pourtant ce fut une soirée sympathique, dont l’intérêt se situa plus dans la salle que sur l’écran. Les témoignages des Aixois furent assez touchants, et on notera la présence aux côtés de Pierre Jolivet de bon nombre de soldats du feu, dont un haut gradé, responsable de région, qui offrit même un casque de pompier à Pierre Jolivet. Et puis reconnaissons que ces hommes du feu méritent plus que des éloges, et des accents de sincérité pour leur courage et leur travail admirable. Mais question cinéma c’est autre chose. On ne va pas vous refaire le coup de «Raymonde» du cher Maxime, et la référence aux dossiers de l’écran. Et pourtant on y songe !!!
Jean-Rémi BARLAND
« Les hommes du feu » de Pierre Jolivet, avec Roschdy Zem et Emilie Dequenne. Au cinéma le 5 juillet.

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