Publié le 2 juillet 2017 à 19h28 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 16h56
La Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation exprime sa profonde tristesse et sa vive émotion après la disparition de Simone Veil. Mais elle souhaite aussi s’inspirer de son exemple pour surmonter ces sentiments et renforcer une détermination sans failles pour lutter contre l’injustice et l’intolérance au nom d’un humanisme engagé. C’est dans son expérience fondamentale des camps nazis que Simone Veil a forgé sa combativité face aux extrémismes qui menacent l’humain dans l’homme. Son courage pour défendre les droits des femmes rejoignait en cela sa volonté de construire une Europe démocratique contre les nationalismes et sa détermination à transmettre la mémoire du pire de l’expérience humaine. Simone Veil craignait un oubli ou une banalisation de la Shoah qui affaibliraient la transmission de ses leçons. Mais elle ne désespérait pas de l’homme – «Je crois, toujours, que cela sert à quelque chose de se battre. Et quoi qu’on dise, l’humanité, aujourd’hui, est plus supportable qu’hier». Cette grande perte pour l’humanité, comme celle d’Elie Wiesel et d’autres grandes figures de la déportation et de la résistance (comme le décès récent du Lt. Colonel Louis Monguilan, cofondateur du Site-mémorial) confirme la nécessité pour notre société de faire face à la disparition des grands témoins de cette expérience inouïe. Doivent alors être développés, comme au Camp des Milles, les rares lieux-témoins qui prennent le relais des témoins, les lieux qui montrent jusqu’où peuvent conduire les engrenages fatals et comment les crispations et les extrémismes identitaires en sont l’aliment puissant. A titre personnel comme en tant que Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Simone Veil a fermement soutenu cette
approche moderne, humaniste, volontariste et citoyenne développée voulue par les porteurs du projet de mémorial du Camp des Milles. C’est un prologue de Simone Veil qui introduit l’ouvrage : «Pour Résister à l’engrenage des extrémismes, des racismes et de l’antisémitisme » (Alain Chouraqui dir, aux Éditions Cherche Midi). Et elle écrivit lors de sa visite au camp : «Depuis le Camp des Milles, plus de 2 000 Juifs ont été déportés à Auschwitz où ils ont trouvé la mort pour la plupart d’entre eux. Il reste beaucoup de souvenirs ici et aussi des témoignages artistiques (…) Nous devons en tirer une leçon, pour que cela ne puisse jamais se reproduire. C’est pour cela que nous avons le projet de transformer cette usine désaffectée ou qui va bientôt l’être en un lieu d’histoire mais aussi de pédagogie. Pour que l’on n’oublie pas.»
Des mots et un moment forts que n’oublie pas Alain Chouraqui, Président de la Fondation : « Lorsque Mme Simone Veil est venue visiter le Camp des Milles en 2003, c’est le souci de la mémoire, de la transmission et de l’éducation des jeunes qui l’animait, par-delà l’émotion partagée. Je n’oublierai jamais l’accolade puissante qu’elle m’accorda au sortir des lieux d’internement, avant même la fin de sa visite. Un geste dont la force affective et symbolique m’a accompagné depuis lors, et soutenu en particulier durant les neuf années qui nous séparaient encore de ce qu’Elie Wiesel appelait en 2006 « un acte pur », mot que j’ai aussi reçu de lui comme une transmission
émouvante : la réalisation d’un Site-mémorial au Camp des Milles. Simone Veil restera un repère essentiel, une grande conscience qui a sa place au Panthéon de notre Nation et de l’humanité, et qui, ici, continuera d’inspirer tous les membres de la Fondation du camp des Milles Mémoire et Éducation, de son Conseil d’administration, de son Conseil scientifique et de son personnel. Un hommage solennel lui sera rendu sur le Site, tourné vers la jeunesse qu’elle avait toujours à l’esprit. Puissions nous être toujours fidèles aux combats quelle a menés pour que nous vivions tous libres et dignes face aux discriminations antisémites, racistes et sexistes».