Publié le 3 juillet 2017 à 21h03 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h46
Une chose est -presque- certaine, la production de «Carmen » au Grand Théâtre de Provence devrait faire parler d’elle. Tout comme la majorité des œuvres travaillées scéniquement par Dmitri Tcherniakov à qui l’on doit le très controversé «Don Giovanni» de 2010 à l’Archevêché, repris en 2013. Un metteur en scène qui, dans sa note d’intention, écrit : «Aujourd’hui, on a besoin de croire à cette histoire et de comprendre en quoi elle se rapporte à nous. Aussi ce spectacle parlera-t-il de nos contemporains : émotionnellement désabusés, nourris d’expériences environnantes amères, remplis de désespoir et d’ironie. Ils n’ont aucune innocence, ils ne sont pas dans une ignorance bienheureuse, ils comprennent à quelle histoire ils prennent part. (…) Les personnages de notre spectacle ne sont pas exactement les héros de l’opéra Carmen, mais c’est en se retrouvant à l’intérieur de cette histoire célèbre qu’ils se laisseront peu à peu emporter par elle et qu’ils commenceront à la vivre intensément. L’histoire de Carmen deviendra alors pour eux la meilleure des thérapies. » Foin d’espagnolades et de robes andalouses : arrivez en ayant oublié toutes vos références… Alors il nous a semblé intéressant de nous tourner vers Pablo Heras-Casado, le directeur musical, tenant de la rectitude de la partition qui nous a confié sans détours son sentiment à propos de la mise en scène de Tcherniakov. «Ce qu’il fait est très intense, très dramatique. C’est du grand théâtre musical sans aucun moment décoratif, avec une dramaturgie forte. C’est différent et intelligent… » Un sentiment d’autant plus positif que : «Dmitri aime et respecte la musique. Nous formons un duo très heureux, chacun respectant et facilitant le travail de l’autre… » Et le maestro de poursuivre : «Il ne faut pas voir des idées fixes ; il faut aller au-delà du formalisme. C’est ce qui m’intéresse. Sinon on est mort . Et ce qui est vrai pour l’opéra l’est aussi pour le concert. Il faut chercher de nouvelles voies dans la musique, c’est ce qui lui permet de vivre. » Pour baisser le rideau sur la présente édition du Festival, Pablo Heras-Casado sera là, à la tête de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée qui, depuis quelques années, a intégré l’Académie. « C’est un plaisir de travailler avec ces musiciens. Il y a trois ans, Bernard Foccroulle m’avait déjà proposé de la faire. Mais c’était impossible. Cette année c’est plus simple. Je pense qu’Aix est l’épicentre de la Méditerranée et qu’il n’y a pas de meilleur endroit pour accueillir et faire travailler cet orchestre. Ce qui m’importe, au-delà de leur niveau, c’est de faire passer un message auprès des instrumentistes, celui de la passion. Sans passion on ne peut rien faire. Elle ouvre les oreilles, le cerveau, le cœur.» En attendant, Pablo Heras-Casado retrouve régulièrement la partition de Bizet et à en croire la qualité de sa prestation en plein air pour PARADE(S) il y a quelques jours sur le cours Mirabeau, il devrait exceller pour cette production festivalière de «Carmen».
Michel EGEA
«Carmen» de Bizet. Avec : Stéphanie d’Oustrac, Michael Fabiano, Elsa Dreisig, Michael Todd Simpson, Gabrielle Philiponet, Virginie Verrez, Christian Helmer, Pierre Doyen, Guillaume Andrieux, Mathias Vidal ; orchestre de Paris, Chœur Aedes et Maîtrise des Bouches-du-Rhône. Au Grand Théâtre de Provence les 4, 6, 8, 10, 13, 15, 17 et 20 juillet à 19h30. Réservations à La Boutique du Festival, Palais de l’Ancien Archevêché, Tél. 08 20 922 923 (12 cts/mn) www.festival-aix.com