Publié le 6 juillet 2017 à 8h24 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 16h56
Succédant au « Don Giovanni » quinquagénaire mis en scène par Dmitri Tcherniakov en 2010 et 2013 sur cette même scène de l’Archevêché, c’est un séducteur pas encore trentenaire qui vous donne rendez-vous cette année en la personne du Canadien Philippe Sly, tout juste âgé de 28 ans.
Un peu jeune pour incarner Don Giovanni, non ? «Vous savez, nous répond Philippe Sly avec ce sourire dont il ne se départit jamais, Casanova ou Da Ponte n’ont pas attendu d’avoir un âge mûr pour devenir séducteurs. Lorsque j’ai lu le Dom Juan de Molière je me le suis représenté très jeune, de façon immédiate et naturelle. Dom Juan est un personnage qui vit son désir sur le moment en étant incapable de conceptualiser le passé et le futur. En ce sens, l’âge n’a aucune importance. Puis, au 18e siècle, à 28 ans on avait déjà beaucoup vécu… » Sa première participation au Festival d’Aix, le baryton basse d’Ottawa la vit plutôt bien. «J’étais déjà venu une fois à Aix avec mes parents. Nous étions en vacances du côté de Saint-Rémy-de-Provence. Pour l’heure je n’ai pas eu de temps pour faire du tourisme. En fait, on est tellement fixés sur les répétitions qu’il n’y a pas de possibilité de vie sociale jusqu’après la première.» Il est une chose qui l’a particulièrement frappé : «C’est la qualité des relations avec l’administration du festival. Ils sont tellement humains et présents au quotidien.» Voilà qui est dit et devrait faire plaisir à quelques un(e)s !
C’est donc à l’Archevêché, «un lieu très particulier» que Philippe Sly embrassera le rôle de Don Giovanni pour la première fois de sa carrière.
«Cette production, c’est comme une pièce de théâtre de Shakespeare.
Jean-François Sivadier, le metteur en scène, nous demande de jouer le contexte sans surjouer la psychologie qui peut être subjective et infinie. Il faut jouer le moment à fond ce qui permet un jeu brillant et vif. Il faut aussi oublier toutes les références. Comme c’est mon premier Don Giovanni, c’est facile pour moi.» Et la musique dans tout ça ? «Nous avons eu la première répétition avec orchestre et c’est fabuleux car le chef, Jérémie Rhorer, s’est dévoilé à cette occasion. Il a du style et fait travailler les interprètes sur les nuances. C’est assez génial. En fait nous sommes comme une troupe qui a débuté un trajet dont le point final sera la dernière représentation.» Philippe Sly est aussi attaché à la musique contemporaine et nous confie qu’il sera de la création de trois opéras en cours d’écriture. C’est en écoutant Bach et ses Variations Goldberg qu’il est tombé amoureux de la musique. Ses parents, tous deux militaires, l’ont accompagné dans sa formation musicale : opérette avec enfants, chorale, chœur dans «Les Misérables», auditions, quatre ans d’université et, à 21 ans, il gagne le concours de chant du Met à New-York puis intègre les ateliers des opéras de Toronto et San Francisco… Parcours express pour un garçon qui ne manque ni de personnalité, ni de qualités vocales. Vous en doutez ? Alors venez découvrir son Don Giovanni à l’Archevêché…
Michel EGEA
«Don Giovanni» de Mozart. Direction musicale : Jérémie Rhorer – mise en scène : Jean-François Sivadier. Avec : Philippe Sly, Nahuel di ïerro, Eleonora Buratto, Pavol Breslik, Isabel Leonard, Julie Fuchs, Krzysztof Baczyk, David Leight, l’ensemble English Voices et Le Cercle de l’Harmonie. Les 6, 8, 10, 13, 15, 17, 19 et 21 juillet à 21h30 au Théâtre de l’Archevêché. Réservations à La Boutique du Festival, Palais de l’Ancien Archevêché, Tél. 08 20 922 923 (12 cts/mn) festival-aix.com