Publié le 9 juillet 2017 à 12h32 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 16h57
Le Préfet de Région Stéphane Bouillon est intervenu devant les conseillers régionaux de Provence-Côte d’Azur ce vendredi 7 juillet lors de la plénière de l’institution régionale «pour l’exercice auquel j’attache beaucoup d’importance au nom de la démocratie locale, de présentation du bilan d’activité de l’État pour l’année 2016», indique-t-il. Le code général des collectivités territoriales dispose en effet que le représentant de l’État présente chaque année au conseil régional, un rapport sur l’activité des services de l’État. Au-delà, le Préfet a profité de l’occasion pour annoncer que l’État faisait appel de la décision du Tribunal Administratif dans le cadre de la Centrale biomasse de Gardanne «pour erreur manifeste dans l’utilisation des forêts. Il y a dans la région une capacité en bois sur pied et de récupération de bois en usagé pour faire fonctionner cette unité. Par ailleurs, nous travaillons avec les collectivités, les propriétaires, les organisations syndicales, les associations pour que la fin de la centrale à charbon se passe dans les meilleures conditions». Il a également abordé le dossier Alteo: «Des étendues vertes apparaissent là où a lieu l’épandage des poussières. On pose du polymère pour empêcher l’envol des poussières et un travail est mené pour réutiliser ses poussières. Alteo a présenté plusieurs pistes. Concernant les rejets en mer, les analyses effectuées montrent que nous sommes au-dessous des chiffres de la dérogation que j’avais acceptés et se rapproche des chiffres de la réglementation européenne. Nous avons donc bon espoir de résoudre ce dossier ».
Stéphane Bouillon évoque ensuite les raisons de sa présence: «La France a intérêt à une région Paca prospère, équilibrée, à la fois la porte d’entrée du Sud de l’Europe et une vitrine de notre pays». Revient sur les nombreux atouts de la région «elle peut être une sorte de Californie française» mais aussi ses faiblesses: «elle est une de celles où l’on trouve le taux de chômage le plus élevé, où les inégalités salariales sont parmi les plus fortes, où le logement est rare et cher, où près de 17% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, où on se déplace avec difficultés…».
L’État doit agir pour l’économie régionale
Dans ce contexte point de surprise si l’économie est placée en premier. «L’état doit, comme les collectivités locales et en premier lieu la Région, agir pour l’économie régionale (…) Cela suppose de briser ses frontières internes, de lutter contre les égoïsmes et le conservatisme qui la feront décliner, si on n’y remédie pas face à la concurrence de Lyon, Paris, Barcelone, Gênes, Turin, Algésiras… C’est le sens des récentes évolutions institutionnelles». Aborde les contrats de plan État-Région, considérant: «2016 a été marquée par la négociation fructueuse d’un avenant majeur qui a permis de mobiliser 116 millions d’euros supplémentaires, à parité État-Région. Il a également permis de finaliser les accords avec l’ensemble des départements de la Région et les métropoles qui ont ainsi rejoint le contrat de plan et de porter la contribution totale de ces collectivités à plus de 430 millions. Ce sont donc plus de 2, 232 milliards d’euros qui sont consacrés à l’aménagement et au développement du territoire en Provence-Alpes-Côte». Trente quatre millions sont consacrés à l’emploi des jeunes et 394,5 millions sont dédiés à consolider l’économie de la connaissance et les filières stratégiques. Il met l’accent sur l’investissement de l’État dans la Société d’accélération de transfert de technologie (SATT). «En 2016 elle a notamment permis la déclaration de 98 inventions, le dépôt de 40 titres de propriétés industrielles, la création de 2 start-up et a pu faire valoir un chiffre d’affaires de 933 000 euros». Il n’omet pas de parler du technocentre du projet Henri-Fabre, s’arrête sur les PME-TPE: «Elles représentent 52% des entreprises de notre Région» et souligne l’impact de la French-Tech.
Puis le Préfet parle de l’importance d’un aménagement équilibré du territoire. «Si près de 80% de la population de la Région est concentrée dans les 4 grandes aires urbaines que sont Aix-Marseille, Nice, Toulon et Avignon, pour autant les territoires ruraux ne sont pas en déclin. Les communes rurales ont même doublé leur nombre d’habitants entre 1960 et 2011. L’État agit donc pour permettre la création de services et d’infrastructures dans ces zones. Cela passe notamment par les contrats de ruralité». Insiste sur l’aide à l’agriculture avant d’en venir aux enjeux environnementaux: «Les espaces naturels couvrent les 3/4 du territoire, la biodiversité y est la première de France, il est même identifié parmi les 34 Hot Spots mondiaux en matière de diversité terrestre. L’État intervient en partenariat avec la Région pour préserver cette biodiversité».
La Région souffre d’un retard important dans le développement des infrastructures et des services de transports
Le Préfet constate que Paca «souffre d’un retard important dans le développement des infrastructures et des services de transports». «Le volet mobilité du Contrat de Plan à l’issue de son avenant de 2016, souligne-t-il, apporte un certain nombre de réponse en la matière, forts des 1,5 milliard d’investissements qu’il permettra à terme». Et de rappeler la ligne nouvelle Provence-Côte d’Azur, la modernisation de la ligne Aix-Marseille. «Les réseaux routiers sont quant à eux saturés, engendrant des temps de trajet bien au-dessus de la moyenne nationale, une pollution atmosphérique majeure ainsi qu’une accidentologie 1,5 fois supérieure à la moyenne nationale». Pour y remédier il cite, la première partie de la L2 à Marseille, les voies bus sur autoroute, l’amélioration de la desserte de Dignes, la mise en service du nouveau tunnel du Chambon, le projet de liaison est-ouest desservant le nord des Alpilles et Avignon jusqu’aux portes du Gard.
Le propos du Préfet le conduisent à la cohésion sociale et l’égalité des chances: «Paca est la troisième région de France la plus touchée par la pauvreté et les inégalités sociales». En matière de formation il mentionne à ce propos la réflexion engagée, avec la Région, pour renforcer la cohérence de la carte des formations sur chaque territoire. Insiste sur la liaison entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur. «Une action doit être menée pour renforcer l’accompagnement des élèves vers des études post-bac», estime-t-il. Il soutient également l’idée de travail en commun pour l’accès des jeunes à la culture. Ainsi une convention régionale de développement de l’éducation artistique et culturelle a été signée en juillet 2016 à Avignon. «Dans le même temps, 8 conventions territoriales d’éducation artistiques et culturelles ont été signées, intégrant le cas échéant les contrats de ville ou les contrats territoire lecture. Trois conventions avec le Mucem, le Festival d’Avignon et le Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence ont également été signées pour développer un travail de proximité».
«Un quartier de la politique de la ville sur 10 de France métropolitaine est en Paca»
Il poursuit avec la politique de la ville: «Un quartier de la politique de la ville sur 10 de France métropolitaine est en Paca». L’enveloppe pour la Région a été de 27M€. Et le nouveau plan national de rénovation urbaine arrêté par l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine consacre 97,2M€ aux 23 quartiers d’intérêt régional de Paca. «Ils’inscrit dans un partenariat fort avec la Région qui devrait aboutir cette année à la signature d’une convention de partenariat pour soutenir de nouveaux projets». Dans le même temps, ajoute-t-il: «La région connaît un grave déficit en termes de logements. Chaque année elle a un besoin de 36 000 logements à construire alors que seuls 25 000 logements sont mis en chantier. Pour ne parler que de logements sociaux, on sait le triste record de la Région en termes de communes carencées au titre de la loi SRU. Pourtant l’année 2016 a été exceptionnelle en la matière, avec l’agrément de près de 12 500 logements sociaux. L’État a combiné mobilisation du foncier public en faveur du logement, actions menées auprès des communes carencées avec la signature de contrats de mixité sociale et actions innovantes». L’égalité des chances, pour le Préfet «c’est également l’égalité de l’accès aux soins». Et de signaler l’ouverture de Maisons de santé dans les zones rurales mais aussi en zones urbaines pour renforcer l’accès aux soins des personnes précaires. Il met aussi en exergue les actions à mener pour l’égalité entre les femmes et les hommes. «Le travail à accomplir est énorme», juge-t-il.
Enfin, le Préfet Bouillon aborde la modernisation de l’État: «Nos services se sont profondément réorganisés au niveau régional au premier janvier 2016 sur la base de deux grands pôles: celui des politiques publiques, qui coordonne l’ensemble des service régionaux de l’État et celui de la modernisation et des moyens».
Michel CAIRE