Cinéma – « Le sens de la fête » d’Eric Toledano et Olivier Nakache : Voyage au pays de la bienveillance et de l’optimisme

Publié le 9 juillet 2017 à  16h57 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  16h57

Les réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache et l’acteur Jean-Pierre Bacri ont présenté en avant-première au Cézanne d’Aix-en-Provence « Le sens de la fête » qui sortira le 4 octobre prochain

Olivier Nakache, Jean-Pierre Bacri et Eric Toledano lors de la présentation en avant-première du film
Olivier Nakache, Jean-Pierre Bacri et Eric Toledano lors de la présentation en avant-première du film

Le film s’appelle «Le sens de la fête», mais il pourrait s’appeler «Cuisine et dépendances » du nom de la pièce que Jean-Pierre Bacri écrivit en compagnie d’Agnès Jaoui et qui connut le succès que l’on sait. On y parle en effet de cuisine, le lieu et le menu, les plats et la structure, tout autant que les relations nourrissant les liens entre les personnes s’y croisant. Deux heures durant c’est surtout un bonheur de film où les réalisateurs Olivier Nakache et Eric Toledano s’en donnent à cœur joie pour raconter l’épopée d’une équipe de professionnels travaillant dans l’entreprise dirigée par Max, traiteur de luxe devant en l’occurrence assurer dans un château du XVIIe siècle, le mariage d’un certain Pierre qui a invité plus de 200 personnes pour célébrer son union avec Helena. Un être lunaire que ce jeune marié, aérien, même au sens presque étymologique du terme (je vous laisse découvrir pourquoi), et qui ayant tout planifié a mis la pression sur Max et ses employés. S’ensuit une comédie de mœurs où chacun devra montrer ses capacités d’adaptation. Car rien, bien sûr, (élément fédérateur d’une narration où les éléments perturbateurs enrichissent l’intrigue) ne se passera comme prévu. Comme d’habitude, Max a tout coordonné : il a recruté sa brigade de serveurs, de cuisiniers, de plongeurs, il a conseillé un photographe, réservé l’orchestre, arrangé la décoration florale, bref tous les ingrédients sont réunis pour que cette fête soit réussie… Mais la loi des séries va venir bouleverser un planning sur le fil où chaque moment de bonheur et d’émotion risque de se transformer en désastre ou en chaos. Des préparatifs jusqu’à l’aube, nous allons vivre les coulisses de cette soirée à travers le regard de ceux qui travaillent et qui devront compter sur leur unique qualité commune : le sens de la fête. Au terme de la projection c’est un public du Cézanne en liesse qui a fait un triomphe aux deux réalisateurs et à Jean-Pierre Bacri à qui, il a réservé une standing-ovation des plus méritées. Film choral, rythmé en diable, «Le sens de la fête» offre à des acteurs venus d’horizons différents, (dont l’exceptionnel Benjamin Lavenhe de la Comédie Française dans le rôle du marié) des rôles à la hauteur du scénario subtil cuisiné par les réalisateurs. On notera par exemple celui du stagiaire du photographe sorte de sosie hilarant du collégien amoureux de Brigitte Fossey dans La boum. Les réalisateurs les dirigent avec brio et en leur donnant une importance égale, et surtout en les rendant tous sympathiques malgré les défauts des personnages qu’ils incarnent.

Sentiment d’empathie

Au-delà de l’aspect comique du film, «Le sens de la fête» développe un profond sentiment d’empathie concernant les rapports humains et les souffrances des uns et des autres. La force du film, c’est son côté bienveillant. Jamais les scénaristes ne tombent dans la caricature et ils s’abstiennent de juger. A ce titre le jeu époustouflant de Jean-Pierre Bacri dont le rôle de Max est un sommet de compréhension envers ceux qui travaillent pour lui, symbolise à lui seul cette volonté de rendre solaire l’entreprise dont il a la charge. La bienveillance est donc le moteur de la narration, de l’ambition des réalisateurs à montrer que notre pays est un melting-pot de caractères, d’opinions diverses, de cultures différentes (c’était déjà le cas dans «Intouchables»), de sensibilités parfois antagonistes, réunies ici en un long chant d’amitié et d’amour. Naïfs Toledano et Nakache ? Certainement pas. Optimistes surtout. Envers et contre tous. Et en regardant «Le sens de la fête» on peut reprendre à propos du film cette assertion : «L’optimiste se trompe autant que le pessimiste mais il est plus heureux ». Les deux réalisateurs ont encore signé ici un long métrage qui rend… heureux.
Jean-Rémi BARLAND

Articles similaires

Aller au contenu principal