Jean-Luc Chauvin, le président de la CCI métropolitaine Aix-Marseille Provence, revient sur les déclarations du président de la République à Marseille, sur le Congrès mondial de la nature et évoque les JO à venir. Entretien.
Destimed: Le président de la République a passé trois jours à Marseille. Il a à cette occasion formulé plusieurs propositions, qu’en retenez-vous?
Jean-Luc Chauvin: Le constat avancé par le président de la République est plutôt pertinent et les propositions d’accompagnements vont dans le bon sens. L’affirmation que Marseille doit être la capitale française du Sud, de la Méditerranée s’inscrit dans l’avenir. Je note que le Président mesure les difficultés historiques du territoire et qu’il est prêt à aider à la condition que les élus fassent évoluer la gouvernance. Ces derniers sont donc devant un choix historique: soit ils acceptent 1,5 milliard pour les citoyens, en mettant en place une gouvernance plus simplifiée, plus logique, dans laquelle les maires ont en charge la proximité, comme cela se passe de partout en France, la métropole se concentrant sur les grands dossiers. Soit ils refusent d’avancer, de permettre à cette métropole mal née d’être corrigée. Mais ils devront expliquer qu’ils refusent la constitution d’une métropole qui a la taille stratégique pour devenir la capitale du sud de la France, de l’Europe, de la Méditerranée, sans oublier l’ouverture vers l’Afrique. Ce territoire a tous les atouts pour y parvenir, puisque nous sommes déjà sur une ville, un territoire, monde. Et je n’oublie là ni la population, ni l’université, ni l’aéroport ni le grand port… sachant aussi que Marseille est la cinquième ville la plus câblée au monde. Les sommes annoncées par le Président sont conséquentes même si elles ne permettront pas de tout rattraper, elles offrent l’opportunité de se lancer. De toute façon nous nous épuiserions à tenter en vain de seulement rattraper notre retard. Il importe aussi d’innover, de faire un saut quantique.
«Nous avons la responsabilité de faire naître la ville méditerranéenne de demain»
Marseille a accueilli le Congrès mondial de la nature, un événement porteur pour le territoire. Et en tant que représentant de ses entreprises, comment appréhendez-vous la biodiversité et sa préservation?
Ce territoire est mis en avant parce qu’il le mérite, il bénéficie d’une grande qualité de vie qui doit être préservée, améliorée en s’appuyant, en développant l’économie bleue et verte comme nous le souhaitons, comme nous les construisons. Il ne peut en effet pour nous être question d’opposer économie et écologie car c’est au cœur des universités, des laboratoires, des entreprises que se construisent les réponses aux grandes questions qui se posent à nous. Nous avons la responsabilité de faire naître ici la ville méditerranéenne de demain. Nous avons l’opportunité historique de faire de notre territoire un laboratoire de la ville du futur et du monde post-covid. Saisissons cette chance.
«Jouer collectif pour le succès des JO»
Le Président est parti, le Congrès mondial a pris fin, n’avez-vous pas peur que les lendemains déchantent?
Le risque est là bien sûr mais il importe de voir la dynamique qui existe sur ce territoire. Nous venons de retrouver la Foire qui a connu un réel succès et, quelques jours auparavant a eu lieu le même jour et dans une vraie unité le « Grand Bain de la French Tech » et le «Grand Opening de Medinsoft », signe que notre territoire est en plein bouillonnement. Il suffit de peu de chose pour que nous poursuivions notre développement. D’autant que la crise Covid a montré une aspiration à ne plus forcément vivre à Paris mais dans des capitales bien connectées ce qui est le cas de notre métropole.
Et je n’oublie que nous sommes une terre de Culture dont la crise a, là aussi, montré toute l’importance. Et, une terre de sport. Dans deux ans nous allons accueillir la Coupe du Monde de rugby avant de recevoir les épreuves de voile des JO de Paris. Ces JO ne doivent pas être seulement la fête du sport de haut niveau, il faut qu’ils soient à la fois une grande fête populaire, une manifestation qui laisse l’héritage le plus important possible sur le plan sociétal -je pense à une liaison enfin à la hauteur des enjeux du XXIe siècle entre l’aéroport et Marseille, sans oublier d’adapter l’aéroport aux standards de la modernité- et qu’ils donnent envie au plus grand nombre possible de personnes de venir ici. Les JO imposent que les mondes politique, économique, syndical, associatif… travaillent de concert pour réussir ces rendez-vous, dans l’intérêt de notre population. Le temps passe très vite alors je lance un appel pour que toutes les parties prenantes se réunissent, travaillent au succès de ces JO. Cap sur les JO 2024. Je sais que le Monde économique sera au Rendez-vous.
«devenir le Hub entre l’Europe et l’Afrique»
Quelles sont vos ambitions pour ce territoire?
Elles sont très grandes. Ce territoire peut devenir une capitale d’ampleur mondiale comme il a pu l’être par le passé. J’ai évoqué tous les événements qui vont arriver et que nous devons préparer au mieux. Mais nous ne devons pas oublier que nous avons la plus grande université francophone au monde, un fort secteur santé, un écosystème de start-up innovantes, un secteur industriel en pleine révolution. Et puis, on l’oublie trop souvent, nous sommes sur un territoire où se construit l’énergie de demain avec Iter sans oublier que nous avons l’eau, le vent, le soleil. Toutes les potentialités sont là. Alors oui, avec détermination et optimisme, je considère que nous sommes dans une phase d’accélération. Et pour être à la hauteur des enjeux, nous devons devenir le Hub entre l’Europe et l’Afrique qui va tirer vers le haut le développement durable mondial de demain.
Propos recueillis par Michel CAIRE