Publié le 28 juillet 2017 à 14h24 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h46
La CCI Marseille Provence et ses partenaires viennent d’organiser une conférence sur le thème « le sport, levier d’attractivité pour Aix-Marseille-Provence » au Palais de la Bourse de Marseille. Quelles sont les retombées économiques des grands événements internationaux, des grands équipements, du sponsoring ? Quelles synergies doivent être créées pour faire d’Aix-Marseille-Provence un champion dans la filière Sport ? Telles ont été les questions au centre du débat.
Avec 10 300 emplois directs sur le périmètre métropolitain, 4 400 clubs affiliés à une fédération, 440 000 licenciés, la filière Sport est un véritable moteur économique d’Aix-Marseille-Provence, créateur de richesse et d’emplois. Considérant le sport comme un vecteur de cohésion, de développement, de rayonnement et d’attractivité, il ressort une volonté de structurer un écosystème sportif à fort potentiel dans un modèle innovant, fruit de l’impulsion des entreprises, de la formation et de la recherche. La CCI Marseille Provence et ses partenaires ont donc invité au Palais de la Bourse les acteurs sportifs, économiques, politiques et scientifiques à débattre autour du thème « Le Sport, levier d’attractivité pour Aix-Marseille-Provence ».
Jean-Daniel Beurnier – vice-président de la CCI Marseille Provence, représentant le président Jean-Luc Chauvin, l’indique en ouverture du débat: «Je suis passionné de sport et, si certains se demandent quel est le lien entre sport et économie qu’ils sachent que 3,4% du PIB de l’Union européenne provient du sport et que le chiffre d’affaires de ce secteur ne cesse de croître». Et de se réjouir: On compte en France de plus en plus d’innovations, de nouveaux venus dans le domaine du sport. Et, dans le même temps, la pratique sportive n’est plus cantonnée à la recherche de la performance, au haut niveau, mais se conjugue avec le mieux-vivre, la santé, le développement de l’esprit d’équipe au sein de l’entreprise. Il signale à ce propos le soutien de la Chambre à l’association Provence Sport & Lifestyle. Puis parle d’Aix-Marseille Université, la French-Tech avant de considérer: «En liant sport, économie et technologie nous aurons le podium de l’économie». Jean Roatta, adjoint au maire de Marseille, en charge de la candidature JO 2024, insiste sur les liens qui peuvent se développer avec les pays de la rive Sud de la Méditerranée en matière de développement des pratiques sportives. Puis de considérer, à propos des JO: «Bien sûr que nous allons gagner avec Paris, nous avons la plus belle rade au monde. Eh oui, pour une fois, Marseille doit tout faire pour que Paris l’emporte».
«Nous avons un modèle: le Barça»
Jacques-Henri Eyraud, Président de l’Olympique de Marseille, prévient: «Nous sommes dans une phase de reconstruction.» Considérant : «C’est une chance d’avoir un propriétaire qui veut investir massivement afin que le club se qualifie le plus rapidement possible pour la Ligue des Champions». «L’OM, poursuit-il, a aussi une responsabilité sociale et nous allons pleinement jouer notre rôle en la matière». Il précise: «Nous avons un modèle: le Barça, pour son excellence sur le terrain et pour ce qu’il représente en Catalogne et au-delà. Par exemple, le musée du Barça accueille 9 millions de visiteurs par an. Il y a là un facteur d’attractivité sur lequel on se doit de travailler». Il en vient à Frank McCourt, propriétaire de l’OM, à sa vision de Marseille: «Pour lui, et cela m’a surpris, Marseille ressemble à Boston, sa ville natale, où sa famille est installée depuis trois générations. On pense Boston pour l’excellence de ses universités, notamment Harvard et le Massachusetts Institute of Technology (MIT). Mais, pour Frank McCourt ce n’est pas cela Boston, c’est une ville dure, où rien n’est donné et c’est pour cette raison qu’il établit un lien entre les deux villes. De plus, Boston s’est construite dans la rivalité avec New York comme Marseille avec Paris». «Il a cherché, ajoute-t-il, à comprendre pourquoi l’OM était différent, une différence sur laquelle il veut travailler car elle représente un fort potentiel. Ainsi quand le Barça annonce vouloir devenir une marque monde dans les cinq ans, il souhaite que l’OM devienne la marque sportive la plus célèbre en France». Précisant : «Ce qui ne veut pas dire que nous ayons une volonté hégémonique, nous voulons simplement rendre aux Marseillais ce qu’ils donnent à l’OM».
«La participation au Tour dès l’an prochain»
Frédéric Rostaing, manager du Team Delko Marseille Provence KTM, l’entend bien ici, lui qui ne cache pas ses ambitions pour son équipe: «la participation au Tour dès l’an prochain». «Il existe trois niveaux professionnels, explique-t-il, nous sommes en deuxième division depuis 2016 et, cette année, nous avons été invités sur Paris-Nice, le Dauphiné Libéré, Paris-Roubaix, il ne reste plus à Aso qu’à nous inviter au Tour et, notamment sur le Dauphiné. Nous n’avons cessé d’être à l’offensive. Cette année nous avons eu 160 jours de course, soit 220 jours d’activité en Europe, Afrique et Asie. Et nous avons aussi, un rôle citoyen au sein de la cité et notamment notre quartier, La Pomme». Cédric Dufoix, Public Affairs Director Grand-Prix de France de Formule 1, indique: «Nous avons signé pour cinq Grand Prix, un retour après vingt ans d’absence au Castellet . Et ce retour est une nouvelle preuve que le sport est un levier d’attractivité lorsque l’on voit l’écosystème qui se met en place. Et, le 24 juin 2018 sera impressionnant avec les 66 000 spectateurs qui seront présents dont 30% d’étrangers. Ce Grand Prix au Circuit Paul Ricard c’est, 65 millions d’impact économique, l’équivalent de 500 temps plein». Puis de mettre en exergue deux autres outils qui devraient renforcer l’attractivité du territoire: l’Arena du Pays d’Aix où un grand nombre de manifestations pourront se dérouler ou encore l’Arena de Miramas qui va permettre d’accueillir des athlètes de haut niveau.
Guillaume Gouvernet, directeur R&D marque Géonaute Décathlon avance
pour sa part: «Nous sommes à Marseille pour des raisons techniques. Nous sommes venus chercher des compétences spécifiques dans la pluridisciplinarité». Précisant :«Nous trouvons ici à la fois des compétences qui ne cessent de se développer, de répondre aux spécificités qui ne cessent de s’accroître dans le sport, mais aussi des territoires adaptés à un grand nombre de pratiques sportives». Il signale enfin que des travaux sont actuellement conduits sur la technologie des chaussures, sur les textiles ou encore l’électronique pour coacher les sportifs.
Désormais, la pratique sportive est majoritairement non encadrée
Virgile Caillet, délégué Général de l’Union Sport & Cycle, ne manque pas de souligner: «Le sport en France c’est 37 milliards d’euros, 2 points du PIB. C’est un domaine qui pèse et le Président Macron, lorsqu’il était à Bercy, l’avait bien mesuré puisqu’il avait lancé la filière de l’économie du sport». Un univers du sport en pleine évolution comme le montre des études de l’Union Sport & Cycle. Désormais, la pratique sportive est majoritairement non encadrée et les évolutions dont elle fait l’objet sont profondes: Les sportifs Français déclarent à 57% que l’avenir de leur pratique sera plus urbaine, plus libre en particulier grâce aux équipements sportifs de proximité mis en libre accès par les collectivités locales. Virgile Caillet considère: «L’innovation est dans l’ADN du sport. Il ne cesse de se réinventer. La voie publique va devenir un terrain de sport» Une pratique «plus connectée et plus communautaire» si l’on en croit les 18-24 ans qui, l’affirme à 63%. Longtemps distancées par les hommes, en matière de pratique sportive, les femmes ont quasiment rattrapé leur retard. Entre 2007 et 2015, le nombre de nouvelles licences sportives féminines à progressé de 20% soit un million de nouveaux titres. Aujourd’hui, la moitié des femmes pratique régulièrement une activité physique ou sportive soit 14,5 millions de personnes. Si les activités les plus répandues sont les mêmes que l’on soit un homme ou une femme (randonnée, vélo, natation), certaines disciplines comme le fitness, le running et le yoga sont plus plébiscitées par les femmes. Virgile Caillet d’ajouter: «Les ménages sont les premiers contributeurs du sport, avec 17 milliards d’euros». Il en vient à Provence-Alpes-Côte d’Azur: «La Région est la troisième de France en matière d’intérêt pour le sport, la première pour la pratique hors club». Mais, prévient-il: «Le sport change, les acteurs de la filière doivent donc aussi se réinventer. Dans ce cadre nous avons un partenariat avec le Technosport de Marseille Luminy de l’AMU».
Jean-Philippe Danglade – Spécialiste du Management International du Sport, Kedge BS souligne :«Nous avons une soixantaine d’étudiants français et étrangers que nous formons au business du sport. Une formation que nous avons lancée voilà vingt ans, ce qui nous permet d’avoir quelque 500 anciens qui sont aujourd’hui managers de club, journalistes, réalisateurs de grands événements…». Denis Bertin, vice-président AMU et coordinateur de la filière économique «Sport et Bien-Être». Cette filière industrielle est dédiée au soutien technologique des industries du sport. Son objectif est de permettre aux entreprises, fédérations sportives et professionnelles, ainsi qu’aux collectivités, d’accéder aux compétences, résultats et plateformes technologiques de la recherche publique, et de développer de la R&D nécessaire à leur innovation. L’institut met à disposition de ses clients, industriels du sport, de la santé et du bien-être, des fédérations sportives, des compétences et des ressources en ingénierie et en numérique. Trois marchés sont visés prioritairement : l’équipement du sportif, les objets connectés pour la santé, et l’imagerie biomédicale. «Nous travaillons notamment avec Décathlon pour innover le plus rapidement possible et donc créer de l’emploi», indique Denis Bertin avant de préciser: «Nous sommes le premier pays au monde à proposer des produits nouveaux sur le marché. Cela n’empêche pas le fait que, dans certaines disciplines, nous avons raté des médailles dans des compétitions internationales parce que d’autres nations étaient plus innovantes que nous».
«85% de nos étudiants trouvent rapidement un emploi»
Eric Berton, vice-Président Innovation et Valorisation AMU / Doyen de la Faculté des Sciences du Sport met tout de suite l’accent sur l’insertion professionnelle des étudiants: «85% de nos étudiants trouvent rapidement un emploi au terme de leurs études. Pour cela, nous avons à cœur de favoriser toutes les actions de rapprochement avec le monde socio-économique. Nous développons ainsi des partenariats d’excellence avec des sociétés de renom dans nos différents domaines de formation au travers de collaborations de recherche, de 3 chaires, de projets tutorés, d’interventions professionnelles, de manifestations…. C’est vrai avec Décathlon mais aussi Peugeot, Nike, Airbus Helicopters… Enfin, nous adaptons sans cesse nos filières à l’évolution du marché afin de rendre nos étudiants les plus compétitifs dans leurs secteurs d’activités». Une initiative réussie pour la CCI Marseille-Provence qui entend utiliser cette année Capitale européenne du Sport pour soutenir et amplifier la dynamique du sport sur le territoire. Jean-Daniel Beurnier de conclure: «Nous voulons faire émerger une métropole bénéficiant d’une reconnaissance mondiale en matière de sport. Et la CCI, avec tous ses partenaires, œuvrent à bâtir cette image, à accompagner les entreprises de ce secteur».
Michel CAIRE