Nos expositions coups de cœur de l’été – Arles : le choc Alice Neel à la Fondation Vincent Van Gogh

Publié le 1 août 2017 à  22h48 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h19

C’est une exposition qui marque ; pour le moins. Un parcours à l’issue duquel il est difficile de sortir indemne composé de 71 toiles réalisées au siècle dernier par Alice Neel (1900-1984). Une galerie de portraits percutants, sans fard ni autre artifice, qui jalonnent le parcours de vie d’une artiste américaine engagée qui a participé aux plus grandes batailles sociales et politiques de son pays. Ils rythment aussi une vie de femme avec ses joies, ses peines, ses réussites et ses échecs.
Féministe, Alice Neel l’est, assurément ; communiste aussi. Elle vit modestement dans le quartier pauvre de Spanish Harlem et peint là des toiles d’un réalisme cru montrant la société qui l’entoure et au sein de laquelle elle vit telle qu’elle est. Lorsqu’elle évoquait sa peinture, Alice Neel disait : «C’est plus qu’une profession, c’est une thérapie, une façon de dire les choses telles qu’elles sont.» Alors elle montre… Elle est l’une des premières femmes peintres à travailler sur le nu féminin sans aucune volonté de séduire, sans aucune concession. Elle montrera aussi des femmes enceintes, un sujet presque tabou à l’époque, des femmes avec leurs enfants, des femmes au travail. Des toiles parfois âpres qui deviennent presque violentes en nous renvoyant les images de la réalité de la société sans une once de douceur. Elle peint aussi des hommes, parfois ceux qui partagent sa vie, ceux qui lui procurent la joie, et ceux qui lui causent des peines. Ici aussi le travail est effectué sans concessions. Chaque visage interpelle par la densité des expressions, par les sentiments révélés derrière des regards intenses, sombres ou lumineux. Et même lorsqu’elle réalise le portrait d’Andy Warhol, elle ne cède en rien à la tentation de l’embellissement : cicatrices sur le torse, ceinture médicale abdominale, pectoraux tombants et l’énigmatique beauté d’un visage, les yeux fermés, qui exprime une souffrance intérieure presque palpable. Difficile d’en dire plus pour décrire la densité de cette exposition choc qu’il est impératif de visiter.
Michel EGEA

Pratique. Après l’Ateneum Art Museum d’Helsinki et la Gemeentemuseum Den Haag de La Haye, la Fondation Vincent van Gogh Arles accueille cette exposition majeure jusqu’au 17 septembre, avant que celle-ci ne poursuive son chemin vers l’Allemagne, au Deichtorhallen de Hambourg. Fondation Vincent Van Gogh d’Arles, 35ter rue du docteur-Fanton, ouvert tous les jours de 11 heures à 19 heures. Dernière entrée à 18h15. fondation-vincentvangogh-arles.org

«Calme et exaltation» Van Gogh dans la collection Bührle Dans le même temps que l’exposition des œuvres, d’Alice Neel, la Fondation Van Gogh d’Arles propose l’exposition « Calme et Exaltation». Van Gogh dans la Collection Bührle » qui présente huit tableaux de Vincent van Gogh. Cette sélection met en lumière, non seulement les différentes étapes dans la carrière de l’artiste néerlandais, mais également la vision d’un collectionneur, l’industriel suisse Emil Bührle (1890-1956), pour lequel représenter la progression stylistique d’un artiste à travers une collection était primordial. Aussi, l’éclaircissement de la palette de Van Gogh et la synthétisation de diverses influences dans son art constituèrent le fil conducteur des acquisitions éclairées du collectionneur. La Fondation Vincent van Gogh Arles s’est vu accorder un prêt de six toiles par la Fondation Collection E. G. Bührle à Zurich, détentrice de sept toiles de l’artiste au total. Les six toiles de cette collection sont ici présentées aux côtés de deux autres prêts.