Publié le 9 avril 2013 à 1h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h10
Patrick Mennucci complète le club des 5
Le député-maire des 1er et 7e arrondissements a mis fin au suspense qui n’existait plus. Le jour de ses 58 ans, il a annoncé sa candidature… à la primaire socialiste, taclant au passage Marie-Arlette Carlotti candidate pour sa part à la mairie de la deuxième ville de France. Patrick Mennucci a aussi innové en tenant son premier meeting de campagne financé grâce à des appels aux dons sur Internet.
Faut-il croire que la mairie de Marseille est le cadeau dont il rêve ? Toujours est-il que c’est le jour de son 58e anniversaire, ce lundi 8 avril 2013, que le député-maire des 1er et 7e arrondissements, Patrick Mennucci, a officialisé sa candidature à la primaire socialiste qui devrait se tenir à l’automne pour désigner celui ou celle qui briguera la mairie de la deuxième ville de France en 2014. Cette annonce officielle, qui a eu pour cadre ce lundi soir, sous les coups de 18h30, le Palais des Congrès du Parc Chanot où était organisé pour l’occasion le premier meeting du candidat, a mis fin à ce qui était devenu un secret de polichinelle tant le député-maire du 1er secteur de Marseille ne faisait aucun mystère de ses intentions depuis de longues semaines. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qu’il a accueilli en personne à Marseille mardi dernier s’était même hasardé à estimer que Patrick Mennucci pouvait être « l’homme de l’année ». Ce qui avait arraché le chiffre « 2014 » des lèvres du député-maire des 1/7.
Avec cette annonce, ils sont désormais cinq à avoir fait officiellement acte de candidature. Outre le député-maire des 1er et 7e arrondissements sont également sortis du bois la ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, la sénatrice des Bouches-du-Rhône et maire du 8e secteur de Marseille (15e et 16e arrondissements), Samia Ghali, le député et conseiller général des Bouches-du-Rhône, Henri Jibrayel, et le président de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole, Eugène Caselli.
D’ores et déjà, alors que le scénario de la primaire commence à se dessiner – il devrait être entériné ce samedi 13 avril par le Conseil national du PS (*) -, on peut sans risque affirmer que les figurants au casting sont loin d’être unis comme les cinq doigts de la main. En cause bien entendu l’annonce de Marie-Arlette Carlotti qui, le 20 mars en dévoilant sa candidature à la mairie de Marseille, avait appelé à sauter la case primaire, car elle redoute un « pugilat » et souhaite « que l’on se range derrière le ou la mieux placé »… en l’occurrence elle-même si on se fie aux sondages. Ce qui, on s’en doute, est loin d’être du goût des quatre autres candidats à la candidature.
Une étude Ifop, publiée en février, avait en effet placé les quatre ténors du PS (Henri Jibrayel n’apparaissait pas dans le panel) en position de battre le sénateur-maire sortant, Jean-Claude Gaudin (UMP). Sauf que ce dernier n’a toujours pas annoncé s’il briguerait bien un quatrième mandat, même si la perspective semble le tenter de plus en plus. En outre, Marseille est une élection par secteurs en vertu de la loi PLM : ainsi, récolter le plus de voix ne garantit pas de s’asseoir ensuite dans le fauteuil du maire… comme un certain Jean-Claude Gaudin en avait fait l’amère expérience en 1983 face à Gaston Deferre (PS). Difficile dans ces conditions d’accorder un crédit démesuré à une telle étude d’opinion…
Quoiqu’il en soit le souhait exprimé le 20 mars dernier par Marie-Arlette Carlotti a donné l’occasion à Patrick Mennucci de « tacler » dans les règles de l’art la ministre marseillaise du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. « Moi, je suis candidat à la primaire, pas à la mairie. Je fais la différence contrairement à d’autres et je ne demande à personne de s’aligner », a-t-il tonné face à la presse avant de tenir son meeting.
Un projet pour Marseille, dénommé « Pytheas », élaboré lors de rencontres citoyennes
Pour autant, celui qui a été écarté en janvier, au profit de Christophe Masse, de la présidence du groupe PS au conseil municipal de Marseille par une fronde d’élus, parmi lesquels figuraient Eugène Caselli et Samia Ghali, n’ignore pas que la partie sera serrée. « Je sais que cette désignation, il faudra l’arracher », reconnaît-il, avant de souligner devant les caméras de France 3 que « la primaire c’est « une machine à perdre » si l’on se concentre sur son nombril ».
Pas de risque que Patrick Mennucci tombe dans ce travers-là. Et c’est déjà un préprogramme municipal, son projet pour Marseille dénommé « Pytheas » élaboré lors de réunions citoyennes, qu’il a dévoilé ce lundi soir dans le Palais des Congrès du Parc Chanot. Celui qui est élu depuis trois décennies au conseil municipal, et qui siège depuis 1995 sur les bancs de l’opposition, a plaidé pour « une nouvelle gouvernance » municipale : il s’engage ainsi à quitter sur le champ le Palais Bourbon s’il devient maire de Marseille. Son discours a aussi présenté un certain nombre de propositions qui risquent de fâcher. Le député-maire des 1/7 propose en effet de baisser de 30% l’indemnité des conseillers municipaux, de « reprofessionnaliser » le personnel de la Ville pour dégager des économies, d’« en finir avec les passe-droits et le clientélisme » dans l’attribution des places en crèches et des logements municipaux, et de rétablir l’équilibre syndical là où FO, ultra majoritaire, est souvent accusée de cogérer la ville. Un projet qui prévoit également de transformer l’hippodrome Borély en grande plaine sportive avec vue sur la mer, les courses de chevaux étant dès lors rassemblées sur le seul hippodrome de Pont de Vivaux. Pour le coup, il risque vraiment d’y avoir du sport à Borély…
Original sur le fond, Patrick Mennucci a aussi tenu à l’être dans la forme. Alors c’est via le « crowfunding » qu’il a décidé de financer ce premier meeting de campagne, dont le coût total s’élève à 5 665 €. Ce mot barbare désigne un appel aux dons sur Internet, un procédé très connu en musique comme méthode de co-production d’internautes volontaires. C’est ainsi qu’ont été produits les albums d’artistes tels qu’Irma ou Grégoire. Un procédé qui était en revanche jusqu’ici inconnu en politique… Dans ce cadre, une association de financement, « Pour Marseille 2014 », a été créée, l’élu s’empressant dans la foulée de préciser que les comptes de la structure seront validés une fois par an par des commissaires aux comptes. Une démarche innovante qui revendique ainsi une nouvelle manière d’associer le citoyen à l’organisation d’un événement politique, jusque dans son financement, tout en affichant une volonté de plus transparence du financement des campagnes et des partis politiques.
Mais en précisant qu’il est aussi « intéressant de récupérer un peu d’argent », alors que les comptes de campagne pour les municipales ne sont pas officiellement ouverts, celui qui dénonce à l’envi le mélange des genres du « système Guérini », tout en s’affichant publiquement avec Arnaud Montebourg, ennemi juré du président du conseil général des Bouches-du-Rhône, s’offre un énième contre-pied…
Serge PAYRAU
(*) Les primaires devraient se tenir les 13 et 20 octobre à Marseille, Aix-en-Provence et au Havre.