Publié le 7 octobre 2017 à 20h44 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h46
La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, était à Marseille ce samedi 7 octobre et a souhaité se rendre sur le site de la Corderie afin de visiter le chantier de fouilles effectuées par l’Institut National des Recherches Archéologiques préventives (INRAP), et a maintenu sa décision de ne protéger qu’une partie du site historique. Grande est la déception des riverains et associations locales.
C’est le site de la colère, diront certains riverains, un symbole de la destruction de l’Histoire de Marseille, avanceront d’autres, toujours est-il que le dossier Corderie fait polémique depuis plusieurs mois et mobilise à la fois riverains et associations qui ont plusieurs fois manifesté pour stopper l’action des tractopelles… et, le gouvernement qui entend calmer les esprits en proposant…«des miettes», lancera un habitant. En effet, les opposants à la destruction du site pensaient avoir remporté une bataille lorsque, il y a un peu plus d’un mois, la ministre avait annoncé le classement au titre des monuments historiques d’une partie du site. Mais il ne s’agit que 635m², concernant la partie la plus spectaculaire des vestiges sur les 4 000 m² du complexe immobilier. A l’issue d’une rencontre en Préfecture, qui a réuni, en présence du préfet Stéphane Bouillon et de la député, (LREM) Claire Pitollat, à la fois les Comités de quartiers engagés, l’aménageur, des représentants de la Drac, de la Ville, de la Métropole… Françoise Nyssen a déclaré à la presse que «seules les raisons scientifiques» ont amené les archéologues des services de l’État et «en toute indépendance», à délimiter les 635 m² de surface de la carrière à protéger, qualifiés par la Ministre de «patrimoine commun de tous les Marseillais». Et considère les accusations de collusions «extrêmement graves». Elle s’est, une nouvelle fois, félicitée de «l’intérêt majeur des Marseillais pour leur patrimoine». Tout en soulignant: «On est dans un État de droit, un permis de construire a été accordé, des recours ont été purgés et enfin la position du ministère de la Culture concerne les fouilles et la surface protégée.» Rappelle également les lois de décentralisation avec «un urbanisme qui est du ressort des collectivités locales». Françoise Nyssen appelle la Ville et l’opérateur à se concerter sur un cahier des charges, évoquant plusieurs points qui lui semblent «importants» dans le nouveau schéma qui sera proposé. «Celui-ci doit répondre à un certain nombre d’attentes et d’exigences en matière de restitution au public» a souligné la Ministre. La visibilité du site et son accessibilité dans les meilleurs conditions possibles ont été mis en avant par Françoise Nyssen qui a également souligné que «la fouille archéologique, l’expertise du site ne prennent tout leur sens que dans une démarche de transmission au public». Et de demander à la Ville et à l’opérateur que «des visites à destination des élèves des publics scolaires ou universitaires puissent être mises en places» ste-006_declaration_a_presse_de_ministre_nyssen_sur_vestiges_corderie_7_10_17.mp3 Sabine Bernasconi, la maire des 1er et 7e arrondissements de Marseille revient sur les propos de la ministre et les mesures qui devraient être prises. Elle confie cependant: «Ce que je ne sais pas, aujourd’hui, à la fin de cette réunion, c’est quand et comment et dans quelles conditions… » Elle espère: «Un dénouement qui nous permette de passer à l’étape suivante, celle de la valorisation du site»… ste-008_sabine_bernasconi_vestiges_corderie_07_10_17.mp3 Pour Guy Coja, du collectif Laisse Béton «la ministre est juste venue pour nous passer la pommade». Indiquant: «On n’accepte pas cet arbitraire». Annonce la tenue d’un rassemblement ce lundi «pour préparer nos actions futures». Rappelle que tous les sites historiques à Marseille «ont été bétonnés». Considère que Vinci aura des choses à changer dans le permis de construire afin que «le site soit accessible depuis la Corderie». Et annonce être en relation avec la mairie de secteur «qui veut valoriser ce site»… ste-007_guy_coja_sec_ciq_corderie_et_membre_collectif_laisse_beton_07_10_17.mp3 Reportage Mireille BIANCIOTTORéaction de Benoît Payan, président du groupe socialiste à Marseille – Corderie : décision de Francoise Nyssen, démission ou complaisance ?Ce matin, à la sortie d’une visite en catimini et d’une réunion bunkerisée à la préfecture, la ministre de la Culture Francoise Nyssen a simplement fait appel aux bonnes grâces de Vinci, lui demandant de bien vouloir penser à une meilleure mise en valeur du site antique de la Corderie. Pourtant le code du patrimoine prévoit que c’est à l’État de contraindre le promoteur à modifier son projet. Pourquoi n’a-t-elle pas cherché à utiliser la loi pour protéger notre patrimoine ? Pourquoi une telle abdication ? Démission de la puissance publique ou complaisance avec les puissants, la décision de la ministre est une farce, une mascarade. Elle n’est pas à la hauteur de cette grande institution sensée protéger le patrimoine des Marseillais. Une fois de plus, une fois de trop, la Ministre semble plus attachée aux exigences de Vinci qu’aux attentes des citoyens. Le site antique de La Corderie est devenu le symbole du rapport conflictuel de Marseille avec son Histoire. Lorsque les responsables qui sont censés protéger notre patrimoine se défilent et refusent d’appliquer la loi, c’est la genèse de la fondation de Massalia qui est menacée de destruction. |