FORMULE 1

Publié le 6 avril 2013 à  1h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h11

Le Grand Prix d’Espagne se dévoile au Château Ricard

En quête d’un nouveau public suite à la désaffectation d’une partie des afficionados ibériques, crise économique oblige, le Grand Prix d’Espagne a jeté son dévolu sur la France. Et particulièrement sur la Provence orpheline de Formule 1 depuis le dernier Grand Prix disputé au Paul Ricard en 1990. L’opération séduction a eu lieu ce mercredi 3 avril au Château Ricard à Marseille.

En s'exprimant devant
En s’exprimant devant
Comme l'a démontré un petit film promotionnel présenté par Ricart Mangana, le Grand Prix d'Espagne de Formule 1 est
Comme l’a démontré un petit film promotionnel présenté par Ricart Mangana, le Grand Prix d’Espagne de Formule 1 est
L'ensemble de l'équipe du circuit de Catalunya réunie sur les marches du château Ricard aux côtés de Marc Gimenez (à gauche), responsable régional de la communication Grand Sud-Est de la société Ricard. De gauche à droite : Ricart Magana, Joseph Alcaide, Myriam Ramos, Salvador Servià et  Nona Ibarz.
L’ensemble de l’équipe du circuit de Catalunya réunie sur les marches du château Ricard aux côtés de Marc Gimenez (à gauche), responsable régional de la communication Grand Sud-Est de la société Ricard. De gauche à droite : Ricart Magana, Joseph Alcaide, Myriam Ramos, Salvador Servià et Nona Ibarz.
Devenu directeur du circuit de Catalunya et du Grand Prix d'Espagne, Salvador Servià est un ancien pilote de rallyes qui a notamment pris part à 3 Dakar. Il est également économiste et homme politique.
Devenu directeur du circuit de Catalunya et du Grand Prix d’Espagne, Salvador Servià est un ancien pilote de rallyes qui a notamment pris part à 3 Dakar. Il est également économiste et homme politique.

Choisir le Château Ricard, le siège de la direction régionale de la société Ricard dans le quartier de Sainte-Marthe à Marseille (14e), pour présenter le Grand Prix d’Espagne de Formule 1 2013, qui se tiendra du 10 au 12 mai sur le circuit de Catalunya à Montmeló, petite cité située au nord de Barcelone, pourrait sembler incongru à plus d’un titre. Pourtant, suite au retour avorté du Grand Prix de France sur le circuit Paul Ricard au Castellet – le nouveau gouvernement socialiste n’ayant pas soutenu ce dessein comme l’avait fait en son temps l’ancien Premier ministre François Fillon -, Barcelone est bien en cette année 2013 l’un des plus proches circuits sur lesquels peuvent se rendre les passionnés provençaux de la discipline reine du sport automobile. A seulement quatre heures de route, le circuit de Catalunya est plus proche de Marseille que celui de Monza en Italie ou de Spa Francorchamps en Belgique. Et si le circuit de Monaco n’est qu’à deux heures de la cité phocéenne, il est beaucoup moins accessible que Barcelone car se procurer un billet pour le jour du Grand Prix sur le tracé monégasque relève bien souvent de la mission impossible.
Et puis outre ces circonstances, il y a aussi la proximité culturelle qui existe entre la Provence et la Catalogne. S’il en était besoin, la magnifique toile « La pêche au thon » du peintre catalan Salvador Dali, un tableau original qui trône dans une des pièces du Château Ricard, suffirait à s’en persuader. L’histoire est également là pour en témoigner puisque « le vrai pastis de Marseille », inventé par Paul Ricard en 1932, a été commercialisé à Barcelone avant de l’être à Paris. Pour peu, l’ancien pilote catalan de rallyes Salvador Servià, aujourd’hui directeur du Grand Prix d’Espagne et du circuit de Catalunya, se sentirait presque chez lui. Pour autant, il ne cache pas que cette promotion du Grand Prix d’Espagne en terre provençale répond aussi à une nécessité. « Le problème économique, on l’a tous, tranche-t-il d’emblée en faisant allusion au circuit Paul Ricard à qui le désistement de l’Etat a été fatal. On est venu ici car la crise est très forte. Or, pour continuer à accueillir un Grand Prix de Formule 1, il faut remplir nos gradins. Et en Espagne, cela ne marche pas. »

La concurrence des circuits asiatiques

Car si le tracé de Montmeló sera, pour la 23e fois consécutive, le théâtre du Grand Prix d’Espagne de Formule 1 au mois de mai, et pour la 22e fois d’affilée celui du Grand Prix de Catalogne Moto GP en juin, le savoir-faire démontré durant plus de deux décennies ne suffit plus face à la concurrence des circuits des pays émergents comme la Chine, la Corée du Sud, Bahreïn, Abu Dhabi ou Singapour. Salvador Servià joue cartes sur table. « Les circuits asiatiques et américain donnent le double de ce que l’on verse pour accueillir un Grand Prix. Plus de la moitié des circuits du championnat du monde payent plus que nous. Il nous faut des sous qui n’existent pas », résume-t-il.
Et l’enjeu est de taille car l’impact économique de la tenue du Grand Prix sur la région catalane n’est plus à démontrer. D’autant que l’activité du circuit de Catalunya, qui abrite une quinzaine de rendez-vous au cours de l’année (tests F1 d’avant-saison, Moto GP, 24h motos, 24h autos, International GT Open…), ne se limite pas aux trois jours du Grand Prix F1. Pour autant, dans le contexte actuel, il est impossible d’imaginer que le gouvernement espagnol mette la main à la poche pour aider à boucler le budget de 30 M€ du circuit de Barcelone. « Les gouvernements n’ont pas de sous dans la caisse et, dans la crise actuelle, ils ne peuvent pas expliquer qu’ils donnent de l’argent à ça », explique Salvador Servià. Quant au plan local, les aides sont déjà conséquentes. « La ville de Barcelone et le gouvernement catalan nous aident, on équilibre grâce à eux. Les hôteliers aussi nous poussent. C’est pour ça qu’on est là », reconnaît le directeur du Grand Prix d’Espagne.
Mais cet équilibre financier reste précaire. « On est content d’être là. Une année, on n’en était pas sûr. Et on ne sait pas où on sera dans deux ans. On a un contrat qui court jusqu’en 2016 et on essaiera de continuer 5 ans de plus », précise-t-il. Or, le seul moyen d’être certain d’atteindre cet objectif est de parvenir à faire remonter la fréquentation du Grand Prix d’Espagne de F1, passée de 140 000 spectateurs en 2007 à 80 000 trois ans plus tard. Et pour cela, Salvador Servià n’hésite pas à en appeler à une solidarité méditerranéenne si en vogue en cette « Semaine de la Méditerranée » à Marseille. « Le Nord de l’Espagne et le Sud de la France sont voisins et ont des cultures très proches. On peut s’associer sur beaucoup de choses. Il faut que le futur soit beau pour tout le monde afin d’avoir le plus beau Grand Prix du Sud de l’Europe », plaide le directeur du circuit de Barcelone.

30% de Français dans les gradins

Les Français ont d’ailleurs toujours été fidèles à la capitale catalane. Ils étaient particulièrement nombreux au début des années 1990 quand Alain Prost luttait pour le titre mondial. Un peu moins quand plus aucun pilote tricolore n’était présent en F1, ou lorsque Sébastien Bourdais ne disposait pas de la monoplace susceptible de lui permettre de se battre avec les meilleurs. Mais avec le retour de pilotes français dans la discipline reine du sport automobile, ils affluent à nouveau en nombre à Montmeló au mois de mai. Les Français sont même devenus la deuxième clientèle du Grand Prix après l’Espagne, et nombre d’entre eux viennent du Sud de l’Hexagone. « Quand Alonso a décroché deux fois le titre mondial en 2005 et 2006, nous avions 60% d’Espagnols sur le circuit, avec notamment une explosion dans les Asturies dont il est originaire. Aujourd’hui, nous sommes capables de faire 30% de Français », témoigne Salvador Servià. Le marché hexagonal constitue ainsi un enjeu capital, d’autant que la désaffection du public espagnol ne se limite pas à la Formule 1. « Même en MotoGP, nous n’arrivons pas à faire le plein alors que tous les champions sont espagnols. Beaucoup de spectacles ont des difficultés pour remplir leurs gradins », déplore le directeur du Grand Prix d’Espagne.
Mais toutes les conditions semblent réunies pour que le public français continue à pallier à ces difficultés en venant plus nombreux encore. Tout d’abord, le plateau de la Formule 1 où pas moins de quatre pilotes tricolores ont décroché un volant en cette saison 2013. L’un d’eux, Romain Grosjean sur Lotus, est même en mesure de se battre pour la victoire. D’autant que sa monoplace britannique est équipée d’un moteur Renault, celui-là même qui a remporté plus de la moitié des Grand Prix d’Espagne disputés à Barcelone.

Une cité fascinante à portée de toutes les bourses

Le circuit de Catalunya, situé au cœur d’une agglomération de 7 millions d’habitants, à une demi-heure du centre-ville d’une cité de 5 millions d’habitants, offre également de nombreuses perspectives touristiques. Les billets pour le Grand Prix donnent en effet droit à une visite gratuite du Camp Nou, le stade mythique du FC Barcelone, une entrée gratuite au Salon International de l’Automobile 2013, qui se tient cette année la même semaine que le Grand Prix, ainsi qu’à une réduction pour le bus touristique de Barcelone qui permet de découvrir les plus beaux sites de la capitale catalane. « Le Grand Prix de Formule 1est le show le plus fantastique dans la cité la plus fascinante », résume Ricart Mangaña, membre de l’équipe dirigeante du circuit.
Montmeló est aussi très facilement accessible depuis la cité phocéenne : 4 heures de route en voiture, avec à l’arrivée des parkings à côté des tribunes, des vols directs Marseille-Barcelone en avion, un TGV qui dans six mois permettra de rallier Gérone, à trois heures du circuit, ou encore la possibilité de le rallier en bateau avec des ports à 12 minutes du tracé catalan. Enfin, le circuit de Catalunya dispose de multiples tribunes – dont de nombreuses sont couvertes – offrant une large variété de prix, des pelouses à la tribune principale avec vue sur le plus longue ligne droite des stands du championnat (1,2 km). Une variété de prix que l’on retrouve au niveau de l’offre hôtelière et gastronomique dont jouit Barcelone. Sans oublier la possibilité de disposer de loges customisées pour les VIP et une offre de restauration conséquente avec près de 90 bars et restaurants présents sur tout le circuit. « On a des formules vraiment bon marché, des hôtels étoilés ou économiques. Vous êtes les bienvenus, l’argent ne sera jamais un problème », résume Salvador Servià.
Il ne reste plus aux afficionados provençaux de la Formule 1 qu’à se laisser tenter d’autant que le Grand Prix d’Espagne se déroulera cette année la semaine du pont de l’Ascension, ce qui devrait encore encourager les déplacements du public français.

Serge PAYRAU

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