Publié le 30 novembre 2017 à 19h55 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 17h48
«Guerra, Amore e ballo »… Guerre, amour et danse : trois thèmes, trois facettes des compositions de Claudio Monteverdi. Au XVIIe siècle, Monteverdi est prolifique et il est le premier qui livrera à la postérité quelques œuvres dont les notes écrites ont traversé les siècles. Car on écrivait peu, à l’époque. Il y avait la trame et les instrumentistes improvisaient autour. Les œuvres étaient souvent éphémères, jouées un temps puis tombaient dans l’oubli. Pour ce panorama «monteverdien», Jean-Marc Aymes avait choisi de donner «Il combattimento di Tancredi et Clorinda», «Il lamento d’Arianna» et «Scherzi Musicali ». Sous sa direction l’orchestre était composé des violons d’Odile Edouard er Alessandro Ciccolini, l’alto de Fanny Paccoud, le violoncelle de Cécile Verolles et l’archiluth de Matthias Spaeter, tous instrumentistes de talent, attentifs, précis avec un vrai son baroque et des couleurs travaillées. Du côté des voix Maria Cristina Kiehr a, entre autres, livré un Lamento empreint de profondeur et de douleur, poignant. Stephan MacLeod, basse profonde avec un timbre superbe et une ligne de chant franche et puissante et Romain Bockler, agréable baryton, à la belle diction et à la voix soyeuse ont été remarquables dans leurs interventions. Un beau moment de musique pour ouvrir une «Invasion Monterverdi » qui se poursuit ce 1er décembre et samedi 2 décembre à 20 heures à La Criée avec «Orfeo, je suis mort en Arcadie». Orphée incarne l’un des plus anciens mythes amoureux. Après «le Crocodile trompeur », Samuel Achache et Jeanne Candel s’emparent de l’ «Orfeo » de Monteverdi qui fut en 1607 le premier opéra de l’histoire. Ils vont aux sources de la poésie et inventent un théâtre défini comme un «artisanat furieux», selon les mots de René Char. Mélange des genres et des styles, discrètes irrévérences, savants anachronismes, accompagnent une partition réorchestrée dans un esprit de théâtre musical avec des échappées vers le jazz, la musique d’aujourd’hui et la bossa nova. Autant d’éléments qui laissent l’émotion intacte et restituent toute la modernité de cet innovateur que fut en son temps Monteverdi. Puis, le 7 décembre à 20h30, à l’abbaye de Saint-Victor l’Ensemble Musicatreize et le Concerto Soave donneront un programme spirituel sous la direction de Roland Hayrabedian intitulé «Quatre Chants pour un visage», titre de l’œuvre de Lucien Guérinel qui sera interprétée ce soir-là, le programme étant complété par «Litaniae della Beata Vergine» de Monteverdi et le Stabat Mater a 10 voci de Scarlatti. D’un côté l’image baroque de la vierge, heureuse avec Monteverdi puis en pleurs avec Scarlatti ; de l’autre côté le visage contemporain du Christ avec quatre poèmes d’inspiration mystique mis en musique par Lucien Guérinel. Une « Invasion Monteverdi » mise en place avec La Criée, les Amis de Saint-Victor et Marseille Concert.
Michel EGEA
Pratique. Réservations 04 91 54 70 54 du mardi au samedi de 12 à 18 heures.