Publié le 4 avril 2013 à 10h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h11
Aux yeux des organisateurs, les deux jours de rencontres qui ont lieu à la Villa Méditerranée à Marseille marquent « une étape » des relations méditerranéennes qui « marquera ceux qui l’ont vécue ».
« Aujourd’hui, face à cette crise économique, politique, financière et morale, l’Europe a besoin d’un printemps qui serait un printemps méditerranéen. Et dans ce printemps de la Méditerranée à réaliser en Europe et au Sud, il y a aujourd’hui une étape qui marquera ceux qui l’ont vécue » : c’est en ces termes que Michel Vauzelle (PS), président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, évoque la teneur et la portée des échanges qui ont eu lieu durant deux jours à la Villa Méditerranée à Marseille, dans le cadre du 3e Forum des Autorités Locales et Régionales de la Méditerranée. Et le président du conseil régional de souligner que ce « moment de grande émotion », incarnée notamment par les 123 lycéens élus du conseil régional des jeunes de PACA qui ont pu prendre part à cette démocratie participative à cheval sur les deux rives, va se poursuivre ce week-end avec, « chose jamais vu », la présence dans la cité phocéenne de 42 présidents de parlements du bassin méditerranéen, réunis sous l’égide du président du Parlement européen, Martin Schulz. « Avec l’accord de nos gouvernements, on peut désormais parler de diplomatie participative, d’une diplomatie décentralisée. C’est ce que nous avons fait et que nous ferons encore avec la diplomatie parlementaire », poursuit Michel Vauzelle en prévision des échanges qui se tiendront ce week-end.
La satisfaction était également de mise chez Jacques Rocca-Serra, adjoint au maire de Marseille qui représentait le sénateur-maire Jean-Claude Gaudin (UMP), co-organisateur du forum. « Lorsque nous nous sommes battus, avec Jean-Claude Gaudin et Michel Vauzelle, au sein des Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) pour créer une commission Méditerranée, nous avons bien fait », se félicite-t-il au regard du contenu de cette 3e réunion. Et de rappeler que Marseille va abriter en quelques jours, « quatre réunions importantes ». Tout d’abord, les 400 élus venus de 24 pays du bassin méditerranéen ont élu ce mercredi 3 avril un nouveau président du Conseil politique de la Commission Méditerranée du CGLU, le Marocain Mohamed Boudra, président du Conseil régional Taza-Al-Hoceima-Taounate. Le dialogue a ensuite pu s’instaurer ce jeudi matin à la Villa Méditerranée entre les jeunes de la Fondation Anna Lindh et les élus. Il cite également la venue à Marseille de ce week-end des présidents des parlements de 42 pays de la Méditerranée et n’oublie pas de mentionner la présence « des bailleurs de fonds ». « Tout est réunis pour un nouvel essor en Méditerranée », se réjouit Jacques Rocca-Serra.
Un contexte nouveau
Et ce d’autant plus que le contexte a changé. « Nos amis du Sud sont venus avec un état d’esprit totalement nouveau. Avant, ils étaient téléguidés, aujourd’hui ils ont pu s’exprimer librement. Cela a changé la donne et c’est la raison pour laquelle on peut évoquer un printemps de la Méditerranée », insiste l’adjoint au maire de Marseille.
Mohamed Boudra abonde dans le même sens. « La ville de Marseille dans la Villa Méditerranée décroche le printemps de la Méditerranée », image-t-il. Le nouveau président du Conseil politique de la Commission Méditerranée du CGLU ne manque d’observer que « les souffrances existent au Nord comme au Sud » de la Méditerranée. D’un côté, ce sont « les conflits en Syrie, en Palestine » ou « les transitions démocratiques difficiles en Egypte et en Tunisie ». Au Nord, c’est « le besoin de faire de la politique autrement » qui s’exprime, à travers notamment le mouvement des indignés en Espagne ou en Grèce. « C’est un grand printemps, un grand changement qui commence. C’est un nouveau cycle qui débute. Merci à Marseille », résume-t-il.
Alors bien sûr d’aucuns regretteront l’absence de l’Algérie, la Tunisie ou l’Egypte au sein du panel des 24 pays réunis durant deux jours à Marseille dans le cadre de ce 3e Forum des Autorités Locales et Régionales de la Méditerranée. « Tous les pays ont été invités, précise Michel Vauzelle. Et tous les pays étaient représentés, car ceux qui n’étaient pas là étaient représentés par leur jeunesse ou le seront par les parlements de leurs Régions. » Jacques Rocca-Serra abonde dans le même sens en évoquant des « problèmes administratifs internes à ces pays ». « Mais ils sont toujours autour de la table, ce sont des pays indispensables », martèle l’adjoint au maire de Marseille.
« Il n’est jamais trop tard »
Le président de la Région PACA ne s’arrête pas davantage sur le fait que certains représentants de leur pays n’en sont pas des élus. « L’association des régions et des gouvernements locaux en Méditerranée est une des institutions qui prend place à côté des parlements locaux méditerranéens. Nous invitons tout le monde et c’est aux pays de choisir qui ils envoient. Nous n’avons pas à nous immiscer dans les affaires internes. Il faut que nous soyons respectueux de l’évolution de chaque pays, de son calendrier électoral », souligne-t-il. Et Jacques Rocca-Serra de clore ce débat : « Aujourd’hui, règne un nouvel état d’esprit, une page s’est tournée et je crois que les Etats du Sud seront obligés d’intégrer davantage de démocratie ».
Mohamed Boudra compte désormais s’appuyer sur la richesse des échanges de la Villa Méditerranée pour préparer le 4e Congrès mondial du CGLU, qui se tiendra du 1er au 4 octobre à Rabat sur le thème « Imaginer la société, construire la démocratie ». « Cela ne va pas être un grand plan d’actions mais on peut toucher des sujets qui nous intéressent beaucoup, ayant trait à la démocratisation locale, problème que l’on rencontre en Egypte, en Libye ou en Tunisie. Sur ce point-là, nous sommes prêts », assure le président du Conseil politique de la Commission Méditerranée du CGLU, qui appelle également de ses voeux la constitution d’un marché économique commun euro-méditerranéen et d’une association des villes maghrébines au sein même de la Commission Méditerranée. Saluant la présence de la Banque Européenne d’Investissement (BEI), dont le vice-président Philippe de Fontaine Vive a indiqué à l’adresse des élus « donnez-nous des projets, nous serons là pour les financer », et la présence du gouvernement français à travers un représentant du ministère des Affaires étrangères, Michel Vauzelle n’y va par quatre chemins : « Il y a beaucoup à faire. Et il n’est jamais trop tard devant la détresse de notre jeunesse pour faire ce qu’il est absolument indispensable de faire. »
Serge PAYRAU