Publié le 10 décembre 2017 à 13h12 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 17h49
Donald Trump vient de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Les Cassandre de tous bords prédisent, entre autres, une catastrophe, un embrasement du Moyen-Orient, une vague d’attentats sans précédent contre l’État Hébreu et les USA, une nouvelle intifada et la fin du processus de paix israélo-palestinien. Qu’en est-il réellement?
Au Moyen-Orient rien de nouveau !
Il n’y a rien de révolutionnaire dans les propos du Président américain. Car pour les USA, depuis 1995, à la suite d’une décision du Congrès, Jérusalem est déjà la capitale d’Israël. Les pensionnaires de la Maison Blanche qui se sont succédé jusque-là se sont contentés de retarder le transfert de leur ambassade de Tel Aviv. «L’homme le plus puissant de la planète» n’a fait qu’énoncer tout haut cette réalité.
Vers une escalade ?
A la suite des propos de Donald Trump, «Les portes de l’enfer sont-(elles)ouvertes» comme l’annonce le Hamas ? En réalité, Israël n’a pas connu, depuis sa création, un seul jour sans menace d’anéantissement. Aujourd’hui l’Iran a remplacé les légions arabes qui voulaient «jeter les juifs à la mer». Par la suite, certains États ont signé un traité de paix avec l’État Hébreu. En ce qui concerne le terrorisme, dès qu’une faction se modère, une autre arrive aussitôt. Hier, c’était l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), aujourd’hui le Hamas et le djihad islamique ont pris la relève. Quant à l’instabilité du Moyen-Orient, les conflits en cours en Syrie, en Irak ou au Yémen ont causé des destructions massives avec des centaines de milliers de morts, des millions de déplacés, des villes anéanties, le nettoyage ethnique des Yézidis et l’exode sans précédent des chrétiens d’Orient menacés au quotidien, sans parler de la dévastation volontaire de sites archéologiques inestimables. Jamais les conflits entre Israël et ses voisins arabes n’ont atteint de tels sommets d’horreur.
Le minimum syndical pour les condamnations arabes
Hormis l’Iran, la Turquie ou le Hamas qui se montrent les plus véhéments, les pays arabes et/ou musulmans usent d’une rhétorique connue qui ne tranche guère avec ce qui est habituellement pratiqué. Pour les Saoudiens, leader du monde sunnite, la page semble définitivement tournée puisque le prince héritier Mohammed ben Salman propose que la ville d’Abou Dis, située dans le Gouvernorat de Jérusalem, devienne la capitale de la Palestine.
Jérusalem ville ouverte
Annoncer que Jérusalem, centralité millénaire du peuple juif, est la capitale d’Israël est-ce vraiment là une catastrophe ? Est-ce plus abominable que tout ce qui vient d’être énoncé ? Il faut raison garder et rappeler que durant des décennies quand «la ville trois fois sainte» était sous occupation jordanienne, les lieux saints non musulmans n’étaient pas libres d’accès. Cela n’est possible que depuis que l’État Juif administre Jérusalem. De plus, soucieux de l’équilibre précaire, Israël, pour éviter les tensions intercommunautaires, a mis volontairement en place depuis 1967 le «statu quo» qui limite l’accès des non-musulmans au Mont du Temple, le lieu le plus saint du judaïsme, l’esplanade des mosquées pour l’islam.
La guerre entre les sunnites et les chiites
La question palestinienne n’est plus la préoccupation majeure des pays sunnites, Arabie Saoudite en tête, qui se sentent menacés par les visées hégémoniques perses et la création d’une continuité territoriale chiite, de Téhéran à la Méditerranée, à la suite de la défaite de Daesh. Pour les pays du Golfe, mais également l’Égypte et la Jordanie, qui sont de plus menacés par les djihadistes sunnites, une alliance stratégique avec Israël est bien plus urgente et prioritaire car il en va de leur survie même. C’est la déstabilisation de ces pays qui plongerait définitivement la région dans le chaos.
Une solution à deux États est-elle encore possible ?
En vérité, la réponse à cette question est dans les mains des Palestiniens eux-mêmes.
Israël, lors du plan de partage de l’ONU en 1947 a accepté un pays sans Jérusalem, l’essentiel était d’avoir un État, d’être enfin maître de son destin. Les Palestiniens auront-ils cette sagesse et feront-ils ainsi mentir, Shimon Peres, cet artisan infatigable de la paix, lequel disait qu’ils «ne perdaient jamais une occasion de perdre une occasion» ? La dernière en date a été le limogeage du Premier Ministre Salam Fayyad qui avait fait un excellent travail en posant les fondements d’un État et d’une administration efficace. Sa volonté de transparence, en particulier sur l’utilisation de l’aide internationale qui n’était pas du goût des caciques de l’OLP, lui a été fatale. Il faudra également résoudre le problème, jusque-là insoluble, de la division entre Gaza, aux mains des islamistes du Hamas, et la Cisjordanie gouvernée par l’Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas.
Quel rôle pour les puissances occidentales ?
Si l’Europe veut avoir un rôle dans le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens, ce n’est certainement pas en soutenant des résolutions, comme à l’Unesco, niant tout lien entre le peuple juif et Jérusalem que cela sera possible. La reconnaissance unilatérale et sans négociations de la Palestine, en réponse à l’initiative du locataire du bureau ovale, ne sera pas autrement plus contributive. Car cela n’en fera pas pour autant un État viable. Le problème israélo-palestinien ne peut être réglé si l’on fait abstraction des conflits régionaux qui l’alimentent. En définitive, si l’Union Européenne veut le bien des deux peuples, israéliens et palestiniens, elle se doit d’intégrer la nouvelle donne géopolitique et encourager les alliances qui se forgent entre Israël et ses voisins arabes, seuls porteurs d’espoir de la stabilité régionale.