Rencontres gourmandes de Vaudieu, saison 8 (2/4): Une coquille, un citron et un chapeau


Publié le 23 janvier 2018 à  20h44 - DerniÚre mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h52

De g. à dr. : Grégory Brousse et Julien Bréchet, Charlotte Crousillat et Laurent Bréchet, Clément Charlier et François Grenier. (Photo M.E.)
De g. à dr. : Grégory Brousse et Julien Bréchet, Charlotte Crousillat et Laurent Bréchet, Clément Charlier et François Grenier. (Photo M.E.)
DeuxiĂšme rendez-vous de la saison entre les murs du chĂąteau de Vaudieu, Ă  ChĂąteauneuf du Pape sous l’autoritĂ© suprĂȘme du maĂźtre des lieux, Laurent BrĂ©chet. Un affrontement savoureux en trois actes : entrĂ©e, plat et dessert orchestrĂ© par une cheffe et deux chefs : Charlotte Crousillat qui ouvre prochainement son restaurant «With», boulevard Vauban Ă  Marseille, ClĂ©ment Charlier, «Les GĂ©rardies» Ă  Cavaillon et GrĂ©gory Brousse, «Le Mas de Peint» Ă  Arles. Si «La Naissance de VĂ©nus» de Botticelli reprĂ©sente la dĂ©esse sortant de l’eau sur une coquille Saint-Jacques, le peintre florentin qui est l’un des maĂźtres les plus importants de la Renaissance aurait pu, en son temps, choisir la charmante Charlotte pour modĂšle. Mais la seule chose dont ait «hĂ©rité» la cheffe est la coquille Saint-Jacques qu’elle devait travailler avec des salsifis, noix et noisette. Pour accompagner son plat, elle devait jouer avec un 100% grenache, Clos BelvĂ©dĂšre, du ChĂąteau Vaudieu. Un vin explosif, opulent, rond et trĂšs long bien tenu par une fraĂźcheur idĂ©ale. DĂšs lors, la recette concoctĂ©e avec talent par la jeune femme, toute de dĂ©licatesse, allait avoir du mal Ă  rivaliser avec le vin qui rĂ©clamait un plat plus corsĂ©. La jeune cheffe marseillaise, qui participait lĂ  Ă  son premier concours de cuisine, se contentait avec un large sourire de sa troisiĂšme place, exprimant avec sagesse sa foi en l’avenir : «Il y a beaucoup Ă  apprendre d’une telle aventure et tous les conseils qui m’ont Ă©tĂ© prodiguĂ©s Ă  cette occasion sont autant de voies Ă  suivre pour progresser
 » On ne peut pas dire que ClĂ©ment Charlier n’ait rien dans le citron
 Ce serait mĂȘme le contraire. Car, pour rĂ©aliser son dessert chaud/froid Ă  base de chocolat Valrhona, agrumes, poivre et liqueur citron bergamote Manguin, il lui a fallu du talent, certes, mais aussi une bonne dose d’intelligence. IntitulĂ©e «Comme un citron
 au chocolat», sa pĂątisserie a bluffĂ© nombre de convives hallucinĂ©s de voir arriver comme un citron dans une assiette noire et de goĂ»ter au raffinement du mĂ©lange des saveurs, l’osmose Ă©tant idĂ©ale entre tous les ingrĂ©dients. Du trĂšs grand art qui, ici aussi, n’a pas trouvĂ© son complĂ©ment parfait avec un excellent Saint-Joseph rouge 2015, cuvĂ©e «Signature» du Domaine François Grenier. Un mariage contrariĂ© qui a coĂ»tĂ©, sans nul doute, la premiĂšre place Ă  ClĂ©ment Charlier. Mais une chose est certaine, le chef des «GĂ©rardies» Ă  Cavaillon s’est offert une belle promotion pour son Ă©tablissement. Car si tout est Ă  la hauteur du citron cela doit valoir le dĂ©placement ! A dĂ©faut de lapin ou de pigeon, c’est un petit cochon qui est sorti du chapeau de GrĂ©gory Brousse qui devait composer avec le goret, les choux et la pomme de terre. Son cochon de montagne rĂŽti Ă  la sauge, en farce dans un chou et braisĂ© dans une pomme de terre fondante et servi avec un jus corsĂ© Ă©tait de belle facture; mais c’est avec un accord parfait mets-vin que le premier prix est sorti du chapeau. Le vin : un Gigondas rouge 2013, cuvĂ©e « Lieu-dit
 » du Domaine des Bosquets qui, pour augmenter le plaisir, fut servi en magnum. Un nectar signĂ© Julien Brechet dont le talent s’exprime totalement en cave. Et si ses vins sont plĂ©biscitĂ©s, notamment aux USA et en Grande Bretagne, force est de reconnaĂźtre que les anglo-saxons, entre autres, ont bon goĂ»t en la matiĂšre. Ce 2013 est fondu, riche, structurĂ© mais aussi trĂšs vif ; du pur bonheur ! Chapeau.
Michel EGEA

Articles similaires

Aller au contenu principal