Publié le 9 février 2018 à 11h07 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h30
Monsieur le Président de la République Emmanuel Macron,
Ce n’est pas en tant qu’élu que je prends la plume mais en tant que citoyen français fier des valeurs d’humanisme que porte mon pays. En tant que tel, je ne peux rester insensible au drame de la population Kurde d’Afrin, en Syrie, et au nombre grandissant de victimes civiles, hommes, femmes et enfants, à mesure que le conflit perdure.
Le président turc Recep Tyyip Erdogan, pour des raisons qui lui sont propres, a décidé d’envoyer son armée, contre le réduit d’Afrin qui avec des moyens dérisoires résiste depuis plus de deux semaines. Ces mêmes Kurdes ont été et sont toujours nos alliés dans la lutte contre l’État islamique et ils ont payé un très lourd tribut dans ce combat contre les djihadistes. Mais combien de temps encore les habitants d’Afrin pourront-ils résister à la deuxième puissance de l’Otan et que se passera-t-il alors ?
Monsieur le Président, par vos actions, vous démontrez votre volonté constante de faire en sorte que la France reprenne sa place de leader dans le concert des nations, sans crainte de dire à nos alliés, fussent-ils Président des États-Unis, vos désaccords éventuels sur les sujets essentiels.
Il est de la responsabilité des démocraties et de leurs dirigeants d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Aussi, est-il crucial d’envoyer un message fort à la Turquie. Les Pays-Bas, ayant un contentieux important avec Ankara et suite aux événements récents ont rappelé leur ambassadeur. Il est certain que si la France, l’un des pays fondateurs de l’Europe, rappelait également son ambassadeur, cela aurait un impact considérable et bien d’autres pays en ferait autant.
Cette action diplomatique ne serait pas dirigée contre la Turquie, mais serait un rappel salutaire des valeurs que nous défendons. Peut-on à la fois s’engager à commémorer le génocide arménien, et ne pas agir alors qu’un siècle après pointe un autre drame ?
Aussi, Monsieur le Président de la République, pour les habitants d’Afrin, l’avenir de notre pays mais également pour celui de la Turquie, rappelez notre ambassadeur à Ankara avant qu’il ne soit trop tard.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à l’expression de mes salutations les plus respectueuses.
Professeur Hagay Sobol
Conseiller du 6e secteur de Marseille