Publié le 13 mars 2018 à 16h06 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h46
Au Festival d’Aix-en-Provence on se souvient encore de son «Fantôme» qui avait hanté les coursives de la salle du Bois de l’Aune au Jas de Bouffan. C’est le lieu au sein duquel Benjamin Dupé, en 2014, avait installé son instrumentarium phénoménal, magique, mystérieux pour un spectacle musical que l’on pouvait apprécier debout, assis, couché… Et voici que le compositeur, explorateur de sons, revient du côté d’Aix-en-Provence pour le Festival avec son premier opéra «Du chœur à l’ouvrage», une production en tournée depuis sa création au Théâtre de Caen en mai 2017. Auparavant, ce spectacle est donné à deux reprises à La Criée; c’est un rendez-vous MP 2018 Quel Amour ! Auquel s’associe l’Opéra de Marseille. Une reprise avec les chanteuses et chanteurs de la Maîtrise des Bouches-du-Rhône et les musiciens de l’ensemble L’Instant Donné. A La Criée, nous avons retrouvé Benjamin Dupé avec grand plaisir. Entretien
Comment est né cet opéra ?
En fait c’est une commande du théâtre de Caen pour sa Maîtrise. Cela tombait bien, j’avais envie de travailler sur l’énergie des enfants, leur liberté et leur spontanéité. J’ai pensé que ce serait intéressant de les faire chanter leur propre histoire et j’ai demandé à Marie Desplechin, avec qui j’avais travaillé sur un autre projet, d’écrire une histoire sur mesure. Elle a rencontré les enfants, s’est imprégnée du travail de la Maîtrise et a écrit cette aventure d’une chorale naufragée, privée d’adultes et livrée à elle-même sur une île. Dans ce microcosme perdu et isolé s’affrontent les enfants dociles et les rebelles…J’apprécie beaucoup le travail de Marie qui est aussi une journaliste qui se documente sur le terrain.
Composer pour des voix d’enfants, n’est-ce pas contraignant, surtout pour son premier opéra ?
Pas vraiment. La seule chose dont il faut tenir compte c’est qu’ils n’ont pas de grave. Mais d’un autre côté, ils n’ont pas d’a priori et sont capables de s’amuser avec la production du son et l’utilisation de leur voix; ils peuvent être très inventifs. Il faut en tenir compte et diversifier la composition.
Depuis combien de temps travaillez-vous avec les enfants de la Maîtrise des Bouches-du-Rhône ?
En fait, avec leur chef de chœur, ils ont débuté les lectures en septembre dernier, à la rentrée. Puis, je suis venu plusieurs fois travailler la mise en scène quelques heures avec eux et nous avons eu un week-end de stage. Et depuis une semaine, nous sommes ici, sur le plateau de La Criée, c’est peu, une semaine pour monter un tel spectacle mais ils se sont très vite appropriés le projet, ils sont passionnés.
Si vous deviez qualifier leurs qualités en quelques mots ?
Discipline, attention, mémorisation : ils sont incroyables. Ce ne sont pas de petits exécutants; ils créent leur histoire et donnent toute sa dimension au spectacle.
Vous avez déjà travaillé l’œuvre avec les maîtrises de Caen et de Radio France, est-ce que vous modifiez des choses dans la composition ou dans la mise en scène en fonction des enfants qui sont face à vous ?
Pas du tout. Partition et mise en scène sont les mêmes. Ce que nous faisons, c’est seulement de passer du temps à observer les enfants un par un, à identifier leur potentiel scénique et vocal afin des les positionner dans la mise en scène de façon idéale. Il faut que le spectacle soit le plus chouette possible sur le plateau ; c’est ça la règle du jeu. Puis il ne faut pas oublier que c’est leur première expérience d’opéra total. Ils chantent souvent sur des productions mais ne sont pas les seuls protagonistes de l’action. Ici oui ; et leur investissement prouve combien ils apprécient…
Michel EGEA
Représentations les 13 mars et 15 mars à 20 heures au Grand Théâtre à La Criée, 30 Quai de Rive Neuve, Marseille (7e) Réservations : 04 91 54 70 54 – plus d’info: theatre-lacriee.com Un rendez-vous MP2018