Publié le 18 mars 2018 à 13h28 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h39
Les absents ont toujours tort, c’est bien connu… Et samedi après-midi, ceux qui ne sont pas venus assister à la représentation de «Monsieur Beaucaire», l’opérette romantique d’André Messager, ont eu tort, et pour plusieurs raisons ! La première c’est qu’ils sont passés à côté d’une partition des plus agréables, composée par Messager, avec de très beaux moments de musique et quelques airs divins. Du romantisme et une finesse parfaitement mis en valeur par l’Orchestre de l’Odéon dont on ne répètera jamais assez combien sa progression qualitative est édifiante ces dernières années. Un orchestre qui a bénéficié de la direction sensible et dentelée de Bruno Membrey qui affectionne tout particulièrement cette œuvre. De la dentelle, il y en avait dans les costumes choisis par le metteur en scène, Jean-Jacques Chazalet. Des roses barbe à papa, des pastels bleus, des turquoises, des crèmes anglaises : un tutti frutti délicieux qui convient parfaitement à cette pièce que l’on n’imagine pas sortie de son époque. Certes le livret est un tantinet cucul la praline, mais qu’importe ! Jean-Jacques Chazalet nous en met plein la vue et c’est très bien. D’autant plus que les interprètes, solistes et chœurs, ont décidé de nous en mettre plein les oreilles. A commencer par Charlotte Bonnet et Régis Mengus, Lady Mary et monsieur Beaucaire qui survolent la représentation avec puissance et aisance. Charlotte Bonnet n’a pas peur d’aller se promener sur les sommets de sa tessiture et le fait très bien, quant au baryton, outre un charme indéniable, il maîtrise totalement son art offrant une ligne de chant souple et ample. A leurs côtés, l’ensemble de la distribution nous régale, comme on dit du côté du Vieux-Port. Jennifer Courcier est une Lady Lucy coquine et bien en voix, Samy Camps un Molyneux idéal avec une jolie ligne de chant, et Guy Bonfiglio un Winterset tellement crédible et présent qu’il se fera huer aux saluts, non point qu’il fut mauvais, mais seulement qu’il est le méchant de l’histoire… Il en a beaucoup ri ! Les piliers de la maison réunis sur cette production : Desmons, Bonelli, Delfaud furent irréprochables avec une mention pour Dominique Desmons, Nash le roi de Bath, exemplaire dans son jeu et dans son chant. Dès lors, Gilen Goicoechea, Alfred Bironien, Frédéric Cornille et Arnaud Delmotte avaient intérêt à être à la hauteur : ce fut le cas ! Des bravi, aussi, pour le chœur Phocéen qui, à l’instar de l’Orchestre, a grandement progressé sous la direction de Rémy Littolff, ainsi que pour les danseurs. Alors oui, il fallait être là samedi et ce dimanche après-midi à l’Odéon. Si Marseille veut continuer à être l’une des seules, voire la seule, place forte de l’opérette en France, il faut que le public accepte qu’il n’y ait pas que «Le Chanteur de Mexico» ou «Valses de Vienne» dans ce répertoire, mais d’autres joyaux qu’il faut apprécier par sa présence.
Michel EGEA