Publié le 26 mars 2018 à 15h17 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h39
C’est à l’unanimité que Franck Bergamini a été réélu secrétaire général de l’UD FO 13 lors du Congrès qui vient de se tenir à Marseille. Un événement qui n’est pas anecdotique lorsque l’on se souvient de l’opposition des Territoriaux au fait qu’il succède à Gérard Dossetto, à la suite du décès de ce dernier. Un congrès lors duquel Jean-Claude Mailly, secrétaire général de la Confédération Force Ouvrière est revenu sur la position de l’organisation lors de l’été 2017 avant d’indiquer, concernant les mouvements sociaux en cours: «Nous sommes face à un gouvernement de plus en plus libéral sur le plan économique et autoritaire pour faire passer ses projets».
Franck Bergamini a rendu hommage à Gérard Dossetto en propos introductif avant de rappeler que l’UD FO 13 a 70 ans: «Malgré toutes les attaques contre les salariés, contre notre organisation, notre Union Départementale est toujours debout, forte, libre et indépendante. Elle est toujours la première UD de notre confédération». Il en vient à la situation dans les Bouches-du-Rhône: «Il ne fait nul doute qu’aucune des contre-réformes gouvernementales, devant soit-disant aboutir à une réduction du taux de chômage, n’a porté ni ne portera ses fruits». «En revanche, ajoute-t-il,les effets que nous avons annoncés et redoutés: flexibilité, précarisation des contrats, plus de facilités de licenciement, se sont bien réalisés. Force est de constater que la variable d’ajustement reste toujours les salariés». Il en vient au Code du Travail: «Il permettait au départ un certain équilibre entre droits et devoirs dans une entreprise, dans les relations entre salariés et employeurs. Mais, après les Lois Rebsamen, travail, Macron et je ne parle même pas des ordonnances, le Code du travail n’est aujourd’hui plus qu’un point d’appui pour les employeurs malintentionnés contre le salariat». A ce propos, il note: «Il y a eu 14 manifestations, rien que contre la Loi Travail et notre organisation a été la première a monter au créneau contre cette Loi scélérate. Mais ces manifestations n’ont pas fait bouger le gouvernement et il a fallu en tenir compte, agir autrement».
«Comment l’argent a-t-il pu ainsi prévaloir sur l’humain?»
Franck Bergamini aborde les combats à venir: «Comment ne pas évoquer la défense de la Sécu? Elle fait partie de notre ADN, elle est en danger. Les lois de financement de la Sécu et ses conventions d’objectifs et de gestion en ont fait un système à objectifs rentables alors qu’elle est la base même de notre solidarité. Comment l’argent a-t-il pu ainsi prévaloir sur l’humain? La protection sociale dans son ensemble est attaquée et avant tout par des réductions de coûts drastiques». Il insiste sur la situation de l’hôpital public pour dénoncer les attaques, demander l’abrogation de la Loi Touraine. Et de conclure son intervention en parlant de l’organisation et toute son importance pour résister, riposter. «Notre développement passera obligatoirement par le nombre d’implantations dans les entreprises; la création d’une union des cadres, ingénieurs et médecins; l’implantation dans le secteur agricole». Après une série d’interventions le Congrès s’interrompt pour tenir un meeting devant le Parc Chanot. Jean-Claude Mailly lance: «Les 3 fonctions publiques sont attaquées. On veut à tout prix réduire les déficits». «Comment comprendre, poursuit-il, que le gouvernement prévoit 5 milliards de recettes fiscales supplémentaires et refuse de mettre 1 milliard pour les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) alors que c’est un enjeu de société. Je ne sais pas ce qu’est le nouveau monde dont parlent certains mais si c’est cela, tandis que le vieux monde c’est la défense de la République, alors vive le vieux monde et vive FO ».
«Cette journée de mobilisation est réussie. C’est un coup de semonce pour le gouvernement»
Les travaux reprennent l’après-midi avec des interventions et les résultats des votes qui sont sans appel: unanimité pour Franck Bergamini tout comme le projet de résolution. Jean-Claude Mailly considère: «Cette journée de mobilisation est réussie. C’est un coup de semonce pour le gouvernement». Souligne que «de nombreux pays connaissent une crise de la représentation politique. Qui aurait pensé, il y a deux ans, que Macron serait élu, que Trump le serait également, que l’Angleterre voterait le Brexit, qu’un Parti d’extrême droite ferait 15% en Allemagne et, qu’en Autriche, c’est un gouvernement d’union centriste-extrême droite qui serait mis en place et qu’en Italie on assisterait au retour de la momie Berlusconi. Cela veut dire que, quelle que soit la coloration politique des gouvernements successifs les gens se disent que cela ne change rien». Il estime que la crise financière de 2008 s’est estompée mais, estime-t-il: «Personne ne peut dire qu’elle ne rebondira pas car la spéculation existe toujours. En 2008 les États sont intervenus massivement faisant exploser la dette publique. Mais pourraient-ils faire de même aujourd’hui? C’est dans ce contexte qu’ont eu lieu les élections». Jean-Claude Mailly n’omet pas de parler de la Loi El Khomri «que nous avons découverte dans la presse et qui remet en cause la hiérarchie des normes dans notre pays. Si nous nous sommes bagarrés c’est parce que nous n’avons pas pu discuter. j’ai rencontré 3 fois Hollande, chaque fois nous avons été face à un mur. Or notre boulot est d’essayer de convaincre et s’y nous ni arrivons pas, de mobiliser. Mais que faire face à un Président en fin de mandat sans majorité, y compris dans son propre camp et qui ne veut rien entendre? Arrive la Présidentielle, Emmanuel Macron annonce des ordonnances, des réformes et qu’élu, il irait vite. Il est élu et met en application ses engagements. Que faire? S’il retire son premier projet, il peut démissionner tout de suite. Alors notre boulot consiste à discuter, gagner des choses et nous avons gagné sur des points.» «Parallèlement, ajoute-t-il, nous avons déposé une dizaine de recours, tant au niveau national qu’européen. Enfin les 5 confédérations se sont vues à plusieurs occasions pour se mettre d’accord sur des lignes rouges que le gouvernement ne pouvait franchir. Après, il y a eu 14 mobilisations qui n’ont pas permis d’obtenir quoi que ce soit là, où nous, nous avons obtenu des choses».
«Le service public est le bien de ceux qui n’ont rien»
Il rappelle qu’il a demandé aux présidents Sarkozy, Hollande et maintenant Macron un débat public sur les missions du service public républicain «sachant que le service public est le bien de ceux qui n’ont rien. Sarkozy a dit oui et ne l’a pas fait, Hollande a fait de même, tout comme Macron. Ils n’osent pas dire ce qu’ils veulent faire. Pendant ce temps la situation ne cesse de s’aggraver dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, c’est de la maltraitance officielle. Et que dire des hôpitaux? J’ai rencontré 70 directeurs d’hôpitaux disant ne plus en pouvoir». Il n’oublie pas la SNCF: «Le problème n’est pas le statut des cheminots mais les directives européennes qui découpent le réseau de l’entreprise de transport et, deuxièmement, la SNCF souffre d’un manque d’investissement sur les réseaux secondaires». Pour conclure, il rappelle : «Il faut veiller tous les jours à l’indépendance syndicale, c’est notre respect individuel. Nous avons le droit d’avoir une religion ou pas, d’être membre d’un club philosophique ou pas, d’un parti ou pas mais, en revanche, on n’en parle pas dans le syndicat».
«Dominique Blanc, mon double»
Au préalable, Alain Comba a annoncé son départ du bureau de l’UD, parle de son parcours syndical, de sa première carte, en 1969, où il milite alors au syndicat du travailleur de la métallurgie marseillaise dont il deviendra secrétaire général et se réjouit «de savoir que c’est aujourd’hui une femme, Nathalie Caille, qui est à sa tête». C’est en 1982 qu’il devient permanent à l’U DFO 13 et se demande encore en souriant: «Comment on a pu me supporter?». Évoque avec émotion les valeurs d’amitié et de fraternité, pense «au trop grand nombre de copains fauchés» parmi lesquels, «Dominique Blanc, mon double. Lorsqu’il est mort, je me suis demandé si cela valait la peine de continuer mais, Gérard Dossetto m’en a dissuadé me demandant d’aider les jeunes. Comme je respecte la parole donnée, même à un mort, je suis resté, je me suis battu pour Franck et je continuerai». C’est Fabrice Ribeiro qui lui succède à l’UD.
Michel CAIRE