Publié le 8 avril 2018 à 14h18 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h46
Pour l’avant dernier rendez vous du Festival de Pâques, C’est le Russian National Orchestra qui était invité en compagnie de son fondateur et directeur musical Mikhaïl Pletnev et du jeune pianiste français Lucas Debargue. Pour débuter le concert, les Russes avaient décidé de nous faire découvrir le compositeur polonais Mieczyslaw Karlowicz avec sa sérénade en ut pour orchestre à cordes. Adhérent du mouvement Jeune Pologne prônant la pérennité de l’art polonais, Karlowicz livre cette partition en 1896. Rien de révolutionnaire dans la composition, les trois premiers mouvements relevant du salon de musique des bourgeois viennois, le final, seul et (trop) court laissant entrevoir et entendre quelques moment de musique novateurs. Avec cette sérénade, un concerto pour violon, une musique de scène, une symphonie, quelques lieder et six poèmes symphoniques seront son seul héritage musical puisqu’il décèdera, à 33 ans, dans un accident de ski. C’est avec le concerto pour piano en sol majeur de Ravel que se poursuivait le concert. Et l’occasion, pour ceux qui ne l’avaient pas entendu ces dernières années à La Roque d’Anthéron, de découvrir le jeune virtuose français. Très concentré, précis, le pianiste est entré dans la partition pour nous en détailler les secrets les plus intimes. Debargue vit totalement cette musique et la partage volontiers avec ceux qui veulent bien l’entendre. Le silence qui régnait dans la salle au moment où il se produisait étant d’ailleurs fort significatif de la qualité d’écoute d’un public captivé. Il faut dire que le deuxième mouvement, adagio assai, du concerto fut une pure merveille, avec de la passion, de l’émotion, une extrême finesse et une virtuosité hors normes avec de beaux dialogues piano/hautbois et piano/flûte. Rien que pour ce moment il fallait être là samedi soir. Ovation pour le prodige avant Fauré et Scarlatti offerts au public. Après l’entracte, les musiciens russes allaient briller pour l’interprétation de la symphonie n° 3 «Polonaise» de Tchaïkovski. Une symphonie déroulée comme un conte par Mikhaïl Pletnev. Le directeur musicale, très rigide dans son allure, a tourné une à une les pages des cinq mouvements pour livrer une interprétation colorée, tour à tour sensuelle et puissante, de cette œuvre mettant en exergue la souplesse des cordes de son orchestre, la beauté des bois et le brillant des cuivres. Une exécution solide ponctuée par la valse de la «Mascarade », musique de scène de Katchaturian. Spasiba !
Michel EGEA
Lucas Debargue dans votre discothèque
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