Publié le 10 avril 2018 à 10h09 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h41
Parmi les quelque 200 délibérations portées au vote ce lundi 9 avril, le budget primitif de 1,464 milliard d’euros -dont 1,019 milliard pour le fonctionnement et 445 M€ pour les investissements- n’a pas fait l’unanimité sur les bancs de l’opposition avec un vote contre à la fois des PS, PCF et FN.
Pour Roland Blum, le rapporteur LR du budget, «Ce document s’appuie sur quatre piliers: des économies, le désendettement, la stabilité fiscale et les investissements». Concernant les dépenses, l’élu se félicite : «Les dépenses de fonctionnement atteignent 1,019 milliards d’euros, soit une évolution de seulement +0,9% par rapport à 2017. Mieux, si l’on prend en compte un certain nombre de retraitements, les dépenses de fonctionnement sont en baisse de 0,2% par rapport à l’an passé. A périmètre équivalent on note une diminution de 3,1% des frais de fonctionnement des services, des subventions de 1,2%, des frais financiers de 8,5% et une progression contenue de la charge de personne de +1%». Il en vient aux recettes et rappelle: «La plus importante de l’État est la Dotation globale de fonctionnement: nous avons perdu 60M€ en 4 ans sous le précédent gouvernement. Le nouveau fonctionne différemment, il maintient le niveau de cette dotation si les grandes collectivités, comme la nôtre, s’engage, dans un dispositif de contractualisation pour 3 années avec l’État, à intervenir d’ici fin juin. Le dispositif porte sur la limitation de l’évolution annuelle des dépenses de fonctionnement à +1,2% (inflation comprise et hors critères de modulation prévus par les textes); la diminution du besoin de financement, ainsi qu’une trajectoire d’amélioration en cas de dépassement du seuil de capacité de désendettement (de 12 ans pour les communes), ce qui n’est pas le cas de la ville de Marseille, en-deçà du plafond».Roland Blum d’insister : «Notre dette est bien gérée même si elle est historiquement élevée». Puis d’assurer que la fiscalité n’augmentera pas «tout ceci en maintenant un taux d’investissement élevé: 195M€, grâce, notamment, à l’aide du Département». Et de conclure: «Lorsque l’on voit où Marseille en était il y a 20 ans et où elle en est aujourd’hui on ne peut que constater à quel point cette ville se développe».
«Cela permettrait donc d’économiser dès aujourd’hui 25M€»
Benoît Payan, président du groupe PS, ne l’entend pas ainsi. Et de construire sa critique du budget à partir des temps d’activités périscolaires (TAP): «Rentrée après rentrée, budget après budget, la majorité LR n’a eu de cesse de se servir des TAP pour justifier ses augmentations d’impôts. Le montant de 25M€ a été répété à l’envi par la majorité». «Mais, ajoute-t-il, ce n’est un secret pour personne, la Ville qui a été si lente à mettre en place ces TAP se précipite pour les supprimer. À les suivre, cela permettrait donc d’économiser dès aujourd’hui 25M€». Et préconise que «8M€ doivent en priorité revenir à l’éducation. Une telle somme permettrait d’augmenter de près d’un tiers le budget investissement dans nos écoles ! Ce serait l’équivalent d’une école neuve inaugurée chaque année. 8M€ doivent ensuite venir en soutien aux activités sportives, artistiques et culturelles des petits Marseillais. Les associations et les acteurs d’éducation populaire pourraient ainsi lancer un grand plan de l’école du mercredi. Cela représenterait quasiment 50% d’augmentation du budget d’aide au monde associatif, et la continuité des actions extra-scolaire, vecteur d’égalité. Enfin, les 8 millions restant doivent être rendus aux Marseillais. Si on a réussi à augmenter les impôts pour les TAP, on devrait réussir à les baisser en supprimant les TAP. Directement via des baisses de tarifs ou d’impôts ou indirectement via des budgets participatifs. Cet argent doit leur être rendu». Benoit Payan dénonce à la fois: «Le jackpot que représente les PV pour le stationnement. Nous n’avons pas encore le casino mais nous avons déjà les machines à sous…» mais également la baisse des subventions «à un monde associatif qui tient la ville par les deux bouts».
Jean-Marc Coppola, PCF, lance, à l’adresse du maire de Marseille: «Vous ne parlez pas de la fracture sociale, du ras-le-bol, la colère alors qu’il suffit d’une étincelle pour que les choses basculent. Votre budget est placé sous le sceau de l’austérité. D’autres collectivités ont refusé le contrat d’automutilation du gouvernement, vous, vous vous y soumettez». Il enchaîne: «Vous gérez sans écouter les citoyens, la mal vie qui devient insupportable. Avec un tel système ne soyez pas étonné de la perte de sens de l’intérêt général et la montée de la violence imbécile».
Jean-Claude Gaudin se réjouit de l’évolution «vertueuse» des dépenses
Le FN, par la voix de Stéphane Ravier, profite du budget pour parler d’hyper-violence, d’islamisme radical… En matière de Marseille bashing, difficile de faire mieux. Jean-Claude Gaudin se réjouit pour sa part de l’évolution «vertueuse» des dépenses, de la réduction de la dette «moins 160M€ en quatre ans», de la stabilité fiscale «qui va se poursuivre jusqu’à la fin de ce mandat». Puis de se vouloir rassurant envers Benoît Payan: «la vie associative n’est pas menacée». S’adressant à Jean-Marc Coppola, il déclare: «Nous ne cédons pas au gouvernement, nous prenons acte d’une nouvelle manière contractuelle d’agir qui nous paraît préférable aux coupes sombres de la précédente majorité». Puis il se tourne vers le FN: «Vous ne pouvez vous empêcher de distinguer les populations en fonction de leurs origines, leur statut social. Telle n’est pas notre vision».
Michel CAIRE