Terrasses du Port à Marseille – Skola, l’atout insertion des Apprentis d’Auteuil

Publié le 30 mai 2018 à  18h33 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h49

Aux Terrasses du Port, le Pop-up Store a rouvert ses portes… Ils sont quelque vingt stagiaires à faire vivre le lieu et à s’initier aux métiers de la vente. Un peu plus loin à la Coque, une douzaine de jeunes se forment quant à eux aux métiers de la fibre optique… En un mot, Skola, le dispositif impulsé par les Apprentis d’Auteuil, reprend du service à Marseille. Mais pas que.

Aux Terrasses du Port, le Pop-up Store a rouvert ses portes (Photo C.P.)
Aux Terrasses du Port, le Pop-up Store a rouvert ses portes (Photo C.P.)
Feu vert pour de nouvelles sessions. Skola, le dispositif initié par les Apprentis d’Auteuil et décliné sur diverses filières a certes trouvé de l’écho à Marseille. Ainsi Skola Vente a élu domicile pour la troisième fois déjà au sein des Terrasses du Port. Ce qui n’était au départ qu’une expérience, menée en partenariat avec le groupe britannique Hammerson est doucement mais sûrement en train de s’ancrer dans le temps. Le Pop-up Store du deuxième étage reprend donc du service d’avril à juin, avec une toute nouvelle équipe, soit une vingtaine de «skolistes» recrutés principalement sur la teneur de leur motivation, explique Leila Mariaud, partie prenante du collectif pour l’emploi, chargée des sujets insertion chez Vinci et impliquée dès les prémices sur l’ingénierie du projet Skola. «Le mot d’ordre, c’est le suivant : on te choisit parce que tu es motivé, on te forme et tu fais le job… Ce sont des jeunes qui ont envie, ils ont donc la base, malgré l’existence possible de freins périphériques. Ainsi, cette motivation couplée au coaching et à la formation dispensée leur donne des ailes», résume-t-elle. Freins périphériques, certes… Puisque les publics ciblés par le dispositif sont généralement des 18-26 ans éprouvant des difficultés d’insertion, ces derniers sourcés avec le concours du Pôle Emploi, des Missions locales, de la CCIMP ou encore l’École de la deuxième chance. A la sortie de formation, le pari s’avère bien souvent gagnant : le taux d’insertion des anciens diplômés s’élève à 75% toutes filières confondues (puisqu’il y a aussi Skola Fibre, dont la nouvelle session a démarré simultanément avec 12 jeunes et les formera aux métiers de la fibre optique, et Skola Hôtellerie, qui débutera ce mois de juillet). Dans la seule filière vente, ils sont près de 80% à avoir trouvé CDD ou CDI… Ainsi, Skola, qui cible la formation à des métiers en tension, se pose comme une illustration de ce que nombre de décideurs et d’institutions commencent aujourd’hui à réaliser : il est peut-être dépassé, sur certains postes, de recruter sur la seule foi du CV quand le savoir-être et la motivation sont au rendez-vous…

Un dispositif qui se déploie

L’énergie débordante entre les murs du Pop-up Store le démontrait sans peine lors de la première séance de coaching, ce 23 mai. Directeurs de boutiques et vendeurs jouent en effet le jeu et s’associent au dispositif afin de driver les nouveaux skolistes, dans une ambiance très speed dating. Les uns et les autres s’apprivoisent et à l’issue de la séance, chaque jeune choisira le coach qui le suivra pendant le reste de la session, explique encore Leila Mariaud, qui rempile en tant que coach pour la troisième session consécutive. De façon générale, le cursus est fortement axé sur le placement en entreprise. Il comprend des temps de formation au sein de la boutique, soit 210 heures au total pour apprendre «merchandising, calculs commerciaux, pourcentages, marges, bénéfices, mise en place d’un magasin, thèmes», énumère Landeia Moniz, une ancienne skoliste. Outre les compétences métiers, on compte aussi job dating, ateliers CV et donc, coaching. «On leur explique comment se présenter, on les aide à réaliser ou à dynamiser leur CV… On évoque leurs qualités et leurs défauts. Certains en divulguent des rédhibitoires, comme la ponctualité… Il faut donc leur faire comprendre qu’en entretien d’embauche, cela ne passera pas»… et qu’il vaut mieux travailler sur ces points d’achoppement afin de les estomper. «Vous allez donc engranger du savoir-être, et cela fera toute la différence face à des candidats qui ont les mêmes compétences que vous sur le CV, mais qui eux, ne l’ont pas acquis», leur précise Marie Canton, la nouvelle directrice du centre commercial des Terrasses du Port, tout dernièrement nommée et ravie de se prêter au jeu. «Hammerson est fier d’accueillir Skola, il s’agit d’une expérience collective», renchérit-elle. Effectivement, le groupe britannique, séduit par le dispositif, a décidé de le décliner dans d’autres de ses centres commerciaux. Ainsi, outre Marseille, il se développe sur deux autres villes : Beauvais, au sein du centre commercial Jeu de Paume, où la première session vient de débuter et Saint Quentin en Yvelines, qui verra sa première formation Skola vente être lancée en septembre 2018. Mais cet intérêt fait des émules, puisqu’un autre groupe, Unibal Rodamco s’est également montré très réceptif à la démarche de Skola. D’autres formations vont donc voir le jour en septembre à Lille (centre commercial Euralille) et Cagnes-sur-Mer. L’objectif étant de faire coïncider la fin des formations avec le début des périodes de soldes pour faciliter les embauches… Skola a donc de beaux jours devant lui.

Quinze créateurs marseillais partenaires

Mais revenons au Pop-up store de Marseille, réactivé depuis le 24 avril dernier. «Nous avons monté la boutique en une semaine», explique Capucine Jullien, à qui l’on a dévolue le rôle de responsable de boutique. Pendant ces deux mois, elles sont deux à encadrer les vendeurs, «soit des équipes de deux le matin et deux l’après-midi du lundi au vendredi, un effectif qui monte à trois le week-end par demi-journée, au vu de l’affluence», précise la jeune femme. Ils s’appliqueront à vendre les pièces d’une quinzaine de créateurs locaux, partenaires du dispositif. Parmi ceux-ci, des marques reconnues comme Kulte ou Kaporal, qui s’est «immédiatement impliqué. Nous sommes aujourd’hui ravis d’accueillir dans notre équipe des jeunes formés au métier et déjà familiarisés à notre univers», avance la directrice générale de la marque Laurence Paganini, précisant que, outre l’accueil de stagiaires skolistes, elle a également recruté en CDI l’un des anciens diplômés. Mais Skola est également soutenu par de jeunes créatrices prometteuses. Il y a par exemple Noëlle Praticci-Roux, médaille d’or départementale du concours Meilleurs Apprentis de France à seulement 16 ans qui s’est notamment exportée jusqu’à New York. Ou Nouria Nehari, initiatrice de la marque de maroquinerie Nehari Créations. La fibre sociale de cette dernière n’est d’ailleurs plus à démontrer : travaillant initialement dans ce secteur, elle se reconvertit dans la reliure, puis dans la maroquinerie en donnant le jour à des sacs à géométrie variable brevetés… ces derniers fabriqués dans son atelier Quartier Marro, entreprise d’insertion basée dans les locaux de l’École de la deuxième chance. Skola s’imposait donc comme une suite logique… Bref, une mise en avant au sein de la boutique des marques du territoire, «et une réponse innovante à la problématique de l’insertion. Nous y sommes d’autant plus sensibles que celle des futurs créateurs, managers et vendeurs est au cœur des préoccupations de la Maison Mode Méditerranée», affirme son président Matthieu Gamet, également fondateur de la marque Kulte. Du côté des Skolistes, les bénéfices du dispositif sont évidents. «Aujourd’hui je travaille dans un secteur totalement différent, mais la formation et les acquis que j’ai pu avoir m’ont permis d’être encore plus professionnel car je suis au contact des clients au quotidien», évoque ainsi Mehdi, diplômé de la première session.
Carole PAYRAU

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