Publié le 2 juin 2018 à 10h35 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h49
Olivier Abel, professeur de philosophie éthique à la faculté de théologie protestante de Montpellier, était invité de Marseille Espérance pour une conférence sur le thème «Religion et violence, dans la société d’aujourd’hui, la religion mène-t-elle à la violence?». A l’auditorium de la Bibliothèque de l’Alcazar, il est accueilli par Xavier Méry, adjoint au maire de Marseille, en charge de l’intégration et de la lutte contre l’exclusion accompagné de Christophe Roucou, prêtre à la Mission de France et spécialiste du dialogue islamo-chrétien (jusqu’en 2015, directeur du Service national pour les relations avec l’islam (SRI) de la Conférence des évêques de France).
Olivier Abel souligne en introduction qu’on ne renonce pas à une société sans conflit, «si on avait tous le même Dieu, le monde serait en paix » ou bien l’on rêve de : «aucun Dieu, plus de violence » comme dans le stalinisme qui invente un homme nouveau. Selon lui : «Il y a conflit et c’est humain». L’occasion «de reconnaître cette violence et de la travailler pour la rendre fertile.» Olivier Abel prend «le problème par les deux bouts » en décrivant «l’Histoire de la montée de la religion vers la violence» puis «la montée de la violence qui donne du sacré, de la religiosité». En première partie, le penseur protestant donne sa définition du monothéisme, un sacré double, «fait à la fois de ressemblance au père et de dissemblance avec l’horreur de la représentation dans le mouvement iconoclaste». La problématique qui s’ouvre est «celle du vrai et du faux pas de l’un et du multiple». Puis, cite quelques grandes étapes de l’Histoire des monothéismes que lui, explique-t-il, connaît mieux que l’animisme ou le bouddhisme. Parle de l’idée du «Peuple élu», le modèle horizontal de l’alliance qu’il oppose au modèle vertical du père, de la généalogie. L’empire romain, poursuit-il, «c’est la verticalité du père qui décide de tout pour l’enfant, un père qui peut être bon mais aussi despote.» Le monde grec au contraire, c’est pour Olivier Abel, l’idée horizontale du «lien conjugal». On recommence tout à zéro, ailleurs, en détruisant la tradition. Notant ainsi: «On est très proche du djihad, des systèmes concentrationnaires (nazisme, stalinisme)». Dans un deuxième temps, Olivier Abel revient sur «la violence qui génère du sacré.» Considère: «Il y a une religiosité dans l’athéisme: dans l’idée du progrès», voit l’idée du salut, «dans celle de la souveraineté, celle des attributs de Dieu.» Pense que l’on continue l’apôtre Paul (Galates 3.28) avec l’idée d’un monde «sans juif, ni grec, sans homme et sans femme…» Voit dans le transhumanisme, «la divination de l’humain avec l’abandon du corps.» Après avoir étudié la pensée de Hobbes, conclut : «l’Homme est capable de faire son propre malheur. Les religions connaissent cette énergie d’auto-destruction. Elles la convertissent en bonté, en compassion» et renvoie à L’Exode chapitre 34. Pour lui le «canon», le droit canonique religieux «installe des querelles d’interprétation et on n’a pas fini d’interpréter…»