Publié le 6 juin 2018 à 22h57 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h49
Après un chantier hivernal long et chargé, «Made in Midi», le nouveau Class40 de Kito de Pavant, a été mis à l’eau ce mercredi 6 juin à Port-Camargue (30), pour entamer la préparation à la Route du Rhum 2018, en novembre prochain. Une troisième participation à cette transat en solitaire mythique pour le marin méditerranéen, 3e lors de la dernière édition, qui vise la victoire dans sa catégorie. Un Kito toujours très ambitieux côté mer, avec une première «mise en jambes», la Rolex Giraglia, du 8 au 13 juin. Un Kito également terre à terre dans sa recherche d’un partenaire majeur.
Plus terrien que marin, l’hiver dernier, Kito de Pavant. C’est qu’après avoir mis pied à terre à Salvador-de-Bahia, au Brésil, le 20 novembre 2017, avec une superbe 5e place sur la Transat Jacques-Vabre en double avec Yannick Bestaven, il ne la pratiquement plus reposé, ce pied, sur le pont d’un voilier. Enfin si : sur celui, mis au sec et en chantier tout l’hiver, de son nouveau bateau, un Class40 sur lequel le skipper méditerranéen va s’aligner au départ de la prochaine Route du Rhum, le 4 novembre prochain, à Saint-Malo. Un « joujou » revisité et optimisé qui a retouché son milieu naturel, l’eau, ce mercredi 6 juin à Port-Camargue, après six mois d’un chantier que le skipper espérait plus court… «On s’est fait piéger, sourit aujourd’hui Kito de Pavant. Avec l’équipe, on pensait que sur un 40 pieds, il y aurait un tiers de travail, et donc de temps en moins, que sur un 60 pieds… Eh bien, ce n’est pas vrai du tout, c’est la même chose: de l’électronique, de la stratification, de l’énergie, de l’informatique, de la mécanique, et de la cosmétique… Surtout le dernier point, la cosmétique, qui a posé le plus de soucis ! ».
Des problèmes de… cosmétique !
Oui, la cosmétique. Non pas une histoire de maquillage ou de soins de visage sur un Kito qui ne compte que sur le soleil et le sel pour se «farder». Mais plutôt les «couleurs» sous lesquelles le 40 pieds va courir la prochaine Route du Rhum. «On a perdu du temps à la recherche de partenaires principaux, explique Kito de Pavant. Et on a attendu le dernier moment pour décider du nom du bateau, de la couleur, des logos. Aujourd’hui, le bateau s’appelle « Made in Midi ». On est un peu ric-rac au niveau du budget, mais, quelque part, ça a des bons côtés. Notamment celui de mettre en avant ces partenaires fidèles et historiques qui nous suivent depuis le début de ce projet fédérateur des entreprises d’ici. On se retrouve un peu dans la même situation d’avant la Route du Rhum 2014 : cela ne nous avait pas empêchés de la faire, et cela avait même débouché, avec Bastide et Otio, sur le Vendée Globe suivant. Cette fois-ci, Bastide Médical et Otio (Groupe HBF) ne seront plus partenaires majeurs. Et on est toujours à la recherche d’un partenaire qui prendrait le naming pour le Rhum».
«Ce bateau, Hugo le connaît mieux que moi»
Un Rhum que Kito de Pavant va enfin pouvoir préparer en conditions réelles. « Enfin ça sent l’iode, c’est mieux que la poussière», souligne-t-il, citant la phrase préférée de Brice de Crisenoy, l’un des membres de son équipe technique, heureux de pouvoir enfin respirer l’air du large. Car, même si Kito a pu régater cet hiver sur différents supports histoire de ne pas perdre la main, là, il va enfin pouvoir évaluer les qualités de son nouveau «destrier». «On va naviguer pratiquement tous les jours, pour tester les modifications, valider des choix. J’ai besoin d’apprendre ce bateau. Hugo (ndlr : son fils, qui a convoyé le bateau de Norvège à Port-Camargue) le connaît mieux que moi ! La concurrence va être rude. J’ai suivi de près la Normandy Channel Race (régate de course au large réservée aux Class40 se déroulant en Manche), et il va falloir gommer le retard qu’on a pris sur pas mal de 40 pieds qui seront au départ du Rhum ».
Être à l’heure sur la Rolex Giraglia
Premier test grandeur nature, la Rolex Giraglia, du 8 au 13 juin. « La Giraglia est une excellente mise en jambes et très révélatrice des qualités du bateau. Ce sera ma troisième ou quatrième participation, je crois. Avec chaque fois de bonnes performances, que ce soit sur les parcours côtiers devant Saint-Tropez que sur la grande course (de Saint-Tropez à Gênes, en passant par la Giraglia, un rocher au nord du cap Corse). Ensuite, retour à Port-Camargue pour un entraînement d’une semaine en solo en Méditerranée, pour prendre des notes et éventuellement corriger le tir sur certains postes. On réserve tout le mois de juillet pour nos partenaires. En août, il y a une course que j’aimerais faire, entre Palerme et Monaco. En double ou en équipage très réduit. Une course sympa, qui prend de l’importance. Ça peut me permettre aussi de voir ce qui se fait en Med, pour d’autres projets que j’ai en tête. Mais pour l’instant, l’objectif premier, c’est le Rhum !»
Rugbymen et handballeurs : «Ils sont les bienvenus, s’ils ne cassent rien»
Kito de Pavant n’aime pas que la voile. Féru de tous les sports, il est le premier supporter des handballeurs de Montpellier dans leur quête du Graal européen, décroché la semaine dernière. Et aussi des rugbymen du MHR, finalistes du Top 14. Ayant déjà tissé des liens étroits avec Patrice Canayer, le «skipper» du MHB, mais également avec des « rugbypèdes » du MHR, Kito de Pavant prévoit bien entendu de faire naviguer certains handballeurs et rugbymen sur son Class40 « Made in Midi » . «On va essayer d’organiser ça», explique celui qui craint toutefois pour l’intégrité de son bateau. «Avec la force et les brandillons qu’ils ont, ils sont les bienvenus, s’ils ne cassent rien ! », sourit un Kito de Pavant qui, même si, au niveau «brandillons», ne peut pas rivaliser avec un Bismarck Du Plessis, a toutefois de quoi impressionner les gros bras du sport montpelliérain. Ne serait-ce que pour «monter» tout seul une grand-voile qui pèse autant que la mêlée du MHR à elle seule. «J’ai aussi un objectif », glisse-t-il, «C’est enfin de faire monter Mohed Altrad (ndlr : Président du MHR et PDG de la société éponyme) sur le bateau. Il avait été un des premiers partenaires de Made in Midi, au début de l’aventure. J’ai eu très peu l’occasion de le remercier. Ce serait l’occasion». Message passé.
Frères de mer
Après presque 2 ans de tournage, les marins méditerranéens Kito de Pavant et Jonathan Chodkiewiez sont à l’honneur dans Frères de mer, un film de Sophie Vernet raconté par la fille de Kito, Lillie De Pavant, diffusé ce lundi 4 juin sur France 3 Occitanie et à voir en replay sur le site de la chaine. Jonathan, préparateur de l’Imoca Bastide Otio pour le Vendée Globe 2016 et concurrent de la Mini Transat 2017, se prépare aujourd’hui pour la Mini Transat 2019, avec la ferme intention de remporter l’épreuve ! En Occitanie, aux côtés du Team Made in Midi. «C’est peut-être un film de marins et de Méditerranée. Une épopée sans frontières qui suit des hommes chahutés dans leur engagement. Sur un Vendée Globe ou une transatlantique, la mer, elle ne les épargne pas, les marins de la course au large. Jon va partir pour sa première transat en solitaire et Kito prendra l’un de ses derniers départs. C’est un film d’hommes qui prennent la mer et que le large dévoile. Au fait, moi, je les observe depuis la terre. Je suis une fille de marin.»
Le programme de Kito de Pavant et du Class40 « Made in Midi »– Du 8 au 13 juin : 66e Rolex Giraglia, mêlant parcours côtiers devant Saint-Tropez et une course au large, entre Saint-Tropez et Gênes, via le rocher de la Giraglia (pointe nord de la Corse). |