Publié le 14 juin 2018 à 11h05 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h46
De l’Italie, il me reste mon patronyme, quelques mots baragouinés maladroitement mais surtout des fragrances de tomates envahissant la minuscule cuisine de laquelle ma grand-mère ne semblait jamais vouloir s’extraire. Un certain atavisme m’oriente vers la chanson italienne et la ressemblance de Marseille avec Naples me maintient, quoi que je fasse, dans une atmosphère résolument Italienne. C’est ainsi, on n’échappe pas à son passé, à ses origines même si l’Histoire de ce pays reste très mouvementée et a chassé mon grand-père et les siens dans les années trente. C’est à Marseille qu’ils ont échoué, je dis bien échoué puisque ce dont je veux parler reste un échouage politique, diplomatique d’un navire nommé « Aquarius ».
Depuis quelques jours on peut entendre et lire partout des articles de presse concernant ce bateau d’une Organisation Non Gouvernementale (ONG), SOS Méditerranée. Ce navire se donne pour mission de recueillir à son bord les naufragés de frêles esquifs égarés au large des côtes Libyennes. Aujourd’hui ce sont 630 personnes qui attendent de débarquer dans un port européen. C’est en Italie, à Rome, qu’il devait initialement accoster mais, après un refus du gouvernement local il est finalement dirigé vers l’Espagne. Je ne rentrerai pas dans une polémique stérile de savoir si oui ou non ce bateau devait être accueilli en Italie cependant je m’interroge sur la politique conduite dans ce pays et notamment depuis les dernières élections.
La politique en Italie se caractérise par une instabilité permanente et aucun gouvernement n’a tenu un mandat complet de cinq ans portant ainsi le record de durée aux affaire à trois ans et demi. Depuis la fin de la guerre ce pays a connu 26 présidents du Conseil des ministres et 71 gouvernements… Inévitablement d’un tel bourbier politique ne pouvait ressurgir que des effluves nauséabondes d’une histoire que l’on pouvait croire enfouie sous des souvenirs si noirs que personne ne souhaiterait les voir réapparaître. Avons-nous eu tort de le croire ?
La vie est un éternel recommencement et ce qui s’est déroulé en Italie, dans les années trente, semble revenir insidieusement au nez et à la barbe de toute une Europe molle et incapable d’enrayer cette montée inéluctable des idées abominables. C’est la Ligue du Nord qui a remporté les élections en Italie et l’un de ses membres a été nommé, excusez moi du peu, à la tête du ministère de l’Intérieur ! Chef de la Police, des élections, chargé de l’immigration et je n’espère pas de la propagande voire même de la censure. Bien évidemment on ne brûle pas les livres devant la fontaine Di Trévi ou au pied du Colisée mais je dois avouer que j’ai bien peur que cela ne se reproduise …
Notre Président de la République, Emmanuel Macron, a cru bon de donner des leçons d’immigration à son homologue Italien provoquant l’ire de toute la péninsule et les foudres de sa presse. Mais, est-ce que Macron est le mieux placé pour critiquer une politique migratoire que lui-même a du mal à mettre en place de manière cohérente ? Les mots ont été lancés sans doute dans l’emballement médiatique et la nécessité de passer pour une Saint-Bernard sans prendre part au litige et sans apporter de réelles solutions. De cynique et d’irresponsable était qualifiée la politique Italienne, le coup de grâce était ensuite donné par le porte parole d’ En Marche en déclarant que l’Italie était à vomir … Et vlan dans les dents ! Voilà comment provoquer un incident diplomatique mettant un terme à des relations apaisées et annuler une rencontre entre le Président Français et le Premier ministre Italien.
Mais voilà on ne résout pas une crise politique en s’envoyant à la face des insultes et des jérémiades grotesques de cour de récréation. L’Italie dit avoir adopté cette attitude afin de faire réagir les instances européennes face à un phénomène que les seuls États ne peuvent régler. Mais, Jean-Claude Juncker reste sourd aux appels des pays, il est encore aveugle face à l’inexorable montée en puissance des politiques anti-migrants de l’Autriche, Hongrie, Slovénie … La convention Internationale du sauvetage en mer reste sibylline lorsqu’elle évoque les obligations des États, elle oublie de préciser que mis à part les moyens de secours mis à disposition par les pays ils doivent impérativement laisser les bateaux entrer dans leurs ports. Hypocrisie ou volonté délibérée, toujours est-il que l’Aquarius est toujours à flot alors que la politique Italienne elle, prend l’eau …
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