Publié le 20 juin 2018 à 23h25 - Dernière mise à jour le 1 décembre 2022 à 14h57
Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, député européen, et Christian Estrosi, président délégué de la Région viennent de tenir une conférence de presse, à l’occasion de l’ouverture de la saison des festivals, pour rappeler toute l’importance qu’ils accordent à la culture. Dans ce cadre, le Président a annoncé la mise en place, dès octobre 2018, de Grandes Assises de la Culture.
C’est par une présentation de chiffres que Renaud Muselier vient de lancer la saison des Festivals de Provence-Alpes-Côte d’Azur. «La culture est une priorité pour la Région, en 2016 nous avons augmenté le budget de la culture à plus de 53M€. En 2017, nous avons encore amplifié cet effort financier en augmentant le budget de la culture de plus de 10 %». Rappelle que la culture «plus qu’un supplément d’âme» est «un outil de rayonnement, d’attractivité, de développement économique et de création d’emplois». Avance les chiffres de 5 % du PIB et 50 000 emplois direct. Justifiant ainsi une augmentation du budget «qui n’a donc pas pour but de saupoudrer les financements mais de nous aider à mener une politique culturelle efficace, structurante qui vienne compléter les actions locales des collectivités infrarégionales».
«La culture et l’art sont les meilleurs garants de la démocratie»
«Nous sommes tous d’accord, avec les élus de ma majorité, pour affirmer que la culture et l’art sont les meilleurs garants de la démocratie», déclare Renaud Muselier qui considère que «sans une action politique et publique qui élève l’âme et nous impose d’aller vers plus d’humanité, les fondamentaux de la République pourraient être remis en question comme on le voit avec l’émergence de gouvernements populistes partout dans le monde». «Je suis donc bien conscient, poursuit-il, de la nécessité d’une action publique forte, surtout dans une région qui est la 2e de France pour son rayonnement culturel.» Et, tient-il à préciser : «Il n’y a aucune compromission avec le FN. Je suis depuis toujours engagé contre leurs idées que je combats au quotidien avec la politique de notre majorité à la Région. Jamais il ne pourrait nous être reproché une censure ou une quelconque collusion avec l’extrême-droite. Je réaffirme aujourd’hui avec force, qu’il n’y a pas et n’y aura pas de rapprochement possible avec l’extrême-droite».
«Nous organiserons des Grandes Assises de la Culture en région Sud au mois d’octobre prochain»
Il en vient à l’organisation des Grandes Assises de la Culture qui se tiendront en octobre 2018. «Depuis notre élection, avec Christian Estrosi, nous avons voulu mettre en place cette instance de dialogue entre la Région et les acteurs culturels. Un espace d’échanges, avec l’ensemble des représentants des acteurs du secteur culturel, pour construire la politique culturelle régionale de demain, réaffirmer les principes républicains qu’elle porte et encourager la liberté de création, d’expression et de diffusion.» Assises qui donneront la parole «à l’ensemble des acteurs culturels régionaux» afin qu’ils puissent faire «leurs propositions pour faire évoluer le format de la conférence permanente des arts et de la culture». Le Président réaffirme ensuite une confiance accrue aux grands festivals «qui structurent le paysage culturel régional, créent de la dynamique touristique et attirent des publics qui bénéficient ensuite à l’ensemble des acteurs culturels et font rayonner notre territoire à l’international: + 10 % sur les grands festivals depuis notre arrivée, soit 1,5 M€». Concernant le Festival International d’Art Lyrique, il signale que, pour un euro investi, 9€ sont récupérés en économie locale directe ou indirecte. A propos de ce qu’il qualifie de plus grand théâtre du monde, «le Festival d’Avignon, avec 50 spectacles pour le festival In et 1 336 pour le Off, génère entre 40 et 45 M€ de retombées économiques directes». Avec des retombées économiques annuelles évaluées à 22M€, les Rencontres de la photographie génèrent 140 000 nuitées dans les établissements hôteliers de la Région et emploient en pleine saison 300 salariés. Renaud Muselier affiche également comme priorité l’aménagement culturel du territoire régional et l’accès à tous à la culture. «En partenariat avec les autres collectivités, nous accompagnons aussi les structures et événements de taille plus modeste qui favorisent notamment l’émergence de nouvelles formes, l’adhésion du public à ces nouveautés, le développement de l’emploi dans des zones parfois très rurales et une politique ambitieuse pour le jeune public».
«Plus de 1 200 manifestations recensées chaque année»
Rappelle que Provence-Alpes-Côte d’Azur est la 1ère région touristique, patrimoniale et culturelle après Paris avec plus de 1 200 manifestations recensées chaque année. Autant de raisons, assure-t-il, «pour préserver, avec les autres collectivités locales et l’État, ce maillage du territoire fondé sur la diversité d’échelle des opérateurs».
Et d’en venir aux Chorégies d’Orange, le plus ancien festival de France (150 ans en 2019); plus de 100 opéras programmés au cours de ces 50 dernières années; une jauge de 8 500 places et 37 000 spectateurs en 2017 soit 20 % de plus qu’en 2016; – 8,5M€ de retombées économiques pour le territoire selon une étude menée par le syndicat professionnel des maisons d’opéra. «Malgré ces chiffres, l’association qui gérait les Chorégies d’Orange était en cessation de paiement du fait de la mauvaise gestion passée et accusait une dette de 1,5M€», explique le Président qui annonce qu’ avec le département du Vaucluse, la ville d’Orange, la ministre de la Culture et les partenaires historiques comme France télévision ou encore Radio France «nous avons fait le choix de sauver ce festival mythique. Nous avons créé une Société Publique Locale (SPL) dont le Département du Vaucluse, la Ville d’Orange et la Région seront actionnaires et que je présiderai». Une nouvelle forme juridique «plus adaptée» qui a permis d’assurer la pérennité du festival dès cet été en assurant la programmation 2018. «Pour que les choses soient tout à fait claire, assène-t-il et contrairement à ce que laisse entendre certains esprits chagrins je ne sauve pas les Chorégies de Monsieur Bompard (le maire d’Orange, Ligue du Sud, ex FN. NDLR) nous sauvons les Chorégies d’Orange». Évoque ensuite l’aménagement culturel du territoire qui repose aussi sur les scènes permanentes. «C’est pourquoi, annonce-t-il nous avons fait un effort considérable sur les théâtres, + 23 % sur les scènes régionales depuis notre arrivée. Au total, ce sont 19 théâtres sur l’ensemble du territoire régional qui ont vu leur subvention de fonctionnement augmenter. Car nous sommes convaincus qu’ils sont les acteurs primordiaux pour développement des territoires ainsi que pour l’ouverture d’esprit et l’épanouissement des populations». Il évoque enfin la situation de Babel Med Music: «Nous n’avons pas demandé l’arrêt de cette manifestation, nous étions les seuls à les subventionner et nous voulions juste une meilleure visibilité sur leur volet financier. Nous souhaitons de la transparence».
Michel CAIRE