Publié le 25 juin 2018 à 12h32 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h52
Ce mardi 26 juin en soirée, puis vendredi 29 juin, Musiques Interdites 2018 propose d’achever, avec la série «Adieux à Vienne», le cycle Mahler avec les lieder du «Knaben Wunderhorn» («Le Cor Merveilleux de l’Enfant») de Mahler (production CD BelAir Music), de redécouvrir deux exilés du XX° siècle, Bortkiewitch et Korngold, ainsi qu’à l’automne les opéras «Sancta Susanna» de Hindemith et «Sodome et Gomorrhe» de Hartmann en collaboration avec l’Orchestre Philharmonique de l’Opéra de Marseille et dans une scénographie mise en scène de Gonzalo Borondo. Ces œuvres seront accompagnées de la reprise par le conservatoire d’Aix-en-Provence du concert Korngold/Bortkiewicz. Enfin Musiques Interdites entreprend en 2018 un partenariat avec le Conservatoire Darius Milhaud d’Aix en Provence lui permettant de créer un ensemble à géométrie variable Ensemble Musiques Interdites qui se produira lors des concerts de Juin et de Novembre 2018. « Entartete Musik » – Musique Dégénérée : sous ce générique, les responsables culturels nazis mirent à l’index, dès 1933, les compositeurs les plus importants du début du siècle. Ces compositeurs, qu’ils aient disparu en déportation ou dans l’anonymat de l’exil, n’ont toujours pas retrouvé la place primordiale qui devrait être la leur dans la vie musicale de notre temps. « Personne » : sous cette absence d’identité, la dictature stalinienne de l’après-guerre condamna à son tour au néant les compositeurs de l’Est qui avaient survécu au génocide culturel nazi. Le Festival Musiques Interdites est issu de l’action culturelle menée par l’Association pour le Festival Musiques interdites; depuis 2004, cette action a réhabilité des œuvres musicales majeures interdites par les dictatures nazie et stalinienne et mène parallèlement une action pédagogique auprès des jeunes publics. Avec cette recherche de répertoires nouveaux ou disparus, la portée culturelle du festival se double intrinsèquement d’une mission pédagogique et citoyenne. Ses objectifs sont de réhabiliter les compositeurs et les œuvres interdites par les systèmes totalitaires ; rendre leur place à des artistes et restituer ainsi au public un patrimoine essentiel, tout en affirmant les victoires de la création sur les dictatures ; initier une programmation de créations contemporaines en synergie avec les recréations d’œuvres interdites du début du XXe siècle.
Programme Ce mardi 26 Juin à 20h30, en l’Église Saint-Nicolas de Myre, 19 rue Edmond Rostand, Marseille (6e) accueille le concert «Adieux à Vienne1» au cours duquel on entendra «Des Knaben Wunderhorn» (Le Cor Merveilleux de l’Enfant) de Gustav Mahler avec les solistes Lucie Roche, mezzo soprano et WenWei Zhang, baryton accompagnés par l’Ensemble Musiques Interdites dirigé par Jean-Philippe Dambreville. Après le «Chant de la Terre», «Les Chants d’un Compagnon Errant» et les «Rückert Lieder» donnés en 2016 et 2017 et diffusés en CD, le festival Musiques Interdites complète le cycle des grands lieder de Mahler orchestrés en version de chambre par Klaus Simon. Toute la nostalgie du merveilleux de l’enfance perdue et retrouvée par le plus haut lyrisme mahlérien. «Adieux à Vienne 2», ce sera ce vendredi 29 juin à 20h30 toujours en l’Église Saint-Nicolas de Myre. Au programme la suite pour deux violons, violoncelle, piano main gauche d’Erich Wolfgang Korngold, œuvre composée en 1930 et la Sonate n°2 de Sergueï Bortkiewicz, composée en 1944. Pour servir ces œuvres seront réunis : Vladik Polionov, piano, Dali Feng et Matthieu Latil, violons et Xavier Chatillon, violoncelle. Korngold, enfant prodige, rayonne dans les années trente au firmament des opéras européens. L’arrivée des nazis au pouvoir le condamnera à l’exil et sa gloire hollywoodienne lui sauvera la vie. La suite pour deux violons, violoncelle et piano main gauche fut composée pour le pianiste Wittgenstein qui avait perdu un bras à la guerre: pour ce même pianiste Korngold composera son concerto pour la main gauche que Musiques interdites créa en France en 2006. Hommage au piano et à la Vienne internationale du début du siècle avec l’ukraino-polonais Bortkiewicz qui d’exodes en exils, d’oubli en interdit, fut fidèle à la musique en tant qu’idéale beauté dans la modernité de la première moitié du XXe. Le black-out que la seconde moitié du siècle leur réserva ne pouvait taire définitivement leur œuvre essentielle à nos temps de postmodernité. |