Publié le 23 juillet 2018 à 19h30 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h55
Pièce ontologique
Pour développer le propos de Victor Hugo, le metteur en scène François Bourcier -à qui l’on doit un magnifique travail sur «Sacco et Vanzetti» dans une pièce donnée dans le Off d’Avignon avec le regretté Jacques Dau-, nous propulse dans la tête du condamné à mort et nous invite à tout regarder par ses yeux. Refusant tout moralisme la pièce décrit un homme qui pour reprendre la formule de Sartre dans les mots demeure «fait de tous les hommes qui les vaut tous et que vaut n’importe qui». Son propos est comme toujours chez François Bourcier strictement ontologique puisque chaque personne présente dans la salle est conviée à se poser des questions, à se saisir d’elles pour tenter d’apporter des réponses personnelles.
Un acteur très physique
Habitué aux rôles très physiques, possédant lui-même une force incroyable, William Mesguich, seul en scène, secoue les codes et impressionne l’auditoire. Le jeu des lumières sur sa cellule, le travail de la bande son sur les bruits des portes de la prison que l’on ferme et que l’on rouvre, la matérialisation de l’exigüité de cette même cellule contribuent à rendre son jeu encore plus fluide. Performance du corps et de l’esprit (apprendre autant de texte laisse admiratif), le comédien fait ici oeuvre théâtrale et citoyenne, rappelant à la fin du spectacle que bon nombre de pays n’ont pas encore aboli la peine de mort. Et pour ceux qui douteraient encore du combat en forme de chemin de croix enduré par Robert Badinter jusqu’en 1981 relisons son livre «L’exécution» et écoutons les remarquables extraits enregistrés pour Audiolib par l’acteur Charles Berling.
Jean-Rémi BARLAND
«Le dernier jour d’un condamné» d’après Victor Hugo. Off d’Avignon à la Condition des Soies -Tous les jours à 14h45. Jusqu’au 29 juillet.