Publié le 3 août 2018 à 20h33 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h56
Outre le fait qu’il est devenu en quelques années l’un des plus grands violonistes du monde Renaud Capuçon possède parmi toutes ses qualités, le goût pour le partage et la transmission. Passeur de culture autant qu’artiste virtuose, le motive la rencontre professionnelle avec des musiciens plus jeunes, tels que l’altiste Adrien La Marca, le violoncelliste Edgar Moreau, et le violoniste Guillaume Chilemme, avec qui il a fondé un quatuor visant à promouvoir l’univers musicale d’Adolf Bush, un Juste qui refusant la politique nazie démissionna en pleine gloire de ses hautes fonctions et quitta l’Allemagne pour ne jamais y revenir. Aussi n’est-on pas étonnés de voir Renaud Capuçon s’associer au Quatuor Hermès afin de donner à La Roque un récital de toute beauté. Élise Lu et Omer Bouchez au violon, Yung-Hsin Lou Chang à l’alto, et Anthony Kondo au violon, qui jouent ensemble depuis dix ans et qui constituent un des grands quatuors français, voire internationaux. Dès les premières notes du «Quatuor à cordes en sol mineur» de Claude Debussy, donné en deuxième morceau du programme (et sans l’intervention de Renaud Capuçon qui a néanmoins construit le répertoire de la soirée) les Hermès laissent entendre un son magnifique, d’où se détache le pizzicato du 2e mouvement. Magique mise en place sonore qui prendra un éclat supplémentaire après l’entracte avec le «Concert pour piano violon et quatuor à cordes en ré majeur» où les Hermès seront accompagnés par le violon aérien et solaire de Renaud Capuçon et le piano tout en nuances de Nicholas Angelich. Colosse aux doigts d’or ce pianiste d’une subtilité inouïe, est un des solides complices musicaux de Renaud Capuçon qui l’invite tous les ans au Festival de Pâques d’Aix où il occupe les fonctions de directeur artistique. «C’est un frère», précise le violoniste avec qui il joua au début du concert la «Sonate n° 3 pour violon et piano» de Debussy. Un moment de grâce, tout comme les dialogues permanents des cordes sur le « Concert » de Chausson. Au final un superbe récital qui rendait hommage à la musique française dans un mélange de sobriété et d’éclat. On sentait beaucoup de joie à jouer ensemble, une complicité amicale qui faisait chaud au cœur. Et pour ceux qui auraient loupé Nicholas Angelich à La Roque ils pourront venir l’écouter le 14 août à 21 heures au Parc Florans, dans le Concerto N° 1 de Chopin avec Lio Kuokman à la tête de l’Orchestre du Sinfonia Varsovia. Un pianiste majeur dans une œuvre qui l’est tout autant.
Jean-Rémi BARLAND