Publié le 5 décembre 2022 à 14h51 - Dernière mise à jour le 9 juin 2023 à 20h28
Erminio Eschena, directeur des Affaires Institutionnelles et des Relations Industrielles du groupe MSC et Président France de la Clia (Cruise Lines International Association) revient, dans un entretien accordé à Destimed, sur la situation de la croisière après la crise Covid, aborde à la fois les questions des pollutions et de tourisme de masse, et les réponses apportées par son groupe.
Destimed: Dans ce contexte où les crises se succèdent, comment se porte le groupe MSC ?
Erminio Eschena: L’activité a repris très rapidement après la Covid. Dès août 2020 elle reprenait grâce à la mise en place d’un protocole sanitaire robuste avec des scientifiques et les autorités sanitaires. Notre filière a également été la première à exiger les tests PCR et l’obligation du parcours vaccinal. A bord de nos paquebots nous avons renforcé les équipes médicales. Grâce à cela, même pendant la Covid, les clients ont répondu présents parce qu’ils étaient dans le confort, les protocoles rigoureux mis en place les rassuraient. Ainsi, toutes ces mesures nous ont permis de poursuivre notre activité jusqu’à la reprise complète de nos activités, au printemps 2022. Et le confinement a visiblement donné des envies d’ailleurs puisque, en moyenne, nous avons plus de clients sur nos croisières qu’avant la Covid.
Qu’en est-il de votre implantation sur Marseille?
C’est la première compagnie sur Marseille en termes de continuité. Nous avons aussi été la première compagnie à faire confiance à la reprise de la réparation navale à Marseille puisque le premier paquebot à venir était de la MSC et il s’agissait d’améliorer la performance énergétique en installant le lavage de fumée, un système qui équipe la majorité de nos navires.
«Nous vivons de la mer, nous sommes donc conscients des enjeux»
A ce propos les critiques sont vives à l’encontre des navires de croisière en matière de pollution…
Nous vivons de la mer, nous sommes donc conscients des enjeux. La transition écologique est au cœur de la stratégie des compagnies de la filière et donc de MSC. Notre flotte est jeune, elle n’a que seize ans et la construction des navires se perfectionne au gré de ces préoccupations environnementales et des avancées obtenues grâce à la recherche et au développement. Toutes les mesures que nous mettons en œuvre visent à réduire les émissions de CO2 grâce à des moteurs plus performants, une peinture de la coque favorisant une meilleure pénétration dans l’eau. Et nous sommes la première compagnie à disposer d’un paquebot à gaz naturel liquéfié, avec le MSC Grandiosa. Un paquebot, le plus gros de notre flotte, qui a été construit par le chantier naval de Saint Nazaire. Nous travaillons maintenant avec le Grand port de Marseille afin que le remplissage se fasse à Fos. Il importe de rappeler que le GNL réduit de plus de 99% les émissions d’oxyde de soufre, jusqu’à 85% celles d’oxyde d’azote et jusqu’à 25% celles de C02. Nous avançons aussi sur une pile à combustible qui réduira aussi les rejets.
«Nous utiliserons l’alimentation électrique à quai dès que les ports seront équipés»
Une polémique existe pourtant à Marseille concernant les pollutions. Quelles mesures avez-vous prises?
Il faut savoir que les armateurs se sont engagés à mettre en place un certain nombre de mesures, de leur propre chef dès 2019. Elles concernent l’utilisation du carburant désulfuré à 0,1% ou de toute autre solution permettant de réduire l’empreinte environnementale; la réduction de la vitesse en entrant et en sortant du port… Nous utiliserons l’alimentation électrique à quai dès que les ports seront équipés de terminaux adéquats via des bornes adaptées. Cette mesure pourra se concrétiser entre 2022 et 2025 en fonction de l’avancée des travaux d’aménagements qui sont engagés dans le cadre du projet «Escales Zéro fumée» qui apporte des réponses afin que le cercle soit vertueux.
Je tiens à préciser à ce propos que la transition écologique ne peut être le fait d’un seul acteur. Il faut une stratégie commune, il faut que, sur mer comme à terre, nous allions tous dans le même sens. C’est vrai pour l’électrification mais aussi les déchets. Il faut savoir qu’il y a à bord de nos navires un officier environnemental qui supervise leur gestion. Nous les trions en sept catégories. Nos paquebots sont équipés d’incinérateurs et de compresseurs. À quai, un camion les embarque ensuite dans des zones de traitement. Nous ne jetons aucun déchet polluant en mer. Quant à l’eau potable, plus aucun de nos bateaux ne s’alimente dans les ports. Les eaux usées sont également traitées à bord.
«Les réservations se font 18 mois à l’avance»
Un autre problème est soulevé celui du tourisme de masse que les croisières génèreraient. Quelles réponses apportez-vous à ce dossier?
Il faut savoir que le monde des croisières permet d’avoir une anticipation des flux puisque les réservations se font 18 mois à l’avance. Après, là encore, il importe que l’ensemble des partenaires: croisiéristes, population, collectivités, travaillent ensemble pour construire les réponses les plus pertinentes possibles. Concernant Marseille, je précise que, contrairement à d’autres villes: Venise, Dubrovnik… l’escale marseillaise ne sert pas que la Ville mais un territoire qui comprend Avignon, Arles, la Camargue, Aix-en-Provence et jusqu’à Cassis.
Propos recueillis par Michel CAIRE
[(MSC Croisières est une compagnie italienne fondée en 1987 par Gianluigi Aponte et ayant son siège social à Genève en Suisse. La compagnie MSC Croisières fait construire ses paquebots principalement à Saint-Nazaire en France et à Fincantieri en Italie. Jusqu’en 2002, MSC Croisières ne comptait que 3 navires et de petite taille. Devant faire face à la concurrence, la compagnie a dû faire construire de nouveaux paquebots afin d’agrandir considérablement sa flotte et comptabilise aujourd’hui un total de 20 navires livrés ou en construction. En 2017, MSC Croisières est l’une des plus grosses compagnies mondiales de croisières.)]