Publié le 11 septembre 2018 à 19h48 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h59
A Brasov, en Roumanie, les poloïstes aixois débutent, ce jeudi, le premier tour d’un marathon européen qui les verra se mesurer en quatre jours au club organisateur, puis au champion de Géorgie, Tbilissi, au champion de Turquie, Enka Sport Istanbul, au champion d’Ukraine, le Dynamo Lviv, ainsi qu’à l’ancien club du néo-aixois Romain Blary, les Italiens de BPM Sport Management que le Pays d’Aix Natation (PAN) connait fort bien pour les avoir déjà joués la saison dernière en Coupe d’Europe. Après avoir disputé pendant deux saisons, la coupe d’Europe, qui est au water-polo ce que la coupe de l’UEFA est au football, en terminant à la deuxième place du Championnat de France au printemps dernier (il a manqué un but pour faire jeu égal avec Strasbourg, champion de France) le Pays d’Aix Natation se retrouve donc en ligue des champions pour la première fois de son histoire. Tout comme son meilleur ennemi, le Cercle des Nageurs de Marseille, se retrouve, lui, en coupe d’Europe pour la première fois en 46 ans d’histoire ! Une sacrée performance qui vient solidifier un édifice dont les bases ont été posées, il y a treize ans par un certain… Alexandre Donsimoni. Rencontre avec un entraîneur au franc parler légendaire, technicien et tacticien hors-pair, qui peut certainement intégrer le top 10 de la longévité d’un head coach de « sport co » au sein d’un même club.
Destimed : En 2007, l’équipe minime d’Aix Natation devenait championne de France dans l’eau de la piscine Yves Blanc. C’était la première équipe de l’histoire du club récompensée par le titre national. Assisté par Gaëtan le Deist, aujourd’hui directeur du PAN, vous coachiez cette formation, ainsi que l’équipe première, et vous aviez lancé à la cantonade que c’était le début d’une grande et belle histoire. Onze ans et des coups de gueule, mais aussi de grandes joies, plus tard, l’histoire est belle, non ?
Alexandre Donsimoni : Oui. C’est d’abord l’histoire d’un groupe extraordinaire que formait cette génération 1990/1992. Quelques pépites sportives entourées d’un collectif travailleur et dur au mal. Des jeunes qui montraient presque la direction à suivre à leurs aînés. Ensuite c’est l’histoire d’une section, celle du water polo, qui s’est construite au fil des saisons, dans le sillage de la natation course et de la natation synchronisée qui étaient les locomotives d’or, celles qui ramenaient les médailles. Enfin, c’est une histoire d’hommes, de rencontres, de divorces et de mariages, d’opportunités saisies, ou non, qui ont structuré, modernisé, mis en avant la section water-polo en optimisant des moyens qui n’étaient pas pharaoniques, en créant un club de partenaires, en faisant confiance à un staff technique sur le long terme… Je voudrais aussi souligner ici l’engagement de Francis Taulan, l’adjoint aux sports, à nos côtés. C’est un homme discret et efficace.
En parlant de staff technique, vous y tenez une place prépondérante depuis plusieurs saisons, étonnant?
Pour qui connaît mon caractère c’est effectivement étonnant. Je ne suis pas adepte des faux-fuyants et de la langue de bois et lorsque j’ai quelque chose à dire, je le dis. Ici, je suis passé par différentes étapes au fil des saisons, tour à tour personnage mystérieux, empêcheur de tourner en rond, emmerdeur, même, jusqu’à devenir quasiment icône pour certains ces dernières années. Et pourtant, je suis resté le même pendant treize ans, droit, rigoureux, respectueux, travailleur. Des règles de vie dont je ne veux pas déroger et que j’essaye au maximum de partager avec les joueurs, jeunes et moins jeunes. Je suis d’ailleurs assez fier des résultats obtenus sportivement ou professionnellement par quelques éléments de cette génération 1990/1992 dont nous parlons plus haut !
Ces trois dernières saisons ont concrétisé radicalement la professionnalisation de la section Water-Polo du PAN ?
C’est vrai que d’une année sur l’autre nous essayons de placer la barre un peu plus haut chaque fois. Après avoir terminé cinquième deux saisons consécutives, nous sommes vice-champions de France en 2017/2018. Ici aussi, il a fallu construire un collectif pierre après pierre, avec nos moyens. Et lorsque ces pierres s’appellent Ugo Crousillat, qui nous a rejoint l’an dernier, ou encore Romain Blary ou Sébastien Monneret, qui ont signé pour cette nouvelle saison, ça fait plaisir. C’est que le projet proposé par le PAN est séduisant. Je suis d’ailleurs assez fier d’entraîner l’équipe la plus française du championnat à l’heure où les grosses écuries tournent le dos au « gentlemen’s agreement » qui avait été convenu afin de préserver un nombre minimum de joueurs français dans les équipes. Aujourd’hui il y a des sept de départ qui ne comptent aucun français ! Ce n’est pas comme ça que l’on sera performants aux JO de Paris en 2024…
Parlons un peu de cette ligue des Champions que vous attaquez cette semaine… C’est une poule de six équipes qui se joue sur quatre jours à Brasov, en Roumanie. Pour nous qualifier, il faudra terminer dans les quatre premiers. C’est un objectif sur lequel nous travaillons depuis six semaines déjà et je pense qu’il est réaliste. Pour moi il y a les Italiens qui sont au-dessus, les Roumains qui seront difficiles à prendre chez eux et trois équipes typiques de l’Est avec des physiques impressionnants. Ce sera à nous de faire la différence. Ce qui nous permettrait, peut-être, d’accueillir le deuxième tour qualificatif de la ligue des champions en pays d’Aix dans quelques semaines. Pas mal, non ? Une chose est certaine, notre but est d’aller le plus loin possible.
Et pour le championnat, quel est l’objectif ?
Lorsqu’on termine une saison vice-champion de France on n’a pas le droit d’avoir d’autre ambition que le titre national la saison suivante !
Propos recueillis par Michel EGEA