Publié le 13 septembre 2018 à 10h24 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h30
A l’initiative de Mohamed Laqhila, député des Bouches du Rhône, s’est tenue le 11 septembre, salle Victor Hugo de l’Assemblée nationale, une conférence-débat sur le thème : «La République, l’islam et la laïcité : coexistence ou incompatibilité ?» en présence de députés et sénateurs de tous bords, d’acteurs sociaux, de chercheurs, d’intellectuels et de professeurs de l’enseignement supérieur.
Le député des Bouches du Rhône a introduit le thème en citant Victor Hugo « Enfer chrétien, du feu. Enfer païen, du feu. Enfer mahométan, du feu. Enfer hindou, des flammes. A en croire les religions, Dieu est né rôtisseur ! ». Puis de poser un certain nombre de constats : «Aujourd’hui il y a d’abord et surtout un problème de l’islamisme en France. Et au-delà de la France même, il y a un problème de l’islamisme en Europe et dans le monde». Mohamed Laqhila salue le rapport de l’Institut Montaigne mais va plus loin réclamant la règlementation du statut d’imams français imposant une formation obligatoire et un agrément par une autorité reconnue. «On ne peut pas aborder ce sujet sans aborder la notion de crise. Crise à plusieurs égards : une crise des valeurs d’abord, mais également une crise identitaire. Comment expliquer qu’un jeune français, né en France, ayant grandi en France, étudié en France, parfois de culture chrétienne, emprunte tout à coup le chemin de la mort ? ». Un travail de fond et de pédagogie est nécessaire, à ce titre, le député a mis en exergue le travail remarquable des habitants de Lunel (34) venus à ce colloque pour témoigner de leur action sur le terrain en citoyens militants contre la radicalisation, dans ce territoire qui fût un foyer de recrutement de Daesh ces dernières années. «La France, de par ses valeurs démocratiques universelles et non négociables, issues de la Réforme, des Lumières et de la Révolution française, se trouve en pôle position pour impulser ce travail de fond, il est nécessaire d’entreprendre un travail transversal, alliant universitaires, islamologues, théologiens. De cette interaction naîtront la tolérance et l’ouverture ! Mais hors de question de revenir sur le principe, ni même d’aménager la Loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État d’une quelconque manière que ce soit ! Tout y est, appuyons-nous dessus!» Conférencier principal, Ghaleb Bencheikh, Docteur ès sciences, physicien et islamologue, anime ou produit depuis 2000 diverses émissions de radio et de télévision consacrées à l’islam. Membre du bureau de la Fondation de l’islam de France, président de la Conférence mondiale des religions pour la paix, est intervenu dans un débat ouvert avec les députés et le public, déclarant notamment : «Il n’y a qu’une seule communauté nationale et elle ne doit pas avoir honte de sa composante musulmane». « Le mot « islam » fait problème aujourd’hui, si on l’élude, ce n’est pas sérieux». «Des voyous, ignares ou imams autoproclamés, et malintentionnés instrumentalisent la religion avec de mauvaises intentions», déplore-t-il. Puis de considérer: « Il est indispensable de redonner son importance à la Mosquée de Paris, même si un « grand imam » n’est pas nécessaire». Et de conclure: «Les mouvements les plus subversifs sortent des catacombes, il est urgent de sortir les mosquées des caves et des hangars, l’enseignement de l’islam doit être pédagogique et encadré afin d’éviter le radicalisme et la fausse interprétation des textes».
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