Publié le 13 février 2023 à 10h51 - Dernière mise à jour le 7 juin 2023 à 22h17
Avec «La Loire en roue libre» Jean-Louis Boudart décrit son périple du mont Gerbier-de-Jonc à Saint-Brevin-les-Pins, les rencontres, les efforts, les découvertes culinaires, les vins de la Loire, les écrivains qu’elle a accompagnés, nourris. Un voyage de printemps comme une renaissance après le choc, la douleur du cancer. Et tant pis s’il n’a pas rencontré la fille du facteur… à bicyclette, il a fait bien d’autres rencontres, fortes, denses.
Dans le cadre de la Journée mondiale contre le cancer, le comité des Bouches-du-Rhône de la ligue contre le cancer a invité Jean-Louis Boudart, ancien journaliste de presse écrite, de radio et de télévision à partager son témoignage après son combat face à la maladie. C’est en effet après avoir vaincu un cancer du rein que Jean-Louis Boudart, passionné de vélo, a décidé de partir seul sur les rives de la Loire, le plus long fleuve français, depuis ses sources en Ardèche jusqu’à l’océan Atlantique. La Loire étant aussi le fleuve qui a baigné son enfance.
De ce voyage au long cours et après plus de 1 000 km parcourus à vélo, il a pris la plume qui a donné naissance à « La Loire en roue libre », publié aux Éditions Transboréal en novembre 2022. «C’est un livre de lumière que j’ai écrit, un hymne à la Loire, à la vie, au mouvement, une balade de 1 000 km. Précisant: «Ce n’est pas un exploit, je suis allé à mon rythme et la forme physique est revenue petit à petit». Il invite à ce propos: «faites du sport, marchez, courez. 40% des cancers sont évitables, en particulier grâce à l’activité physique», explique-t-il.
«Je fais le choix d’agir»
Mais, d’abord, Jean-Louis Boudart raconte le choc lorsqu’il apprend avoir le cancer, «en peu de temps je prends 10 ans. L’opération, les longues heures passées au bloc opératoire: le réveil; la douleur». Et de lancer: «Je fais le choix d’agir». Premier combat: s’asseoir dans le lit. «Cela me prend des jours et des jours mais j’y arrive. Ce n’est qu’un début, deuxième étape marcher jusqu’à la porte de la chambre. La première fois il a fallu deux infirmières pour parvenir» mais une porte qui signifiait tant. Quelle victoire pour ce sportif qui a randonné sur les cinq continents sans jamais se lasser d’apprendre et de s’émerveiller. Il marche sur les sentiers de Compostelle, traverse à pied l’île de la Réunion, puis la Corse, par le GR20, en 2018. Il grimpe au sommet du djebel Toubkal, du mont Blanc et du Kilimandjaro. Son goût du grand large le conduit aussi à naviguer en Méditerranée, en Bretagne, au Royaume-Uni puis à traverser l’Atlantique à la voile, de Toulon à la Martinique.
«Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie»
Outre le sport, une rencontre l’aide à traverser ces épreuves, celle, en tant que journaliste, avec Boris Cyrulnik. «Il a mis en avant la résilience, la capacité à se reconstruire. C’est la résilience qui nous fait avancer, nous pousse à nous métamorphoser à la suite d’un malheur». Ainsi Jean-Louis Boudart mesure le bonheur qu’est la vie mais «à quel point la vie peut être brève. Je ne l’avais jamais mesuré avant le cancer». Et de citer Ronsard: «Vivez si m’en croyez, n’attendez à demain. Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie».
«À quel point les gens sont accueillants»
Journaliste, il ne manque d’emporter dans ses 10 kg d’affaires des calepins pour prendre des notes. «Au départ c’était pour moi, pour me souvenir puis, quand j’ai vu la matière dont je disposais je me suis dit qu’il était possible d’en faire un livre». Le voyage ne vaut que s’il est fait de rencontres, il va d’ailleurs coucher chez l’habitant: «Parfois c’était organisé parfois pas, mais j’avais choisi de partir au printemps pour éviter un trop grand afflux de touristes et, d’autre part j’arrivais de mon étape du jour entre 16 heures et 17 heures, ce qui me laissait le temps de faire des rencontres. J’ai pu ainsi mesurer à quel point les gens sont accueillants. Et, lorsqu’ils voient arriver un cycliste avec des sacoches ils posent toujours deux questions: d’où venez-vous? Où allez-vous? Et ils ont envie de savoir, de partager l’aventure. Ceux qui partent font rêver ceux qui restent». Il ajoute : «La Loire c’est aussi l’occasion de rencontres avec Balzac, Maurice Genevoix, Julien Gracq… La Loire c’est tout cela, un merveilleux endroit pour faire des rencontres avec des vivants et ceux qui ne le sont plus».
«Entrer dans un grand océan»
Jean-Louis Boudart est né en 1957. Il a voyagé sur les cinq continents avant de revenir à ses amours d’enfance : la Loire et le vélo. Heureux qui comme Ulysse… Et de conclure: «J’ai vécu l’existence d’un fleuve de sa naissance à sa mort. Ce n’est pas une ligne droite, lui aussi fait preuve de résilience, s’adapte aux accidents de terrain, modifie son trajet. Et, à la fin, il se jette dans la mer. La mort c’est peut être juste cela, entrer dans un grand océan. Pourquoi pas ? En tout cas cela m’a donné de la sérénité».
Michel CAIRE
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Les JOP à Marseille est une très belle reconnaissance
Passionné de voile Jean-Louis Boudart a très souvent sillonné la rade de Marseille, en toute saison. «C’est un superbe plan d’eau. L’accueil des épreuves de voile des JOP de Paris est une très belle reconnaissance pour la ville que beaucoup vont découvrir et, en plus, ce plan d’eau très technique offrira des Jeux magnifiques»)]
«La Loire en roue libre» de Jean-Louis Boudart paru aux Éditions Transboréal – Prix 12,90 €