Publié le 18 septembre 2018 à 20h34 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 18h59
«Vous devez aider Israël à vouloir la paix car c’est toujours le plus fort qui veut la paix», lance Nicolas Sarkozy à la grande synagogue de Marseille en cette année 5779 et à la veille de Yom Kippour. Pour l’ancien Président de la République: «Israël est un miracle. Du fond de l’abomination est sorti l’impensable». «La disparition d’Israël, poursuit-il, serait la victoire de ceux qui ont voulu la Shoah». «Je veux le dire avec la même force, Israël ne pourra pas gagner toutes les guerres, ne pourra pas résister si on ne crée pas les conditions pour que les Palestiniens disposent d’un État vivant en paix», estime-t-il. «Aimer Israël et rester en France, voilà ce que nous vous proposons», avance Nicolas Sarkozy après avoir rappelé: «A la tribune de l’ONU, j’ai indiqué que la France serait aux côtés d’Israël si un pays voulait toucher à un seul cheveu d’Israël». Une intervention qui aura été incontestablement le temps fort de cette cérémonie qui a vu des prises de parole de Michel Cohen Tenoudji, président du Consistoire, Renaud Muselier, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Martine Vassal, présidente du Département des Bouches-du-Rhône et Yves Moraine, représentant le maire de Marseille et de Magalie Charbonneau, représentant le Préfet de Région. On notait la présence d’autorités religieuses notamment musulmanes et catholiques au premier rang desquelles Monseigneur Pontier, archevêque de Marseille et président de la conférence des évêques de France.
Nicolas Sarkozy, au-delà de son intervention sur la géopolitique invite la communauté juive : «Soyez fiers de vous, un cri de haine n’est jamais sorti d’une synagogue. Soyez fiers d’Israël, de sa démocratie. Soyez fiers de porter la kippa dans la rue si vos parents vous ont appris à la porter ». «Vous n’êtes pas seuls, poursuit-il, vous ne le serez jamais car vous êtes au cœur de l’identité française ». Avant de revenir sur la notion de laïcité: «La religion n’est pas l’ennemie de la République, les ennemis de la République sont les barbares, l’ennemi c’est le fanatique, d’où qu’il vienne. La laïcité n’est pas une interdiction, c’est la reconnaissance de croire ou de ne pas croire et, si l’on croit, celui de transmettre sa religion». Il aborde la question de l’antisémitisme qui ne doit pas, selon lui s’analyser «mais se combattre, il faut le détruire. Il ne doit pas y avoir d’explication mais seulement la peur de la punition». Et, s’il accepte que des Juifs, par choix personnels quittent la France: «Il est inacceptable qu’un seul parte parce qu’il ne peut plus vivre sur le territoire national».
«L’extrême droite est au bord du pouvoir dans un certain nombre de pays»
Au préalable Michel Cohen Tenoudji avait annoncé la volonté du Consistoire de créer sur le périmètre de la Grande Synagogue, un centre du judaïsme marseillais «qui permettra de connaître l’histoire de la ville et de la présence juive dans cette cité». Yves Moraine, souhaite une bonne année à la communauté juive avant d’asséner: «Votre clairvoyance, votre autorité, votre expérience manquent à la France, Monsieur Sarkozy». Martine Vassal rend hommage à la communauté juive, à son apport: «Vous favorisez le dialogue intercultuel et interculturel». Rappelle l’importance qu’elle accorde aux visites du camp des Milles par les jeunes collégiens et aux voyages à Auschwitz. Renaud Muselier évoque les heures noires où «une idéologie criminelle s’était abattue sur l’Europe et la France. Même à ce moment vous n’avez jamais abandonné la France», une France, une République «qui permettent de pratiquer librement sa religion, de croire ou ne pas croire mais exigent que l’on respecte le Dieu de l’Autre». Il évoque les menaces actuelles: «L’extrême droite est au bord du pouvoir dans un certain nombre de pays, elle a même fait son retour au Parlement allemand. Il faut dénoncer l’antisémitisme, rendre hommage aux Justes et ne pas oublier que, derrière la haine du juif se cache la haine de nos valeurs». C’est au tour de Magalie Charbonneau d’évoquer: «ces personnes arrachées à leur appartement pour être conduites vers les Milles et les camps de la mort ». Elle note: «Si de nombre de Français ont collaboré d’autres ont été fidèles à leurs engagements, parfois au prix de leur vie». Affirme: «Si chacun est libre de pratiquer sa religion nous luttons contre l’intégrisme, y compris en favorisant les échanges. Il faut lutter par la prévention, c’est le combat des idées face à l’obscurantisme, l’ignorance, la bêtise».
Michel CAIRE