Publié le 18 septembre 2018 à 18h40 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 12h47
La sécurité n’a jamais cessé d’être une forte préoccupation des Français. On peut certes observer des pics et des creux relatifs dans les sondages mais le sentiment d’insécurité demeure structurellement présent dans les angoisses fortes des citoyens hexagonaux. On peut disserter longtemps sur les causes : il convient néanmoins de partir de cette réalité pour essayer d’y remédier.
C’est ce chemin que le rapport des députés Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot a choisi d’emprunter. Puisque les attentes de nos concitoyens en matière de sécurité n’iront pas en diminuant, il faut renoncer définitivement à voir l’État travailler seul. La protection des personnes et des biens exige aujourd’hui de devenir une coproduction. Si le pouvoir central doit incontestablement demeurer un chef d’orchestre, il apparaît assez clairement qu’il n’a pas vocation à tout traiter lui-même. De ce fait, renforcer les polices municipales et permettre au secteur privé de compléter le dispositif global de sûreté de notre pays relève de l’analyse sereine des caractéristiques du terrain…
Si la police et la gendarmerie doivent se concentrer bien évidemment sur le judiciaire, le renseignement ou l’intervention, il est contreproductif de les épuiser dans des gardes statiques, dans certains transferts de personnes, ou dans la gestion de troubles mineurs du quotidien (les incivilités) qu’il s’avère néanmoins impératif de prévenir ou de faire cesser. D’où les mesures proposées par les deux parlementaires.
A commencer par l’armement des polices municipales. La proposition découle d’un raisonnement imparable : les dangers qui pèsent dorénavant sur un policier ou une policière d’une municipalité justifient qu’ils puissent se défendre, ou protéger leurs concitoyens. Un terroriste ne fait pas de différence entre deux uniformes, entre deux victimes potentielles portant les symboles d’une autorité. Un représentant de l’ordre constitue hélas une cible pour ce gendre d’individus, qu’il dépende du Maire ou du Ministre de l’Intérieur.
En regard de l’implication de plus en plus évidente des polices municipales dans la sécurité de proximité, il convient par ailleurs d’homogénéiser les méthodes, les compétences et les savoir-faire. La recommandation de créer une école nationale dédiée aux polices municipales s’affirme par conséquent comme une mesure hautement souhaitable.
Quant à la sécurité privée, avec plus de 167 000 personnes, il devient impossible de ne pas la considérer comme une brique importante du système global d’anticipation des risques. Toutefois, le diagnostic réalisé par les deux membres de l’Assemblée nationale traduit très exactement le vécu des professionnels : l’encadrement intermédiaire manque, et la filière souffre encore d’un déficit d’attractivité. Plus que jamais, il importe de bâtir une filière intégrée de formation, solide et exigeante, des agents et des cadres. Non seulement pour élever le niveau collectif, mais aussi pour structurer une profession qui doit impérativement offrir des opportunités de carrière sur le long terme. Aujourd’hui, un agent n’a pas toujours de perspectives dans ce milieu au-delà de quelques années. Ce qui implique également de sensibiliser chacun, en particulier les pouvoirs publics et les acheteurs au « juste prix » de la sécurité, en-deçà duquel il devient impossible de construire un secteur de la sécurité privée aux performances satisfaisantes et en progrès continu.
Le rapport des deux députés foisonne d’analyses pragmatiques et de propositions accessibles, dont la sécurité privée a besoin. Ne reste plus qu’au gouvernement à passer de la conception à la pratique.
Eric Delbecque est le chef du pôle intelligence économique de l’IFET (Institut de formation des élus territoriaux) auteur du: Bluff sécuritaire Éditions du Cerf Dan Bellaiche est Président de la société de sécurité privée Protectim Security Services |