Publié le 25 février 2023 à 21h56 - Dernière mise à jour le 7 juin 2023 à 21h50
C’est dans une salle de l’Olympia bien entendu archicomble, et où les invités étaient triés sur le volet que s’est tenue ce vendredi la 48e cérémonie des César du cinéma français.
Pas de maître de cérémonie mais le président l’acteur Tahar Rahim et treize acteurs et actrices qui ont assuré l’animation, à savoir : Emmanuelle Devos, Léa Drucker, Eye Haïdara, Leïla Bekhti, Jérôme Commandeur, (irrésistible quand il a fait mine de n’avoir pas reconnu dans les couloirs la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, insistant sur sa coiffure changée par rapport à celle de Roselyne Bachelot qu’il pensait toujours en poste), Ahmed Sylla et Jamel Debbouze, toujours dans la bonne humeur et l’humour, Marina Foïs, Alex Lutz, Raphaël Personnaz, Audrey Lamy, Benoît Magimel, Michel Hazanavicius – Virginie Efira et Brad Pitt ont remis à l’Américain David Fincher son César d’honneur. Ajoutons que Marion Cotillard figure sur l’affiche officielle de la cérémonie dans une scène tirée du film «Annette» de Leos Carax, sorti en 2021. Les César ont également sorti une affiche animée mettant en vedette une scène de l’actrice chantant dans le film.
On retiendra la razzia (six César) obtenue par le film de Dominik Moll «La nuit du 12» qui, adapté du livre de Pauline Guena, scénarisé par Gilles Marchand, et traitant d’un féminicide brosse le quotidien de policiers lors d’enquêtes jamais résolues. Un synopsis très simple : «À la PJ chaque enquêteur tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre et qui le hante. Pour Yohan c’est le meurtre de Clara. Les interrogatoires se succèdent, les suspects ne manquent pas, et les doutes de Yohan ne cessent de grandir. Une seule chose est certaine, le crime a eu lieu la nuit du 12.»
Dominik Moll remerciera également les spectateurs. «Nous avons la chance en France d’avoir un public qui a une appétence pour les films qui sortent des sentiers battus, c’est une curiosité qu’il faut maintenir», a déclaré le cinéaste âgé de soixante ans, douze ans après avoir reçu le César de la meilleure réalisation pour «Harry un ami qui vous veut du bien». Et d’ajouter : «J’ai une pensée pour la vraie Clara, la vraie victime de l’affaire qui a donné lieu au film. Elle s’appelait Maud». Brillant, complexe, bien joué, film où apparaissent aussi Julien Frison de la Comédie-Française -que l’on verra prochainement dans «Les Trois mousquetaires»- et Théo Cholbi, «La nuit du 12» avait en face de lui des poids lourds de la production française. Des succès tels que «L’innocent» film drôlissime de et avec un Louis Garrel au sommet de son art, ou «Encore» signé Cédric Klapisch, sans oublier «Les amandiers» que la réalisatrice Valéria Bruni-Tedeschi était venue comme Louis Garrel présenter en avant-première dans les cinémas aixois.
Pour ceux qui s’en étonneraient, rappelons que l’Académie des César affectionne de couronner en général des films plutôt peu grand public, fruits d’un cinéma plus indépendant. Un militantisme selon moi, répondant à une volonté d’ouvrir des portes. Soit. Mais ajoutons que «L’innocent » aurait mérité lui aussi cent fois la récompense suprême et que son César du scénario obtenu n’est que justice. Sur scène pour le recevoir Louis Garrel était accompagné du romancier Tanguy Viel, un des plus grands écrivains français, co-auteur avec lui du film et de Naïla Guiguet qui a participé elle aussi à l’écriture.
Benoît Magimel deux ans de suite
Véritable surprise, à mon avis, que de voir couronné pour la deuxième année consécutive comme meilleur acteur Bruno Magimel, une première dans l’histoire des César pour «Pacifiction-Tourment sur les îles» thriller écologique réalisé par Albert Serra. Un Bruno Magimel exceptionnel surtout dans «Revoir Paris» et récompensé en 2022 pour sa prestation dans «De son vivant» qui a reçu son prix avec beaucoup d’émotion déclarant : «Je ne pensais pas avoir autant de liberté comme acteur sur ce film, que c’était possible d’être aussi libre. Ce soir est un moment assez fou.» On aurait pu lui préférer Roschdy Zem si drôle dans « L’innocent » et que son réalisateur Louis Garrel qualifia de Stradivarius lors de sa présentation aixoise du film. On regrettera aussi la non-nomination de Gérard Depardieu pour son incarnation de Maigret dans le film très inégal de Patrice Leconte.
Incontestable Virginie Efira
Si l’on pouvait regretter de ne pas voir nommée Elsa Zylberstein pour son rôle de Simone Veil dans le film d’Olivier Dahan, reconnaissons que le prix de la meilleure actrice revenant à Virginie Efira dans «Revoir Paris » qui traite de la reconstruction de soi après un attentat est plus que mérité. «Ce film est juste, beau, consolateur, cathartique, merci d’avoir rendu hommage aux victimes», a déclaré l’actrice franco-belge, dédiant le prix à la réalisatrice du film Alice Winocour et à toutes «les autres réalisatrices» qui l’ont accompagnée.
Au final une soirée de haute tenue, plutôt ramassée où les lauréats ne pouvaient exprimer leur joie que durant une minute ce qui leur évita de remercier indéfiniment le réalisateur, leur maman, leur papa, ou le gardien de leur casier à la piscine…..
Une soirée où l’on notera la présence surprise de Brad Pitt venant dire toute son admiration à David Fincher, et la sobriété avec laquelle on rendit hommage aux disparus de l’année.
Jean-Rémi BARLAND
Palmarès 2023
César du meilleur espoir féminin
-Nadia Tereszkiewicz dans les Amandiers.
-Nommées : Marion Barbeau dans En corps ; Guslagie Malanda dans Saint Omer; Rebecca Marder dans Une jeune fille qui va bien ; Mallory Wanecque dans les Pires.
César du meilleur espoir masculin
Bastien Bouillon dans la Nuit du 12
Nommés : Stefan Crépon dans Peter Von Kant ; Dimitri Doré dans Bruno Reidal, confession d’un meurtrier ; Paul Kircher dans Le Lycéen ; Aliocha Reinert dans Petite Nature.
César du meilleur court-métrage de fiction
Partir un jour réalisé par Amélie Bonnin.
Nommés : Haut les cœurs réalisé par Adrian Moyse Dullin ; Le Roi David réalisé par Lila Pinell ; Les Vertueuses réalisé par Stéphanie Halfon
César des meilleurs costumes
Gigi Lepage pour Simone – le voyage du siècle.
Nommés : Caroline de Vivaise pour Les Amandiers ; Jean-Pierre Larroque pour Couleurs de l’incendie ; Emmanuelle Youchnovsky pour En attendant Bojangles ; Corinne Bruand pour l’Innocent ; Praxedes de Vilallonga pour Pacifiction
César des meilleurs décors
Christian Marti pour Simone -le voyage du siècle.
Nommés : Emmanuelle Duplay pour les Amandiers ; Sebastian Birchler pour Couleurs de l’incendie ; Michel Barthélémy pour la Nuit du 12 ; Sebastian Vogler pour Pacifiction
César du meilleur premier film
Saint Omer réalisé par Alice Diop.
Nommés : Confession d’un meurtrier réalisé par Vincent Le Port ; Falcon Lake réalisé par Charlotte Le Bon ; Les Pires réalisé par Lise Akoka et Romane Gueret ; Le Sixième enfant réalisé par Léopold Legrand.
César du meilleur court métrage d’animation
La Vie sexuelle de mamie réalisé par Urska Djukic et Émilie Pigeard.
Nommés : Câline réalisé par Margot Reumont ; Noir-Soleil réalisé par Marie Larrivé.
César du meilleur film d’animation
Ma famille afghane, réalisé par Michaela Pavlatova.
Nommés : Ernest et Célestine : le voyage en Charabie, réalisé par Jean-Christophe Roger et Julien Chheng; Le Petit Nicolas. Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, réalisé par Amandine Fredon et Benjamin Massoubre.
César du meilleur son
François Maurel, Olivier Mortier et Luc Thomas pour La Nuit du 12.
Nommés : Cyril Moisson, Nicolas Moreau et Cyril Holtz pour En corps ; Laurent Benaïm, Alexis Meynet et Olivier Guillaume pour l’Innocent ; Cédric Deloche, Alexis Place, Gwennolé Le Borgne et Marc Doisne pour Novembre ; Jordi Ribas, Benjamin Laurent et Bruno Tarrière pour Pacifiction.
César de la meilleure actrice dans un second rôle
Noémie Merlant dans l’Innocent.
Nommées : Judith Chemla dans le Sixième enfant ; Anaïs Demoustier dans Novembre ; Anouk Grinberg dans l’Innocent ; Lyna Khoudri dans Novembre
César de la meilleure musique originale
Irène Drésel pour A plein temps.
Nommés : Alexandre Desplat pour Coupez ! ; Grégoire Hétzel pour l’Innocent ; Olivier Marguerit pour la Nuit du 12 ; Marc Verdaguer et Joe Robinson pour Pacifiction ; Anton Sanko pour les Passagers de la nuit.
César du meilleur court métrage documentaire
Maria Schneider, 1983 réalisé par Élisabeth Subrin.
Nommés : Churchill, Polar Bear Town réalisé par Annabelle Amoros ; Écoutez Le battement de nos images réalisé par Audrey et Maxime Jean-Baptiste.
César du meilleur film documentaire
Retour à Reims (fragments) réalisé par Jean-Gabriel Périot
Nommés : Allons enfants réalisé par Thierry Demaizière et Alban Tuerai ; Les Années super 8 réalisé par Annie Ernaux et David Ernaux-Briot ; Le Chêne réalisé par Laurent Charbonnier et Michel Seydoux ; Jane par Charlotte réalisé par Charlotte Gainsbourg.
César des meilleurs effets visuels
Laurens Hermann pour Notre-Dame brûle.
Nommés : Guillaume Marien pour les Cinq Diables ; Sébastien Rame pour Fumer fait tousser ; Mikaël Tanguy pour Novembre ; Marco del Bianco pour Pacifiction.
César du meilleur film étranger
As Bestas réalisé par Rodrigo Sorogoyen.
Nommés : Close réalisé par Lukas Dhont ; La Conspiration du Caire réalisé par Tarik Saleh ; Eo réalisé par Jerzy Skolimowski ; Sans filtre réalisé par Ruben Östlund.
César de la meilleure photographie
Artur Tort pour Pacifiction.
Nommés : Julien Poupard pour les Amandiers ; Alexis Kavyrchine pour En corps; Patrick Ghiringhelli pour la Nuit du 12 ; Claire Mathon pour Saint Omer
César du meilleur montage
Mathilde Van de Moortel pour A plein temps
Nommés : Anne-Sophie Bion pour En corps ; Pierre Deschamps pour l’Innocent ; Laure Gardette pour Novembre ; Laurent Rouan pour la Nuit du 12.
César de la meilleure réalisation
Dominik Moll pour la Nuit du 12.
Nommés : Cédric Klapisch pour En corps ; Louis Garrel pour l’Innocent ; Cédric Jimenez pour Novembre ; Albert Serra pour Pacifiction.
César du meilleur scénario original
Louis Garrel, Tanguy Viel et Naïla Guiguet pour l’Innocent
Nommés : Eric Gravel pour A plein temps ; Valeria Bruni Tedeschi, Noémie Lvovsky et Agnès de Sacy pour les Amandiers ; Cédric Klapisch et Santiago Amigorena pour En corps ; Alice Diop, Amrita David et Marie Ndiaye pour Saint Omer.
César de la meilleure adaptation
Gilles Marchand et Dominik Moll pour la Nuit du 12.
Nommés : Michel Hazanavicius pour Coupez ! ; Thierry de Peretti et Jeanne Aptekman pour Enquête sur un scandale d’État.
César du meilleur acteur dans un second rôle
Bouli Lanners dans la Nuit du 12.
Nommés : François Civil dans En corps ; Micha Lescot dans les Amandiers ; Pio Marmaï dans En corps ; Roschdy Zem dans l’Innocent.
César de la meilleure actrice
Virginie Efira dans Revoir Paris.
Nommées : Fanny Ardant dans les Jeunes Amants ; Juliette Binoche dans Ouistreham ; Laure Calamy dans A plein temps ; Adèle Exarchopoulos dans Rien à foutre.
César du meilleur acteur
Benoît Magimel dans Pacifiction.
Nommés : Jean Dujardin dans Novembre ; Louis Garrel dans l’Innocent ; Vincent Macaigne dans Chronique d’une liaison passagère ; Denis Ménochet dans Peter Von Kant.
César du meilleur film
La Nuit du 12 produit par Caroline Benjo, Barbara Letellier, Carole Scotta et Simon Arnal, réalisé par Dominik Moll.
Nommés : Les Amandiers produit par Alexandra Henochsberg et Patrick Sobelman, réalisé par Valeria Bruni Tedeschi ; En corps produit par Bruno Levy, réalisé par Crédit Klapisch ; L’Innocent produit par Anne-Dominique Toussaint, réalisé par Louis Garrel ; Pacifiction produit par Pierre Olivier Bardet, réalisé par Albert Serra.
César d’honneur :
-David Fincher
