Publié le 8 octobre 2018 à 19h12 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 19h07
Voilà cinq ans que le club de natation phocéen emblématique a pris à bras le corps une problématique, avec ses deux partenaires que sont la Cepac et le fonds Connect Pro : l’après-carrière et l’insertion de ses sportifs de haut niveau. Initialement dédié aux nageurs, le dispositif conçu par les trois entités est reconduit sur trois nouvelles années et désormais étendu aux joueurs des équipes de Water Polo.
Non, tous les anciens sportifs de haut niveau ne deviennent pas tous coachs, entraîneurs ou consultants… Et si côtoyer les sommets peut griser, le retour à la réalité peut s’avérer brutal, s’il n’a pas été anticipé. C’est en tout cas l’avis de Paul Leccia, président du Cercle des nageurs de Marseille (CNM), jugeant «criminel» de ne pas accompagner des jeunes gens qui s’entraînent dur et donnent tout le temps de leur parcours en club. «Dès mon arrivée au CNM dans les années 90, je me suis aperçu que les nageurs étaient très bons, mais qu’il fallait penser aussi à leur insertion à l’issue de leur carrière, mettre en place des passerelles avec le monde scolaire, collèges, lycées, établissements supérieurs ». C’est ainsi que depuis 2013, les nageurs bénéficient d’un dispositif créé avec deux autres partenaires du CNM, la Cepac et le fonds d’investissement Connect Pro. 2018, synonyme de reconduction de ce protocole d’accord pour trois nouvelles années, inclut une petite nouveauté. Les équipes de Water Polo, qui ne déméritent pas non plus et ont cumulé quelque 37 titres de championnes de France, vont désormais elles aussi bénéficier de ce même accompagnement. «Ils sont généralement noyés dans la masse, puisque ce sport est moins médiatisé. Pour eux, la reconversion est encore moins évidente… Donc le dispositif devrait leur être profitable», observe encore Paul Leccia.
Un parcours en trois étapes
Bien sûr, rien n’est imposé, tout se fait sur la base du volontariat. «Suivre ce cursus, c’est essentiellement une démarche qui vient des athlètes. Ça les responsabilise vis-à-vis des trois entités qui sont derrière le dispositif, il s’agit d’un engagement. Et s’ils y adhèrent, ce parcours se structure en trois étapes», explique Franck Paoli, président de Connect Pro. «Pendant la carrière tout d’abord, nous formons les sportifs et nous les sensibilisons à l’entreprise et à ses métiers. Ils suivent également tout un cursus d’anglais. Ensuite, quand on approche de la fin de leur vie sportive, on les aide à y voir clair sur ce qu’ils veulent faire, notamment grâce à la réalisation d’un bilan de compétences. Enfin, dernier palier, nous les aidons à avoir un point de chute dans l’entreprise. Cela passe bien sûr par des études». Il s’agit souvent d’alternance, mais pas que. L’idée étant de trouver avec ces jeunes le domaine dans lequel ils souhaitent s’incarner. Bien souvent, il s’agit de tertiaire, et de métiers de services. «Généralement, ceux de la banque, des assurances, de la gestion, de la communication, mais aussi parfois ceux du design et de la mode». Ainsi le champion olympique et ancien capitaine de l’équipe de France de natation Fabien Gilot peut-il se prévaloir par exemple d’une reconversion réussie au sein d’Axa Assurances, en possédant à son actif (avec son associé l’ancien rugbyman Julien Delalande) trois agences, à Marseille, Paris et Toulouse. A présent, il espère œuvrer à dupliquer le modèle mis en place au CNM à l’échelle de la France entière, fort de son statut de Président du conseil national du sport au Ministère éponyme.
La commission Ambition Capital dans le dispositif ?
Outre Fabien Gilot, pas moins de 28 nageurs ont bénéficié de ce dispositif depuis 2013, «et une dizaine parmi eux a pu se reconvertir», avance Franck Paoli. Avec son élargissement aux poloïstes, il pourrait donc toucher encore plus de sportifs… d’autant que face à eux, d’autres acteurs entrepreneurs pourraient bien répondre présent, explique Franck Paoli. «La Commission Ambition Capital de la Cefim devrait nous rejoindre. Cela représente une centaine d’entreprises, ce qui peut être utile si nos jeunes sportifs recherchent un stage». Quand ils ne les intègrent pas tout bonnement dans leurs effectifs salariaux. C’est ce que fait la Cepac, plutôt friande de ce type de profil, explique Joël Chassard, président du directoire de l’établissement bancaire : «Avec ces jeunes sportifs de haut niveau, nous cultivons des valeurs en commun : l’engagement, la volonté, le dépassement de soi, la performance… Nous cherchons des collaborateurs qui cumulent ces vertus, car le savoir-être, c’est important ».
Carole PAYRAU