Marseille. Un assassinat par semaine depuis janvier : des familles de victimes lancent un appel à l’aide

Publié le 4 avril 2023 à  15h59 - Dernière mise à  jour le 6 juin 2023 à  20h13

La série noire se poursuit dans les cités marseillaises. Après un nombre record de 33 morts liés au trafic de drogue l’an passé, 2023 pourrait bien dépasser ces chiffres. 14 victimes ont déjà été dénombrées depuis janvier. Une personne tombe sous les balles chaque semaine à Marseille. Un engrenage infernal entre deux bandes de narco-trafiquants dont les victimes sont souvent les plus jeunes. Voilà quelques mois on liait ces assassinats au travail de sape que faisait la police en direction des trafics mais cette justification ne semble plus d’actualité. Habitants et association n’en peuvent plus et appellent à l’aide.

Des familles de victimes  demandent justice et des renforts de police pour stopper la mort d'enfants  (Photo Joël Barcy)
Des familles de victimes demandent justice et des renforts de police pour stopper la mort d’enfants (Photo Joël Barcy)

3 morts et huit blessés en une seule nuit

Kalachnikov dans les cités, pistolet dans le centre-ville, les trois fusillades de cette fin de week-end ont généré le plus lourd bilan depuis le début de l’année : 3 morts et 8 blessés en une petite heure. Des tueurs à bord d’une Clio ont ouvert le feu au Castellas (15e) provoquant deux morts. Ils ont poursuivi leurs actes criminels dans la cité des Aygalades (15e) et fait 6 blessés. Parallèlement à la Joliette, à deux pas de la sortie du métro, 3 adolescents ont eux-aussi été victimes de tirs devant un snack. L’un, âgé de 16 ans, a été abattu à l’arme de poing. Les deux autres ont 15 et 14 ans. Le premier est toujours entre la vie et la mort «son pronostic vital est très engagé», selon la procureure de la République Dominique Laurens. Le troisième est plus légèrement blessé. Ce bain de sang obéit à une double logique selon la procureure: «Une logique de contrôle territorial et une logique de vendetta, de représailles». Les plans de drogues peuvent rapporter jusqu’à 100 000 euros par jour.

« Le phénomène est hors de contrôle »

« Cela fait un an qu’en tant qu’association de familles de victimes on se bat, on réclame plus de moyens en matière de police et de justice», s’indigne Karima Meziene, avocate et membre du collectif de familles de victimes Alehan. «Aujourd’hui, la situation est hors de contrôle, il faut un plan d’action efficace pas juste un petit renfort de police. On a encore de nombreux classements sans suite des dossiers or des adolescents de plus en plus jeunes sont tués dans toutes les cités. Ce n’est pas digne d’un État de droit». Pour Karima Meziene il faut nettement «renforcer le pôle police-justice, créer une cellule ou un appel d’urgence que les jeunes qui se sentent menacés puissent contacter et qu’on les sorte des réseaux». [(

Karima Meziene

)]

Un climat de peur

«Les gens des cités restent cloîtrés chez eux, n’osent plus sortir de peur d’être victimes d’une balle perdue», dénonce en colère, Laeticia Linon, membre du collectif des familles de victimes. Pour elle, la CRS 8 envoyée quelques semaines par le ministre de l’Intérieur en début d’année «n’a pas résolu les problèmes, c’est pire qu’avant». Et de lister ce qu’il conviendrait de faire depuis un moment «Il faut des peines exemplaires pour les assassins mais aussi une présence plus accrue des élus, que les quartiers soient dotés de plus de moyens, de plus de structures pour prendre en charge les jeunes». Et d’enchaîner: «On parle de vies humaines là on ne parle pas de simples vols. Il y a des morts, des blessés graves. A chaque fois que l’on voit ça à la télé cela nous replonge dans les drames qu’on a vécus». [(

Laeticia Linon

)] Ce lundi Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a annoncé « le déploiement de forces de l’ordre supplémentaires dont la CRS 8, une unité spécialisée dans les violences urbaines afin de renforcer l’action résolue de la police ». Fin février la CRS 8 avait déjà investi la cité de La Paternelle (14e) avant de repartir une fois les choses calmées. Selon Gérald Darmanin quatre personnes ont déjà été interpellées après cette série de règlements de compte. Reportage Joël BARCY

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