La chaîne du logement est grippée selon les acteurs du secteur qui dressaient le bilan 2022. Les besoins en logements neufs sont criants, les demandes de locations aussi, 100 000 demandes sont en attente dans le logement social dans la métropole. Et le ciel ne semble pas près de s’éclaircir avec des ventes en baisse et donc très peu de roulement en matière de logement.
« On est dans le mur »
Arnaud Bastide, Le nouveau président de l’observatoire immobilier de Provence (OIP), n’y va pas par quatre chemins pour décrire la situation: «On a du logement neuf en chute libre. Logiquement le stock est à un an, là on est à trois mois. Le taux de roulement en matière de location est au plus bas. Cela fait plusieurs années que l’on dit qu’on va dans le mur et là on y est». Pour lui : «Ce n’est plus un sujet uniquement pour nos entreprises mais pour les citoyens. Là on va vers deux années très compliquées. On connaît le nombre de permis de construire qui a été délivré. Il est faible donc tout va se gripper. Pas de neuf disponible signifie que les habitants vont rester plus longtemps en location d’où un embouteillage dans ce secteur. C’est une réaction en chaîne». [(
Arnaud Bastide
<video45084|center>)]
Baisse de 20 à 30% dans la construction
Toutes prévisions bâties voilà un an et demi ont été démenties, selon Philippe Deveau, représentant la Fédération du bâtiment 13. «On imaginait que 2022 serait une belle année, que 2023 serait une belle année et que 2024 irait bien mais actuellement ces prévisions sont totalement remises en causes. Le logement n’ira pas beaucoup mieux d’ici trois ans. Il y a beaucoup d’inertie dans le bâtiment et la construction neuve ne repartira pas de suite. On a un espoir dans la rénovation si les gens ont encore les moyens d’investir». Philippe Deveau reconnaît que le secteur a connu une belle année en 2022 mais «il ne faudrait pas que les pouvoirs publics notamment prennent cela pour un acquis et ne prennent pas de mesures pour relancer la construction». [(
Philippe Deveau
<video45085|center>)]
2022, des ventes exceptionnelles mais…
Dans les Bouches-du-Rhône le volume des ventes, appartements et maisons confondus, a progressé de près de 44% en 2022 mais les transactions sont très contrastées. «On a eu un premier semestre exceptionnel avec énormément de signatures et un second nettement moins performant», indique Carole Bataillard de la chambre des notaires des Bouches-du-Rhône. La hausse des taux d’intérêt a généré nombre de refus de prêts de la part des banques. De surcroît « le taux d’endettement à 35% est appliqué de façon stricte et la situation professionnelle est énormément prise en compte», note Carole Bataillard. Quelle situation en 2023 ? «La baisse des transactions va se poursuivre dans le neuf et l’ancien et on devrait noter une baisse des prix car les banques ont fermé les robinets». [(
Carole Bataillard
<video45086|center>)]
SOS logement social
Corollaire de cette réduction des ventes c’est «une forte inflation du nombre de demandeurs de logement social. Il est passé de 90 000 à 100 000 logements sur la métropole», constate Robin Hamadi, directeur de l’Agence régionale des organismes HLM Paca-Corse. Les raisons ? «Les locataires ne quittent plus leur logement en raison des prix pratiqués mais aussi au refus de prêt de leur banque pour accéder à la propriété». La situation risque de devenir très critique «les années précédentes le taux de rotation était de 7 à 8% là il est inférieur à 5% et cela ne permet pas d’absorber une demande de logements grandissante». [(
Robin Hamadi
robin_hamadi.mp4)] Face aux difficultés à se loger, Marseille et la métropole pourraient, comme la ville de Bayonne, voir des manifestations dénonçant l’impossibilité de se loger dans la cité phocéenne. Reportage Joël BARCY
Documents joints