Publié le 12 avril 2023 à 9h00 - Dernière mise à jour le 6 juin 2023 à 19h37
Ayant beaucoup faim, Monsieur Crocodile qui n’a plus rien à manger qu’un vieux bout de saucisson sans pain ni confiture part à la recherche d’un animal à dévorer. Quelqu’un à manger de manière gloutonne ce n’est pas si simple car dans la jungle on ne peut pas se faire livrer et puis animaux ou êtres humains se défendent.
Après plusieurs échecs, Monsieur crocodile rencontre enfin un vulnérable cochon rose qui, malin, lui propose un marché : si le crocodile l’épargne, il s’engage à lui trouver des animaux comestibles. Il accepte. Le cochon, il pourra le manger, mais plus tard. Puis dans un bus qui l’emmène en ville il croise une petite fille qui va essayer de lui expliquer comment se comporter mais c’est tout de même bien compliqué pour un crocodile de ne pas manger les gens !
Signé Joann Sfar «Monsieur Crocodile a beaucoup faim» est une fable immorale et un conte pour enfants délurés, irrésistible et hilarant. Fable qui brasse avec légèreté et humour des sujets graves comme la défense de la planète, la souffrance animale, la nécessité de se nourrir correctement et le droit à la différence. Cette histoire de Joann Sfar est devenue un conte musical conçu par Marc-Olivier Dupin, qui a signé la partition originale et qui dirige des musiciens virtuoses.
Ce récit présenté en intégralité au Conservatoire d’Aix-en-Provence devant un public ébloui bénéficiait d’une lecture interprétative tout en nuances et humour du comédien Benoît Marchand. Sur l’écran défile les images et les bulles de la bande dessinée de Joann Sfar et on découvre alors la beauté absolue de son travail de créateur.
Intelligente la musique ne surligne pas l’histoire mais nous embarque ailleurs. Dans un monde onirique peuplé de gens dévorés et de dévoreurs d’enthousiasme. La projection des images loin d’affadir le propos suscitent le rêve. Un conte irrésistible «vrillé» où petits et grands trouvent leur compte : décalé, drôle et critique. Venus avec leurs parents Anita (CM2) et Arthur son frère (CE1) tous deux élèves à l’école des Floralies ont adoré et trouvé le spectacle drôle. Ils n’ont pas été impressionnés par la cruauté dont le crocodile fait preuve de temps en temps. Et s’ils n’ont pas versé de larmes de crocodiles of course « c’est parce qu’il y a de l’humour», ajoutent les parents heureux d’avoir pu partager avec eux ce moment artistique où il est dit au final «deux bagnards, une ivrognesse, un crocodile et une petite fille, vécurent heureux et mangèrent beaucoup de petits cochons.»
Jean-Rémi BARLAND