Publié le 30 octobre 2018 à 11h04 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h46
L’histoire est là, chaque jour un peu plus inquiétante, un peu plus lourde de menaces, la tragédie antisémite de Pittsburgh, deux noirs assassinés la même semaine aux Etats-Unis, toujours par un blanc, c’est aussi cette personne, 77 ans, contrainte de changer de place dans un avion de Ryanair parce que noire, la victoire du candidat d’extrême-droite à la présidentielle brésilienne… La question ne mérite même pas d’être posée sur comment va le monde…. il va mal. Ce qui donne encore plus de sens à l’initiative qui se déroulera le dimanche 4 novembre à Marseille. Ce jour-là, à partir de 9 heures, salle Vallier se tiendra la deuxième édition de «Marseillais unis dans l’amitié».
Cette manifestation, qui regroupe plus de 40 associations, verra des jeunes juifs, musulmans, chrétiens et laïques se retrouver autour du ballon rond. Avi Assouly lancera à ce propos : «Nous sommes tous unis dans la guerre contre le racisme et l’antisémitisme. Nous sommes tous républicains et amoureux de notre Ville». «« Si tu diffères de moi, loin de me léser, bien au contraire tu m’enrichis »: cette phrase d’Antoine de Saint-Exupéry je l’ai faite mienne» ajoute-t-il avant de donner la parole à des associations qui font le choix de participer à cette journée. Alain Sportouch, président du JSKB, rappelle: «L’an dernier plus de 1 000 personnes étaient présentes pour la première édition, réuni autour de notre parrain, l’acteur Moussa Masskri. Nous avions 14 équipes chacune composée d’enfants, de 10 à 13 ans, juifs, chrétiens, musulmans, laïques. J’espère que nous serons encore plus cette année». Le matin, place est donnée au foot tandis que l’après-midi s’invitent des démonstrations de kickboxing, handiboxe, zumba, capoeira, pom pom girls… Il reprend: «Et, au cours de la journée, nous ferons chanter La Marseillaise à tous les enfants». «Marseille est peut-être la seule ville de France à pouvoir organiser une telle manifestation», tient-il à souligner. Gentiane Piovanacci, association Worldmundo, va dans le même sens: «La spécificité de Marseille réside dans le fait qu’elle accueille des gens du monde entier qui garde leur culture tout en la mettant en partage, ce qui forge une culture commune». L’intervenante suivante évoque le travail associatif, au quotidien, dans les cités «pour lutter contre l’entre-soi». «Nous avons une vraie responsabilité auprès des enfants et, le 4, nous leur en mettrons plein les yeux et leur donnerons l’amour de l’Autre», se réjouit-elle. Khardiata N’diaye, association Passerelle se dit convaincue de la nécessité de travailler ensemble: «Une journée comme celle-là permet à nos enfants de grandir ensemble; de rester frères, de partir réconfortés». Pour le sportif Willy Saco, Mwaka Box Fit : «Le sport ne doit pas avoir de religions, de couleurs. J’adore cette initiative». Christian Robert, FFKMDA raconte pour sa part: «Je suis né en Algérie entre une mosquée, une église et une synagogue, meilleur moyen d’échapper au racisme et, lorsque mes parents sont venus en France, ils ont habité dans les quartiers Nord, à Marseille, autre façon d’échapper au racisme. Puis il y a notre sport, dur, dans lequel il ne peut être question de racisme. On se met sur la gueule mais, avant et après le combat, on se respecte». Linda Zoubir, cercle de réflexion Jean Jaurès insiste sur l’importance du triptyque sport, culture, éducation civique: «Nous aurons un stand où les enfants pourront dessiner Marianne telle qu’ils l’imaginent» «Nous sommes là, ajoute-t-elle, pour avancer vers un futur cohérent car juifs, catholiques, musulmans, laïques… nous sommes tous enfants de la République». Tandis que Mohamed Bousselmania insiste: «Il faut lutter contre la méconnaissance de l’Autre». Alors, Bruno Benjamin, le président du Crif Marseille-Provence, peut rappeler: «Il y a un an les communautés ne se parlaient plus, des murs se dressaient. Il fallait que cela cesse et reconstruire une relation afin de pouvoir se parler. C’est ce qui nous a conduits à prendre contact avec un grand nombre d’associations pour reconstruire des liens. Car, ce qui est en jeu c’est l’avenir de nos enfants, nos petits-enfants. Et, grâce à cela, la situation a évolué, on peut se dire des choses. On peut avoir des avis totalement divergents sur des sujets et échanger dans cette différence. On peut être pour tel ou tel camp mais être d’accord pour Marseille».
Michel CAIRE