Publié le 25 mai 2023 à 10h19 - Dernière mise à jour le 22 août 2023 à 10h37
Le cardinal Aveline, archevêque de Marseille vient de présenter un ouvrage qu’il vient de publier «Charles de Foucauld -Itinéraire de conversions » aux éditions Chemins de Dialogue.
un enfant du siècle avec ses doutes, ses faiblesses…
A partir des quatre conférences de Carême données par le cardinal Jean-Marc Aveline à Marseille en mars et avril 2022, ce dernier vient de publier «Charles de Foucauld -Itinéraire de conversions ». L’ouvrage comprend également la réédition du «Modèle unique», le seul texte spirituel de Charles de Foucauld que celui-ci avait souhaité voir publier.
Un travail accompli, précise le cardinal Aveline, «car je voulais approfondir les raisons qui font que le message de Charles de Foucauld peut nous interpeller nous qui ne sommes ni militaire ni hermite». Et d’évoquer une personnalité qui pourrait être un enfant du siècle avec ses doutes, ses faiblesses, dans un monde de tumulte.
Le 15 mai 2022, Charles de Foucauld a été canonisé par le pape François, plus d’un siècle après sa mort tragique au Sahara. L’Église a reconnu en lui un pèlerin qui, des décennies durant, a cherché la dernière place, «celle qu’avait prise son modèle unique, Jésus-Christ», souligne Mgr Aveline qui retrace la vie de Charles de Foucauld qui voit le jour en 1858 à Strasbourg.
A l’âge de 6 ans, il perd ses parents et sa grand-mère, il est élevé ainsi que sa sœur par son grand-père. «Sa scolarité est difficile. Il ne force pas. Il est envoyé chez les jésuites avant d’entrer à Saint-Cyr. Il aime la fête, il a de l’argent. Son grand-père meurt, il perd ses repaires, sa vie devient dissolue. Après Saint-Cyr il se retrouve en Algérie où il se révèle dans le commandement dans le Sud du pays». Sa mission achevée, il demande à repartir dans le Sud, on lui refuse, il démissionne de l’armée, reste en Algérie, commence à faire le projet d’explorer le Maroc. Pour y parvenir, il approfondit sa connaissance de l’arabe, doit se déguiser en rabbin pour entrer au Maroc.
Il apprend autant de la prière musulmane que de la prière juive
«L’expédition sera remarquable sur un plan scientifique et Charles de Foucauld, dans sa construction, apprend autant de la prière musulmane que de la prière juive, il apprend aussi du mépris subit par les Juifs. Des Musulmans découvrent qu’il n’est pas Juif, ils ne disent rien. Des Juifs découvrent qu’il n’est pas Juif et ne le dénoncent pas. Cela l’a profondément marqué. Ce voyage a été une exploration du Maroc mais surtout de lui-même », relate Mgr Aveline. Charles de Foucauld rentre en France, rencontre un prêtre dont il devient proche. Il écrit: «Mon Dieu si tu existes fait que je te connaisse». Il part en Terre Sainte, revient, à la foi, entre au monastère, doute, retrouve la foi, est ordonné prêtre en 1901, décide de s’installer à Tamanrasset en 1905, personne ne le rejoint, il écrit: «J’avais tout pour réussir sauf moi-même».
La guerre de 14-18 arrive, «il demande à aller sur le front, l’armée refuse et il construit un fortin dans lequel il est piégé, gardé par un gamin affolé qui le tue». Mgr Aveline considère : «Charles de Foucauld nous interpelle parce qu’il n’a jamais compris le sens de sa vocation. La vocation c’est quelque chose de dynamique. On peut faire des choix de vie mais ce n’est qu’à la fin que l’on voit sa vocation. Charles de Foucauld nous renseigne sur sa vocation et sur la vocation de l’Église à être catholique. La catholicité c’est un appel. La catholicité de l’Église n’est pas proportionnelle à son territoire, à l’étendu de sa surface sociale». Et il conclut en évoquant une catholicité de l’amitié et de l’abandon.
Michel CAIRE
«Charles de Foucauld -Itinéraire de conversions» paru aux Éditions Chemins de Dialogue – 15€