Publié le 6 novembre 2018 à 11h40 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 19h09
Il devrait jouer les effets levier dans la mise en œuvre du French Smartport in Med… Le Smartport Challenge, lancé le 10 octobre par le GPMM, la CCI Marseille Provence et l’AMU, avec le soutien de la Préfecture des Bouches-du-Rhône, de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la Métropole Aix-Marseille Provence, va permettre aux start-up locales de s’illustrer dans sept défis proposés par les donneurs d’ordre du territoire.
Ils sont sept donneurs d’ordre influents sur le territoire de Marseille-Provence, ils proposent chacun un défi à même de contribuer à l’émergence du French Smartport in Med. Ce dernier, né de la volonté du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM), de la CCI Marseille Provence et d’Aix-Marseille Université de construire le port du futur, entend se bâtir à la faveur d’initiatives sollicitant l’ensemble du cluster portuaire in situ, comme autant de «leviers de réussite». Le Smartport Challenge, lancé le 3 octobre dernier, en est incontestablement un… Et dès le 10, on entrait dans le concret avec les pitchs de ces sept acteurs majeurs venus exposer leurs problématiques, leurs enjeux et de fait leurs objectifs aux start-up du territoire. Leur nom : Naval Group, Hammerson, La Méridionale, EDF Provence-Alpes-Côte d’Azur, Interxion, CMA-CGM et bien sûr le GPMM. Sept défis en cohésion les uns avec les autres, et un programme d’innovation ouverte qui concourent donc au final à un but : la co-construction de ce port du futur. Les besoins de ces donneurs d’ordre ? Ils ont trait à la logistique portuaire, à l’amélioration des performances énergétique et économique ou encore au numérique. Mais au-delà de ces requêtes, la construction du Smartport méditerranéen permettrait aussi de «créer de nouvelles sources de valeur et d’emploi en particulier dans le secteur du numérique, de renforcer les relations et les interactions entre le port et le territoire métropolitain, de promouvoir la place portuaire et de contribuer à la différenciation de Marseille Fos, notamment en Méditerranée», appuie-t-on au sein de la CCIMP. En Méditerranée, mais pas seulement… Les institutions du Havre elles aussi sont entrées dans la danse, en lançant le programme «Smartport City» et entendent, tout comme la cité phocéenne, rejoindre leurs homologues d’Europe du Nord, engagés depuis plus longue date dans la voie de la disruption.
Tendre vers l’excellence
Ainsi, la mise en œuvre des solutions innovantes retenues dans le cadre de ce Smartport Challenge devrait «enrichir un écosystème déjà présent, mixant projets industriels, investissements et programmes de recherche»… Parmi ces derniers bien sûr, la forme 10 pour la réparation navale industrielle, le projet Piicto, la structuration d’une filière éolienne offshore nommée EOOS ou encore, le programme de recherche Girel (Gestion des Infrastructures pour la Réhabilitation Écologique du Littoral)… Mais il faut continuer à tendre vers l’excellence. Pour ce faire, il s’agit de fluidifier les trafics par le biais d’une «logistique intelligente, digitalisée et dématérialisée». Les besoins se portent donc vers des systèmes de gestion plus performants, s’appuyant sur les technologies numériques. Et pour cause : côté indicateurs, c’est mention peut mieux faire. En 2017, on comptait en effet quatre jours de temps de passage des conteneurs à l’import, 29 conteneurs par portique à l’heure et 17% seulement de report modal de la route vers le fer et le fleuve, toujours pour les conteneurs… Autre nécessité, verdir le GPMM ! Cela signifie notamment poursuivre les efforts déjà amorcés en termes de branchements à quai auprès des compagnies La Méridionale et très prochainement, Corsica Linéa -mais le buzz provoqué par le non équipement en la matière du nouveau terminal ferries du Cap Janet montre que la route vers une meilleure performance énergétique est longue…- En 2017, trois navires étaient équipés pour le branchement à quai, les premiers tests ont été réalisés en termes de motorisation GNL, ou encore de recyclage et de réduction de CO2 (le projet Vasco 2)… Il s’agit aussi de booster la capacité du GPMM à produire énergies renouvelables (114 MW en 2017) et hydrogène (plus de 10 000 tonnes par an via l’entreprise Kem One)…
Capteurs, éco-calculateurs et autres «smart grid»
Ainsi le GPMM, soucieux de la question de la réduction des émissions de gaz à effet de serre relatives au transport de fret, propose-t-il aux start-up un premier challenge : la création d’un éco-calculateur, afin de quantifier l’empreinte carbone d’un conteneur, en fonction de son trajet. Les six autres donneurs d’ordre ont également exposé leurs besoins, le 10 octobre dernier. Ceux de Naval Group se portent spécifiquement sur la cybersécurité, avec la volonté de création d’un outil dédié, à même de s’adapter à tous les terminaux. Le groupe Hammerson, quant à lui, serait preneur de solutions, panneaux d’indications, objets connectés, applications ayant trait à informer les passagers des ferries et des croisières au sein même du centre commercial des Terrasses du Port. La CMA-CGM recherche de son côté de nouvelles solutions numériques permettant d’optimiser la gestion de ses opérations, via échanges de données en temps réel entre les divers acteurs portuaires. L’idée : gagner en réactivité, notamment en cas d’aléas, tels les pannes ou le retard d’un porte-conteneur. Pour la Compagnie Maritime La Méridionale, la problématique soulevée réside dans la gestion des remorques à quai. Elle est en effet en quête d’une innovation permettant aux transporteurs de géolocaliser les remorques dans le port sans perdre de temps. Il y a aussi Interxion, évoquant la nécessité de concevoir un capteur low cost d’usure des batteries alimentant les serveurs en cas de coupure du réseau, le temps que les groupes électrogènes ne reprennent le flambeau… Enfin, EDF a choisi de se focaliser sur la connexion à quai des navires, avec la volonté de faire entrer les énergies renouvelables dans le circuit d’alimentation de ces derniers. Ne reste donc plus qu’à concourir, pour les jeunes pousses du territoire. Concrètement, les start-up sont ainsi invitées à déposer leur candidature jusqu’à la fin du mois de novembre. Les sept lauréats sortis victorieux du challenge, récompensés chacun par une dotation de 15K€, se lanceront ensuite dans une phase d’expérimentation début 2019 à thecamp, pour une durée de 3 mois. Ils seront accompagnés tout au long de ce processus. Le challenge se clôturera en mai 2019 par un Smart Port Day, lors duquel seront dévoilées les innovations portées par les heureux sélectionnés.
Carole PAYRAU
Plus d’info: lefrenchsmartportinmed.com