Publié le 4 juin 2023 à 18h33 - Dernière mise à jour le 8 juillet 2023 à 16h31
«Finie la galère, trouver un métier qui va vous plaire». La campagne menée de concert par Pôle emploi et les missions locales a un vrai impact. Lancée en mars 2022, elle a déjà abouti à la signature de près de 35 000 CEJ (Contrat engament jeunes) en Provence-Alpes-Côte d’Azur. C’est au sein de la mission locale de Marseille que le 8 000e contrat depuis le début de l’année 2023 a été signé.
Se remettre sur les rails
Vous êtes jeunes, un peu perdus, issus des quartiers en difficulté, le CEJ est pour vous. Ce dispositif prévoit un accompagnement intensif de 15 à 20 heures hebdomadaires et une allocation pouvant aller jusqu’à 520 euros par mois. Le but est l’insertion socio-professionnelle durable des bénéficiaires. Amiar Ferdous a 20 ans. Elle a signé, toute émue, son CEJ avec le préfet et la présidente de la mission locale. «Je suis très honorée d’être là avec toutes ces personnes et surtout ma conseillère qui m’a aidée, m’a boostée», confie Amiar. «Pour m’assurer un avenir, j’ai fait un bac scientifique, puis un BTS informatique mais je me suis vite rendue compte que je faisais fausse route et comme je n’ai pas trouvé d’entreprise pour mon alternance j’ai arrêté l’école. Là je vais avoir tous les éléments pour réaliser mon rêve : créer mon entreprise».
Un dispositif « sans précédent »
Un dispositif pour insérer les jeunes dans le monde du travail ce n’est pas nouveau mais cette fois, «ce qui change c’est l’accompagnement intensif des jeunes, 15 à 20 heures par semaine c’est du jamais vu», selon Jean-Philippe Berlemont, directeur régional de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets). «Ce qui est visé c’est l’insertion professionnelle des jeunes en leur apportant toute l’aide voulue avec de la formation, de l’immersion en entreprise. C’est un dispositif exemplaire car on a atteint notre objectif quantitativement et surtout qualitativement. Ce sont les jeunes les plus éloignés de l’emploi et des dispositifs d’insertion que l’on a touchés, des jeunes des quartiers de la politique de la ville, des jeunes non qualifiés. On n’est pas passés à côté de la cible». Reste ceux qui ne fréquentent ni les missions locales, ni pôle emploi. « Il faudra maintenant aller au-devant d’eux», estime Jean-Philippe Berlemont.
On était perdues
Pour les trois jeunes femmes présentes pour témoigner, le CEJ c’est une bouée de sauvetage et un sésame. Malika Sekrane a obtenu un contrat de professionnalisation chez Onet pour s’occuper des personnes à mobilité réduite à l’aéroport de Marignane. Pour elle le CEJ «ouvre de grandes portes, il nous fait grandir, entrer dans le monde du travail, il nous offre une chance. Quand on vient d’un quartier défavorisé, on est perdues, peu de gens sont là pour nous aider.» Avec ce premier contrat chez Onet l’avenir se profile bien «je me vois progresser, là je suis agent peut-être qu’ensuite je serais leader et ensuite chef». Nedjoua Doumi cherchait aussi sa voie. Avec le CEJ elle a trouvé une alternance et une l’école. Elle compte poursuivre ses études «pour trouver un boulot et ensuite créer mon entreprise».
Affronter la pénurie de main-d’œuvre
Ces CEJ tombent à point nommé pour les entreprises en mal de main d’œuvre. C’est le cas de la société d’ingénierie et de services Onet. «On a intégré ce dispositif pour faire fae à nos besoins notamment sur l’aéroport Marseille Provence», indique Marc Corazzini, responsable de l’assistance aux personnes à mobilité réduite. «C’est vrai que c’est un canal de recrutement qui sort des sentiers battus avec des jeunes qui n’ont pas d’expérience. Malika fait partie des personnes qu’on a retenues avec un contrat de professionnalisation sur 6 mois qui débouchera certainement sur un CDI pour bon nombre d’entre elles. Le retour est très positif, les jeunes sont très motivés et sont au rendez-vous».
Depuis le début de l’année plus de 8 000 CEJ ont déjà été conclus.
Reportage Joël BARCY