Publié le 1 juillet 2023 à 12h08 - Dernière mise à jour le 8 juillet 2023 à 11h25
Un campus du numérique pour 3 000 étudiants ouvrira en septembre 2025 sur Euromed 2. Baptisé «La Plateforme», il permettra sur 25 000 m² de former des étudiants du Bac à Bac + 6. «C’est une revanche, une sorte de résilience urbaine», approuve Jean-Noël Barrot, le ministre délégué à la transition numérique, qui découvrait le futur site sur cette friche industrielle d’Euromed 2
« Lutter contre le « C’est pas pour nous »»
Samia Ghali, maire-adjointe chargée des projets structurants, voit d’un très bon œil l’arrivée de ce campus du numérique dans le 15e arrondissement. «Cette école est ouverte à tous, elle va permettre de lutter contre cette phrase qu’on entend souvent chez les jeunes des quartiers : « C’est pas pour nous ». Les jeunes des cités baignent dans le numérique, c’est leur premier biberon mais ils ne se projettent pas, ne le voient pas comme un métier d’avenir. Il faut leur faire connaître ».
Cyril Zimmermann, sérial entrepreneur de l’économie du numérique, a voulu donner du sens au business. Il a lancé «La Plateforme» en 2019 dans le 2e arrondissement de Marseille. Il a été appuyé par le Top 20 réunissant les plus grandes entreprises de la Métropole et les pouvoirs publics. «Je voulais ouvrir une grande école pour tous. Les métiers du numérique sont très carencés en France. Cela répondait à un besoin. Je voulais aussi que la structure ait un objectif et un impact social tout en ayant le moteur économique d’une société. C’est un équilibre assez ténu mais on le tient».
A la question voilà cinq ans, pensiez-vous pouvoir créer ce campus à terme ? Il répondra: «En chef d’entreprise je vous dirai oui bien sûr mais, en fait non absolument pas. C’était un pari un peu fou mais tout le monde a suivi et en 2025 on aura ce vaste campus avec des formations diversifiées ».
Des étudiants de tous horizons
De 50 élèves la première année, l’école passera à 1 000 à la rentrée prochaine puis 3 000 sur le campus méditerranéen. Les offres de formation vont de développeurs informatiques à spécialistes en intelligence artificielle (IA) en passant par experts en cybersécurité. Les étudiants rencontrés ont des parcours très différents. Sophie Graff-Paillé vendait des dragées depuis plusieurs années, «J’ai fait peu d’études mais j’ai toujours travaillé», confesse-t-elle. «La Plateforme c’est une réelle opportunité. On peut accéder à nos rêves. Je vais faire une formation de DPO, déléguée à la protection des données. C’est un métier d’avenir qui m’intéresse beaucoup. C’est important les données, il faut les protéger». Johan Bouguermouh, était moins éloigné du secteur, il était graphiste puis a commencé une formation de web développeur à la Plateforme. Il est aujourd’hui en master. « La Plateforme nous prépare à des métiers qui, historiquement sont réservés à des techniciens des grandes écoles et des ingénieurs, tout en gardant une approche pragmatique du métier. Grâce à ça on est « bankable ». Je suis directement employable et je peux être utile à mon entreprise. On l’a vu lors de mon alternance». Morgan Maréchal était professeur documentaliste, «cela fait plusieurs années que je voulais me reconvertir dans le développement web. Là en septembre je vais commencer mon alternance».
« Un accélérateur de talents »
Jean-Noël Barrot reconnaît que Cyril Zimmermann «s’est lancé dans un parcours du combattant en créant ce campus. Mais c’est un accélérateur de talents formidable. On a besoin de former deux fois plus de jeunes et moins jeunes aux métiers du numérique. C’est une passerelle et un tremplin pour les jeunes qui ne connaissaient pas le numérique. Aujourd’hui Il y a encore trop peu de femmes, trop peu de profils issus de la diversité dans le numérique. La Plateforme permet un brassage plus important et c’est nécessaire dans un souci de justice mais aussi d’efficacité économique et de compétitivité».
Étape par étape
Le projet de campus a germé assez rapidement. Dès 2020 Cyril Zimmermann l’a envisagé. «L’école a rapidement trouvé son utilité. Elle a réussi à former des publics très diversifiés avec des niveaux reconnus par les entreprises qui les ont eus en alternants ou les ont embauchés, alors on a pu franchir des étapes et trouver de nouveaux partenaires. C’est une grande fierté, une étape différente de ma vie professionnelle, c’est un projet à impact. On travaille en collectif avec des équipes qui grossissent parce que le projet les motive».
Un campus écolo
Réhabilitation et construction iront de pair dans ce campus. «Un impératif va nous guider: les accords de Paris en matière environnement», indique Olivier Noblecourt, directeur de l’investissement local pour la société Meridiam. « Il sera donc très performant en matière énergétique mais sera aussi un ensemble inclusif avec des tiers lieux, des espaces de coworking, des cinémas. L’idée c’est que le campus soit connecté à la ville».
Début des travaux au mois de septembre prochain et ouverture à la rentrée 2025 avec une ambition : former des étudiants capables de nourrir les besoins du numérique de la région.
Reportage Joël Barcy